mardi 30 septembre 2008

Flagstaff

Avant tout, voici encore quelques photos du Grand Canyon.






Sur celle-ci, on voit le Colorado! Il n'est pas visible de partout, loin de là. Le canyon est tellement profond que le fleuve est la plupart du temps dissimulé entre les pierres.Ces deux-là ont été prises dans le bus qui m'emmenait de l'hôtel de luxe dont j'avais squatté le wifi jusqu'à ma voiture. C'est la vitre que j'ai photographiée, et vous arrivez peut-être à lire un bout de la date: "september 28, 2008".
A l'endroit, cette fois.
Et là, c'est proche de ma voiture. Il n'y a que très peu de lumières dans les parcs nationaux, et même dans les villes américaines. C'est déroutant de se retrouver dans le noir... Sans ma lampe frontale, j'aurais été incapable de retrouver la voiture, et je ne parle même pas du camping, totalement plongé dans l'obscurité. Intéressante expérience...




J'ai encore roulé quelques miles depuis le Grand Canyon, et ai finalement rendu ma voiture, qui affichait 2834 miles au compteur...ce qui fait quand même 4560 km. Là c'est bon, je crois que j'ai assez conduit en deux semaines pour les dix prochaines années!

Je suis donc arrivée lundi à Flagstaff, Arizona. J'avais choisi ce point de chute pour rendre la voiture parce que c'était proche du Grand Canyon, mais c'est une ville sans intérêt particulier. Enfin il fait beau, la ville est plutôt sympa, et surtout l'auberge où je suis descendue fait partie de celles qui ont définitivement une âme: raison suffisante pour passer ici une nuit de plus que prévu avant de foncer vers le Mexique.

Le premier soir, j'ai passé deux heures à discuter dans la cuisine avec Leslie, qui vit à Los Angeles et vient de traverser son pays pendant deux mois. Sur la photo, elle a tenu à faire Américaine, d'où le signe de la victoire en plus de la casquette. Nous voulions une bouteille de coca, mais n'en avons pas trouvé, et du coup elle a au moins caché la bouteille d'eau qu'elle tenait à la main...ça n'aurait pas cadré avec le cliché.Bon sang ce que ça fait du bien de simplement parler à un être humain! Elle et moi sommes tombées d'accord: on adore les auberges. Nous étions toutes deux dans cette cuisine, que quant à moi je venais de découvrir seulement quelques minutes auparavant, à cuisiner avec des ustensiles auxquels nous n'étions pas accoutumées, à boire du thé dans des mugs qui n'étaient pas à nous, mais nous nous sentions simplement à notre place, comme si nous avions toujours vécu là. Elle m'a raconté qu'elle avait par contre besoin d'un peu d'intimité de temps en temps et louait parfois une chambre d'hôtel. De plus, elle ne se sent pas toujours à sa place dans les auberges et préfère dorénavant visiter avant de se décider. Pas moi. Je réserve souvent au hasard, et tant pis si l'auberge est juste correcte, sans plus; et je ne me sens définitivement pas à ma place dans les chambres de motel. Nous nous sommes raconté nos voyages respectifs, et Leslie a ouvert de grands yeux lorsque je lui ai expliqué qu'il m'était arrivé plus d'une fois de simplement arrêter la voiture au bord de la route, en pleine nuit, pour soulager ma vessie. Expérience étrange: moi, un silence parfait, la nuit d'un noir d'encre et les phares de la voiture... Elle ne pourrait pas. Une fois, elle a tourné en rond pendant plus d'une heure, sur le point d'exploser tellement elle avait besoin de pisser, mais elle n'a pas voulu s'arrêter dans une station service, surtout de nuit. D'ailleurs, elle a toujours évité de conduire de nuit, et me trouve très courageuse. Ah bon...? Discuter avec elle m'a permis de constater que nous n'avons pas tous les mêmes limites. Pour elle, traverser les USA en voiture est déjà un grand pas, elle n'oserait certainement pas aller au Mexique comme moi. Pourtant, je ne crois pas être inconsciente... Mais peut-être suis-je simplement plus forte qu'elle, après tout. Pourtant, "fort" est un mot trompeur: je ne parle pas de courage, ni même de résistance face à l'adversité, puisque je n'ai pas l'impression d'accomplir quelque chose de difficile. Simplement, ce voyage est dans mes cordes, je suis capable de le vivre comme je le fais, alors que d'autres ne le pourraient pas; de même, je suis sans doute incapable de voyager de manière plus rude, alors que d'autres le font sans se poser de questions.

