jeudi 30 avril 2009

La grippe porcine et moi

Votre envoyée spéciale au Mexique vous offre un témoignage inédit, de première main!

Il y a une bonne semaine, j'avais déjà vu quelques personnes porter un masque, dans la rue, à Aguascalientes, mais je m'étais simplement dit que c'était parce qu'is avaient le rhume et ne voulaient pas contaminer les autres. Ce week-end, je suis partie à Guadalajara, pour manifester contre la guerre en Ouganda, sans avoir entendu parler de rien. Là-bas, presque personne ne portait de masque, la ville est hors du foyer de l'infection. Et puis samedi soir, en pleine réunion, nous avons appris que la manifestation de Mexico City avait été annulée pour cause de grippe, une maladie différente de celle qu'on connaissait...ah, dommage. Dimanche soir, en montant dans le bus qui nous ramenait, Fer et moi, à Aguascalientes, nous avons reçu une feuille d'information sur la maladie ainsi qu'un masque protecteur; j'ai commencé à me dire que ça pouvait être vaguement sérieux, mais j'ai refusé le masque. Quelques minutes plus tard, Fer recevait un message lui annonçant que la feria de San Marcos avait été annulée. Quoi??! La feria, qui avait commencé une semaine auparavant et devait en durer deux de plus, est l'évènement le plus important de l'année à Aguascalientes, culturellement, financièrement, alcooliquement parlant et le pays entier y converge. On m'en rebattait les oreilles depuis que j'étais arrivée en novembre, et j'ai finalement pu à peine y jeter un coup d'oeil. Bon, ça devenait légèrement préoccupant, mais nous n'avons même pas songé qu'il devenait peu prudent de se faire la bise.

Depuis lors, les choses ont changé, la radio répète tous les quarts d'heure qu'il faut se laver les mains plusieurs fois par jour, qu'il ne faut toucher personnes, éternuer dans le creux de son coude ou, mieux, porter un masque de protection. Hier soir, j'ai finalement acheté un paquet de ces machins et ai commencé à les porter quand je sors, à l'instar d'un gros 90% de la population. La vie n'est pas aussi paralysée ici que dans la capitale, mais on voit tout de même moins de gens dans la rue et plus de boutiques fermées. Álvaro est content, il peut travailler chez lui parce qu'il possède un ordinateur de la société qui l'emploie, mais Fer, qui travaille dans la même boîte, est obligé d'y aller. Cafétéria fermée, désinfectant dans les canaux d'air conditionné, lavage frénétique des plans de travail et, évidemment, le petit masque est obligatoire. Quant à Noriko, avec qui je vis, elle est partie paniquée à l'hôpital avant-hier soir, parce qu'elle avait 38 de température et mal à la gorge. Elle fait partie de ces personnes - étonnemment j'en connais peu - qui cèdent à la psychose collective. Evidemment, elle est rentrée deux heures plus tard avec un diagnostique bénin, mais elle m'a expliqué qu'elle aurait eu des problèmes avec Nissan, qui l'emploie, si elle avait été malade. Hein?? "Oui, depuis vendredi ils nous ont défendu de sortir, mais moi je n'ai pas pu résister, je suis allée en boîte samedi soir, donc si je suis malade, c'est de ma faute, ils vont m'engueuler!". La situation est donc trop dangereuse pour qu'elle ait le droit d'aller au restaurant, dans un bar ou en boîte, mais pas assez pour qu'elle arrête de travailler...ben voyons. J'ai également eu des nouvelles de Pepe, qui était en semi-quarantaine chez lui parce qu'il avait passé son samedi avec des élèves du groupe de photo, dont deux ont été diagnostiqués malade par la suite. Ben heureusement que je n'étais pas à Aguas ce week-end-là... Je n'ai pas de nouvelles de ces personnes, mais Pepe a pu sortir hier de son enfermement après les 90 heures d'attentes réglementaires, il n'a rien.