Le lendemain, nous avons à nouveau passé plusieurs heures à discuter, et cette fois-ci pas seulement dans la cuisine! Nous avons évoqué les Etats-Unis, Bush, le Créationnisme et les problèmes environnementaux, et Leslie m'a fait part de ce qu'elle avait appris en traversant les US. Elle est née à NY et a déménagé à LA il y a quelques années, elle est donc habituée à ces grandes villes proche de l'océan où les gens ont l'esprit ouvert, et elle s'attendait à ce que le reste du pays, entre les côtes, corresponde au cliché que l'on en a: ils votent tous Bush, conduisent des 4x4 et bouffent du McDo devant la télé. Eh bien de manière surprenante, elle a découvert que certaines petites villes d'états paumés étaient plus avancés que LA en matière de recyclage et d'environnement. Il y a par exemple plus d'initiatives visant à encourager l'usage du vélo, ou des prix abordables pour le train. De même, le gaz naturel est disponible en de nombreux endroits et tout est fait pour encourager la population à recycler. En plus, les gens sont, selon Leslie, plutôt "normaux"; mais il paraîtrait que le sud-est, Texas inclus, est réellement différent, mais ni elle ni moi n'y sommes allées. J'ai en tout cas été forcée d'admettre que le pays n'est pas si attardé qu'il n'y paraît dans ce domaine, mais je continue à penser qu'il faudrait aller dans les campagnes pour vraiment se faire une image correcte des USA. Je n'ai pour l'instant rencontré aucun américain désirant voter pour McCain, mais c'est évident: je ne fréquente que les auberges, qui sont des lieux de rencontre pour les personnes qui voyagent et qui, donc, on l'esprit plutôt ouvert. Nous avons enchaîné sur ce pauvre Darwin qui doit se retourner dans sa tombe en constatant que certains états américains sont revenus en arrière et enseignent aux gosses que le Créationnisme est la seule vérité acceptable. Je ne sais pas comment lui le vit, mais moi ça me fait vraiment peur; Leslie n'était pas aussi pessimiste, elle pense qu'en tout cas deux tiers du pays est, de mainière générale, "ok". C'est sûr qu'il me faudrait passer bien plus de temps ici pour pouvoir prétendre connaître ce pays, je n'en ai eu qu'un trop petit aperçu.

J'ai également fait la connaissance d'un Sud Africain, dont je ne sais d'ailleurs même pas le prénom. Quand je l'ai rencontré, j'ai d'abord été persuadée qu'il était Néerlandais: grand, des cheveux très blonds et un drôle d'accent; mais non, il est "Africain de quatrième génération". Intéressant! J'ai pu ajouter un nouvel objet à ma collection d'accents anglophones. Ca sonne un peu British, mais moins posh peut-être, et un peu plus...euh...néerlandais, ma foi, ce qui n'est pas si absurde, étant donné que la plupart des blancs de ce pays - les Afrikaners - sont d'origine néerlandaise. Je n'ai du coup pas tout compris à ce qu'il me disait, mais nous avons réussi à avoir une conversation cohérente. Je lui ai demandé ce que c'était que d'être sud-africain, et il m'a répondu qu'il ne savait pas trop quoi me répondre: c'est comment, d'être suisse? Euh...bon, gagné. Pas facile d'expliquer son identité en quelques mots. Je me souviens vaguement d'avoir étudié l'Apartheid avec Mr Blancy, mon prof d'anglais au collège, nous avions lu des bouquins écrits par des Afrikaners (notamment "Jump!" de Nadine Gordimer, et "Waiting for the Barbarians", du récemment nobelisé J.M.Coetzee), et je me rappelle que la question de la ségrégation était cruciale jusqu'à la fin des années 80. Ce type m'a appris qu'en effet, la ségrégation avait continué d'exister, dans les faits, jusqu'en 93, mais que maintenant blancs et noirs vivent dans les mêmes quartiers. Par contre, ils ne se mélangent pas tellement, trop de haine subsiste... Les choses ont beaucoup changé là-bas depuis que le gouvernement a été rendu aux noirs. Lui, en tant qu'homme blanc, n'a que peu de chances de trouver un travail intéressant, m'a-t-il dit, en tout cas pas à l'Etat; il y a en effet des quotas qui réclament quelque chose comme 90 % de noirs aux postes clés, et ils engagent également en priorité des femmes: tout le contraire de chez nous, en somme...