Moi j'en suis à me demander s'il est prudent d'aller chez le coiffeur, mais j'ai plutôt tendance à rester désinvolte. Je n'ai par contre pas encore renoncé à aller m'acheter à manger, et je veille juste à éviter de sortir quand je suis victime d'une crise d'allergie avec éternuements et mouchage intensif, histoire d'éviter de me faire lyncher par la foule paniquée... Et égoïstement, je ne me préoccupe pas tellement de savoir si les gens meurent ou pas, je reste surtout attentive aux décisions concernant la liverté de mouvement. En particulier, j'attends de savoir si ma mère va pouvoir venir au Yucatan le 17, comme c'est prévu, et si cela vaudra la peine. J'ai également des projets à l'intérieur du pays et des amis à voir, mais j'attends de voir comment la situation évolue.

Bon, je ne vous en dirai pas plus, parce que je suis dans un cyber café - mon clavier n'a toujours pas été réparé, et d'ailleurs je ne sais même pas si le magasin d'informatique est encore ouvert - et je commence à réellement étouffer et mourir de chaud sous mon élégant petit masque. En plus l'ado qui tient le cyber passe en boucle depuis une heure le même clip R'n'B de deux pouffes dont je ne connais pas les noms, et ça commence à vraiment me taper sur les nerfs. Ah non, tiens, il vient de changer...c'est une autre pouffe, maintenant, ouééé.

Si je ne suis pas morte d'ici-là, vous aurez prochainement droit au compte-rendu du fiasco Invisible Children à Guadalajara, avec des photos en couleurs, à ne pas manquer! J'attends juste des photos indispensables prises par Fer, mais il a oublié le câble de son appareil photo là-bas, donc ça risque de prendre un peu de temps.

Et voici ma tronche quand je sors dans la rue. Incognito.

mardi 21 avril 2009

J avais pas mal de choses a ecrire, des reflexions interessantes, mais malheureusement mon clavier a rendu l ame il y a quelques jours. Serait-ce parce que j ai renverse un verre d eau sur mon pc...? Allez savoir. Quoi qu il en soit je deteeeeste ecrire sans accents, donc je vais faire dans le succinct jusqu'a ce que mon pc remarche.
Dernieres nouvelles:
Je suis partie de chez Alvaro et je n'ai pas envie d'expliquer pourquoi ni comment. Je vis maintenant chez Noriko, ma copine japonaise, dans une banlieue residentielle du sud de la ville, et j'y suis bien.
La feria de San Marcos, LA fete d'Aguascalientes, que tous les Mexicains connaissent, et dont on me rebat les oreilles depuis que je suis arrivee, a finalement commence, je posterai des photos. J'aime cette animation et j'en profite, mais j'ai deja l'impression de ne plus vivre ici et je regarde tout ca de loin. Il me reste encore pres de trois semaines a passer dans cette ville, mais en m'arrachant, assez violemment, de chez Alvaro, je me suis egalement arrachee psychologiquement de la ville. En jetant et en abandonnant a qui en a besoin tout ce que j'ai accumule en quelques mois passes ici, livres, vetements, je me suis allegee et suis redevenue nomade. Je ne sais pas si c'est un bien ou un mal, c'est juste un fait.
Quelques photos, totalement dans le desordre.
Voici la maison de Noriko.On recoit chaque jour des pubs, lancees par la grille... "Maman est speciale", dit ce magazine. Ouais. Pas sure qu'ils aient vise le bon public, ce ne sont pas deux etrangeres celibataires qui vont s'interesser a ca.
Voici le micro ondes, auquel je ne comprends strictement rien. Pareil pour l'ordinateur de Noriko, que j'ai voulu emprunter... Pas moyen, c'est pourquoi j'ai du me mettre a la rechercher d'un cyber cafe.
Vous remarquerez le contraste entre le japonais et les mots en francais sur la tasse... et il y a aussi un texte de Shakespeare en portugais derriere la porte de la maison, laisse par le precedent locataire. Joli melange.
Seance photo dans un bled au nord de la ville.

La ville, c'est la tache brune, et le reste c'est le tout petit etat d'Aguascalientes.
Dans le bus pour Zacatecas.
A Zacatecas.
Toujours a Zacatecas, une danse populaire dans le cadre du festival culturel.
J'ai repris gout a la lecture, il me manquait juste les bons bouquins.
Mon vieux short pourri et un petit haut troue, quand je les ai jetes dans un ocntainer. Pas eu le temps de m'apitoyer.
Une autre seance photo.



Une photo prise par Pepe.