J'ai également socialisé avec une Coréenne, une Tchèque et quatre Anglais: il n'y a aucun francophone ici, j'apprécie. C'est dommage, je commençais à vraiment me sentir à l'aise avec l'américain, à parler de façon fluide, et même a introduire des expressions typiques, des "dude", des "aaawesome" et des "I was like totally screwed, if y' know wh't I mean" à toutes les sauces.* Je sens que je pourrais apprendre très vite, et rapidement considérer cette langue comme la mienne...il faudra revenir passer quelques mois dans ce pays, un jour.

Dans quelques heures, je vais monter dans le Greyhound pour Chihuahua, sans même avoir visité le Museum of Northern Arizona, où se trouvent quelques merveilles navajos et hopis, ni même l'observatoire Lowell, d'où a été découverte Pluton - qui, rappelons-le, n'est plus une planète depuis 2 ans - en 1930. Je me suis contentée de courir et de lire dans les parcs de la ville, et de discuter à l'auberge....et j'en suis parfaitement satisfaite.

Voici quelques photos, que j'ai prises la plupart du temps dans la rue.
Celle-ci a été retouchée, j'ai accentué le contraste.
Je ne suis pas satisfaite de l'angle de prise de vue de ce tracteur, mais j'aurais dû mettre ma vie en danger pour la prendre de plus loin, étant donné que l'engin en question est situé au bord de la très fréquentée route 66. J'aime l'art, mais pas au point de risquer ma vie pour une belle photo, faut pas pousser! :)

Et un petit délire sur les panneaux. Ci-dessous, une enseigne de motel, pour moi absolument typique des USA.


Près de chaque passage piéton, dans les villes américaines, on trouve ce petit panneau d'explication. Les Américains sont vraiment des assistés...
Halloween est dans plus d'un mois, mais il y a déjà des décorations partout dans les magasins et devant les maisons... Ils vont bientôt sortir le sapin de Noël!




Et enfin, puisqu'il paraît que je ne poste pas assez de photo de moi, voici un autoportrait. Il s'agit d'un miroir, exposé dans une vitrine, sur lequel est écrit "be yourself": une invitation à la photo, en somme, à laquelle je ne pouvais que répondre en dégainant mon appareil.


* Private joke pour Sandra: je n'aurai malheureusement pas eu l'occasion de sortir un sonore "Screw you, Sean!!", comme Julia dans Nip/Tuck...

dimanche 28 septembre 2008

Le Grand Canyon

J'aurai passé deux nuits ici, dans un camping rustique situé juste après l'entrée du parc. Le premier après-midi, je n'ai fait que me promener le long du canyon; c'était rempli de monde, un peu chiant, mais c'est vrai que c'est beau.

Le soir, je me suis rendu compte que j'avais perdu mon portemonnaie... Angoisse pendant 12 heures, triturage de méninges insultes envers moi-même... Je vous passe les détails, mais autant dire que je n'avais plus rien à foutre du Grand Canyon. Heureusement, je l'ai retrouvé le lendemain matin, sur la place de parking que j'avais occupée la veille. Je ne sais pas comment il se fait que je sois si chanceuse, ni si crétine.
Du coup, le soleil brillait à nouveau pour moi, comme dans la pub Ricoré...c'est fou comme tout allait mieux, tout d'un coup. Je suis donc descendue sereine le long du sentier nommé "Bright Angel" (décidément, ils aiment les anges, dans les parcs nationaux...), au milieu d'une foule compacte. Ce sentier est le plus populaire du parc, il permet de se rendre jusqu'au fond du canyon; mais dans ce cas, il faut obtenir un permis pour y passer la nuit. Ma foi oui, c'est beau, mais c'est le genre de marche qui ne permet pas vraiment de voir les choses différemment que depuis le bord.

Voici les photos, dans le désordre parce que je n'ai pas le courage de les placer comme il faudrait.
En N/B, c'est sur le Rim Trail, le sentier qui, comme son nom l'indique, permet de longer le bord du canyon. Et oui, j'ai un gros trip avec les arbres et leurs ombres.








Et voici enfin le canyon. Je ne l'imaginais pas comme ça...