Les jambes de Noriko a un concert.
Bon, et ca c'est juste ma main.
.Bon...ce post est vraiment pourri, desolee. Du beau des que j'aurai repare mon PC, promis.

dimanche 5 avril 2009

Deuxième séjour à Morelia

Je suis arrivée à Morelia lundi soir après trois heures de bus depuis Querétaro, et Violeta et Simon sont venus me chercher à la centrale dans leur nouvelle petite coccinnelle. Pour ceux qui ne suivraient pas ou qui auraient lu distraitement mes précédents messages, j'avais donc rencontré Simon et Violeta à Chihuahua, en décembre, et avais passé deux courtes journées chez eux à Morelia en février. Je suis retournée à Morelia pour les revoir, mais surtout pour rempacer Violeta, qui enseigne le français dans une école, et partait en voyage.

Mardi matin, je suis allée chercher Violeta à son école en compagnie de Simon, pour que je puisse me familiariser avec les lieux où j'allais enseigner et, surtout, repérer la route que je devrais parcourir avec le vocho, c'est-à-dire la coccinnelle de Violeta. L'idée de devoir conduire, sans copilote, dans une ville inconnue, ne m'enchantait pas vraiment – ceux qui me connaissent savent bien que, dans mon cerveau, les câbles servant à s'orienter dans l'espace n'ont pas été correctement branchés à ma naissance. Mais prendre la voiture était malheureusement ma seule option, étant donné que les bus ne se rendent pas jusqu'au quartier ultra bourge où j'allais enseigner: normal, on n'a pas besoin de transports publics quand on a plusieurs voitures! Sur le trajet, Simon m'a donné quelques conseils: « Là, dans la montée, tu as tout intérêt à bien prendre de l'élan et à rester en deuxième, parce que le vocho a de la peine; et quand tu redescendras, n'oublie pas de te mettre en quatrième pour utiliser le frein moteur, parce que les freins ne freinent pas bien ». Rassurant. Arrivée sur place, j'ai pu constater que le vocho était le seul véhicule de ce genre sur le parking de l'école, alors qu'ils abondent dans tout le Mexique; que les parents d'élèves aient plutôt tendance à rouler en audi, soit, je peux comprendre; mais pourquoi les enseignants, qui gagnent peu, ont-ils eux aussi de jolies voitures neuves? D'où sortent-ils l'argent nécessaire à cet achat? Selon Violeta, c'est bien simple, ils achètent à crédit et étendent leur paiement sur de longues années. Ils n'ont pas autant d'argent que les parents de leurs élèves, mais ils veulent faire comme si et, d'après elle, cette mentalité est répandue dans toute la ville, dans le pays tout entier, imprégné des valeurs capitalistes et influencés par la culture américaine. Ma foi, c'est leur choix; quant à moi, le contraste entre la petite voiture délabrée et les beaux bâtiments neufs m'a plutôt amusée.

Le lendemain matin, Violeta et Simon étant partis, je me suis donc levée à une heure indécente, ai pris la coccinnelle et me suis concentrée pour me souvenir du chemin: d'abord, suivre la grande avenue pourrie, se taper le cul dans la zone de travaux (parce que non, un vocho ça n'est absolument pas confortable), puis tourner à gauche et monter la colline, suivre les panneaux indiquant le club de golf, se diriger vers la zone de résidences privées, où les taches vert fluo des jardins bien arrosés détonnenet avec le paysage desséché, passer devant Terrazas I, II et III, à l'entrée étroitement surveillée et, finalement, arriver à la Varmont School, ma destination. Oui, j'y suis arrivée, et sans me perdre!

Il m'a d'abord fallu m'annoncer au portier, afin qu'il dévérouille la grille, puis je suis entrée dans le bâtiment moderne et lumineux, ayant revêtu le gilet bleu informe, doté d'une poche en forme de pomme, que les maîtres portent en guise d'uniforme pour enseigner. Ma première classe était en primaire; ou plutôt, ils allaient à l'elementary school; parce que oui, il faut savoir que l'école met l'accent sur l'anglais. D'ailleurs, c'est dans cette langue que sont écrit les panneaux suspendus au plafond, affichant les valeurs de l'école: « Today is an opportunity to learn something new », « Be a good citizen, help the others », « What can you do to be the best you? », et encore d'autres du même genre. Les enseignants eux-même sont appelés Miss et Mister. Je trouve ça tout à fait stupide dans un contexte complètement hispanophone, mais enfin je veux bien; par contre, à mon humble avis, ils devraient enseigner aux gamins que ces titres ne servent qu'à appeler une personne à laquelle on parle; or, les enfants et les enseignants eux-mêmes se réfèrent aux maîtresses en les appelant des miss: « Où est ta miss? », « Ce sont les affaires d'une miss », « Miss, tu es plus gentille que l'autre miss » et ainsi de suite. Et là je ne suis pas d'accord: je veux bien être une prof, une maîtresse, une enseignante, mais je ne suis pas une miss; c'est donc avec un préjugé quelque peu négatif que j'ai commencé ma première heure d'enseignement

Les élèves étaient plutôt dissipés, et j'ai constaté que leur niveau de français ne me permettait pas d'enseigner dans cette langue; pourtant, ils somprennent tout autant voire plus que les secondaire, que j'ai rencontrés le lendemain matin. Ils sont supposés avoir déjà quelques années de français derrière eux, mais c'est à peine s'ils connaissent les pronoms interrogatifs. Je ne les ai eus qu'une heure, je ne voudrais donc pas juger trop hâtivement de la situation, mais Violeta m'a raconté que beaucoup de ces élèves manquaient, parfois, pour aller jouer au golf ou voyager. Cette école coûte cher, à peine moins de 400 francs par mois, ce qui est énorme pour le Mexique, on serait donc en droit de penser que les élèves qui en sortent ont un meilleur niveau que les autres et qu'ils reçoivent une éducation particulièrement bonne; or je ne suis pas sûre que ce soit le cas dans cette ambiance que j'ai trouvée un poil trop relaxée. Si en plus les élèves ne vont pas en cours... A la limite, moi je m'en fous, qu'ils gaspillent l'argent de leurs parents s'ils veulent; le problème, c'est que ce sont eux, les gosses de riches, qui vont plus tard appartenir à l'élite du pays et le diriger, eux et leurs valeurs de merde, parce que tout se fait en vase clos. Ceux qui sortent d'une école publique, s'ils sont assez intelligents pour avoir appris quelque chose en dépit de l'éducation défaillante qu'ils ont reçue, ont intérêt à lutter âprement s'ils veulent accéder à unposte-clé. Evidemment, il y a toujours des exceptions, et j'espère me tromper; il n'empêche que plus j'en sais sur le pays et son fonctionnement, plus je suis pessimiste quant à son développement.

Bon, sinon rien que pour le plaisir, voici un extrait des paroles de la chanson que les élèves de primaire ont dû chanter:

Les souvenirs de France

ont comme un goût de bonbon.

Ils ont un goût de nougat

et de pain au chocolat.


Très neuneu.