On trouve de ces avertissements partout. Beaucoup de gens surestiment leurs forces, 250 par an finissent à l'hôpital à cause de la chaleur, et certains meurent. Entre la chaleur et les falaises à pic où l'on risque de tomber, le canyon est dangereux en soi. Mais bizarrement, on y a parfaitement accès, alors que dans les shuttles, le chauffeur est tenu de dire "doors are closing" à chaque fois qu'il ferme les portes, histoire que personne ne soit blessé. Même de nuit, alors que j'étais la seule passagère d'un de ces bus, le chauffeur continuait à le dire à chaque arrêt, s'interrompant au milieu d'une phrase, et il m'a expliqué que c'était la loi. De même, les passagers n'ont pas le droit de se tenir près de la porte, ils doivent être à au moins 1m20, environ. Absurde paradoxe!

Ici encore, il faut être très prudent en conduisant, parce que ces mule deers ne sont absolument pas peureux. Ils n'accélèrent pas le pas quand une voiture s'approche, et c'est au conducteur de patienter. Ce beau mâle commendait tout un troupeau de femelles et de petits, et j'ai pu entendre son brâmement quand il les a appelées, un cri à mi-chemin entre une porte qui grince et un croassement...

Et encore le canyon. Le point noir est un corbeau, ils sont partout à mendier de la nourriture.



samedi 27 septembre 2008

Monument Valley + Canyon de Chelly

Après avoir quitté le Lazy Lizard, j'ai roulé plusieurs heures en direction de Monument Valley. Mais oui, vous savez, ces rochers rouges qu'on voit dans tous les westerns de John Ford... Bon, moi je n'en ai vu aucun, ça m'a plutôt rappelé "Welcome to Marlboro country". Monument Valley n'est pas un parc national, c'est un parc d'état géré par les Indiens: eh oui, il se situe en pleine réserve Navajo. Et des Navajos, il y en a partout! Dans le parc et sur les routes qui y mènent, il y a plein de stands de bijoux et d'artisanat: pas fous, ils ont bien compris qu'ils étaient à la mode! Le Routard dit que les Indiens ne regardent pas les gens dans les yeux quand ils parlent, mais je npai pas remarqué ça jusqu'à présent. Les hommes que j'ai rencontrés sont en général très joviaux, portent une longue tresse et un chapeau de cow boy; et les femmes sont souvent un peu grasses. Quoi qu'il en soit, j'ai renoncé à faire une marche - pas de plan - et me suis contentée de suivre la piste défoncée, plus faite pour un 4x4 que pour ma petite Honda, et suis repartie un peu blasée en me demandant ce que je foutais là.
Notez le côté artistique de l'empreinte de main dans la poussière...j'aurai fait des efforts de photos, même si le coeur n'y était pas!






Ensuite, direction de Canyon de Chelly, toujours en territoire Navajo. On prononce "Canyon di Ché", et c'est un dérivé hispano-anlgais du mot Tséyi', qui veut dire un truc genre rochers en navajo. Ce canyon est assez peu profond, mais très beau. Il est encore habité par des Indiens, qui vivent de la culture de leurs terres. Je n'ai pas pu y descendre parce que le jour tombait et que, surtout, il pleuvait et ventait plutôt fort. Dommage, parce qu'il y a quelque part des pétroglyphes faits il y a des centaines d'années par les Anasazis, un peuple éteint depuis sept siècles.

Ci-dessous, les points noirs sont des vaches, juste pour faire échelle en comparaison de mon pied.

Les chevaux se baladent en liberté sur la route, j'adore.
Bon, il y a une grosse goutte d'eau sur l'objectif...mais c'est beau.




Et sur la route, une enseigne qui m'a fait marrer...
J'ai ensuite roulé des heures dans le noir, et ai traversé la réserve Hopi, petite et enchâssée dans celle des Navajos. C'est dommage que je n'aie pas pu la voir de jour, il paraît que c'est beau et que les femmes ont des coiffures marrantes en forme d'oreilles de Mickey. Il n'y a malheureusement qu'un seul hôtel sur la réserve, et en plus il est interdit de prendre des photos...du coup j'ai tracé jusqu'à Tuba City, en terres navajos, où je me suis effondrée de fatigue dans un motel que j'ai mis du temps à trouver. Pas le courage, une fois de plus, de dormir dans la voiture, surtout que je n'aurais pas su où me parquer et me sentais crade. Comme quoi ma résistance au manque de confort est finalement assez basse... La chambre de motel, avec son canapé et sa télé, était bien trop grande pour moi et a achevé de couronner une journée entièrement "mais qu'est-ce que je fous là?!". Au moins le lit et la tranquillité m'ont permis de bien dormir... Les USA, c'est beau, mais vivement le Mexique et le couchsurfing!

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Genève, Genève, Switzerland