Bon, mais je n'ai pas fait qu'enseigner, loin de là! Ne voulant pas m'ennuyer, seule dans une ville inconnue, j'avais posté, la veille, un message au groupe des couchsurfeurs de Morelia, demandant si quelques uns étaient disposés à passer un peu de temps avec moi et à me montrer la ville. En quelques heures, j'avais l'embarras du choix et plusieurs rendez-vous. Mardi après-midi, j'ai ainsi rencontré Aaron, que j'ai tout de suite apprécié. Il enseigne l'anglais dans une école de langue et dans une université privée, et m'a raconté que les deux institutions avaient respectivement trois et un mois de retard dans le paiement de son salaire; Aaron vient donc de les avertir qu'il ne donnerait plus de cours tant qu'il ne serait pas payé. Je suis tombée des nues. « Ben oui, c'est le Mexique... », a-t-il laconiquement commenté. Quelques heures plus tard, c'est Elvira que j'ai rencontrée dans un café, et avec qui j'ai, bien évidemment, discuté voyage. Puis, dans la soirée, j'avais rendez-vous avec Ricardo devant la cathédrale, et il m'a emmenée boire un verre dans un bar où jouaient des musiciens en live. Le lendemain, j'ai revu Juan, dont j'avais fait la connaissance lors de mon premier séjour à Morelia, il y a six semaines. Il a vécu un an à Paris, nous avons donc un peu parlé français, et je dois dire que j'ai trouvé rafraîchissant d'entendre son accent mexicano-parisien émaillé de "ça me pète les couilles!" et autres joyeusetés du même cru. Nous nous sommes attardés sur les différences existant entre l'argot mexicain et l'argot français, et nous sommes amusés à traduire directement certaines expressions cocasses de l'espagnol au français. Ainsi, "me caga los huevos", qui est un équivalent de "ça me fait chier", se traduit littéralement par "ça me chie les oeufs", où oeufs est un synonime fort peu gracieux de "testicules". "C'est génial" se dit "Está padre", ce qui veut dire "c'est père", tandis que "J'en ai rien à foutre" se dit "Me vale madre", littéralement "ça me vaut mère". Mais qu'ont donc les Mexicains avec leurs parents?! Je ne sais pas d'où ont pu sortir ces deux dernières expressions, mais elles en disent long, selon moi, sur la culture mexicaine. Toutes ces personnes ont des rêves et des projets de voyage, je suis donc sûre de ne jamais m'ennuyer avec un couchsurfeur, et j'en apprends énormément avec eux; c'est par contre assez marrant de voir que les Mexicains pensent à l'Europe alors que moi j'ai fait le chemin inverse. Quand je les entends parler des lieux qu'ils veulent visiter, je me dis que ça n'est quand même pas tout à fait normal que je connaisse mieux le Mexique que mon propre pays, la culture latine que celle de mes voisins européens. Il faudra bien un jour que je voyage par là-bas...

Mes trois coups de foudre amicaux: Juan, Ricardo, Aaron.

Au milieu de mon séjour, j'ai déménagé et passé les deux dernières nuits chez Ricardo et sa coloc Barbara, une Lyonnaise venue passer sept mois, en échange, à enseigner le français. Encore quelques sorties et en bref, je n'ai pas vu le temps passer, entre arpentage des rues de la ville et visites de quelques bars. Et avec tout ça, je n'ai pas pris beaucoup de photos, ou du moins pas qui puisse vous intéresser...

La vue de la cathédrale depuis le toit de l'appart de Ricardo.

Et en version diaphragme plus ouvert:



La semana santa va commencer, toute la ville est violette, couleur de deuil.
"Tu savais que... le plastique est radioactif!!! Non, en fait c'est pas vrai, mais par contre oui, il pollue, recycle-le"






Oui, une ville mexicaine comme une autre, avec ses cours intérieures, sa cathédrale... Certes. Mais je ne sais pas, Morelia a un truc en plus...tout est plus beau, tout est mieux. J'adore cette ville, maintenant que je la connais un peu mieux.

Et là rien à voir, c'est juste une fille tatouée dans un bar... Et les plus photographes d'entre vous auront remarqué que j'ai beaucoup de peine à faire la mise au point en mode manuel.



D'un village de Michoacán, l'état dont Morelia est la capitale, viennent toutes les guitare vendues au Mexique.


Le centre est très sympa, par contre quand on s'éloigne, c'est plutôt sale... Malgré tout, je préfère ces rues pas trop larges et cabossées aux grandes avenues impersonnelles d'Aguascalientes.
Chez Violeta

Bon, ça c'est juste de l'art...


J'ai quitté Morelia frustrée de ne pas avoir pu rester plus longtemps et avec, surtout, la ferme intention de revenir. Avec également de quoi alimenter mes réflexions, à savoir: Que veux-je faire de ma vie? De quelle façon veux-je voyager? Quel est le juste équilibre entre sédentarité et nomadisme?
Quatre jours passés à Morelia m'ont suffit pour pouvoir m'imaginer vivant là-bas sans problème; si j'étais passée par là avant Aguascalientes, c'est là-bas que je vivrais maintenant, à n'en pas douter. "Reste vivre ici!", m'ont-ils dit là-bas. "Je ne peux pas, je dois quand même voyager...je veux voir d'autres endroits...", ai-je répondu. "Mais pourtant tu vis à Aguascalientes, tu y es déjà depuis trois mois... Tu pourrais passer ici le temps qui te reste avant d'aller au Yucatán en mai! Ca fait partie du voyage!", que l'on m'a rétorqué. Certes. Mais je ne peux pas. Déjà, j'ai quand même deux-trois choses à faire ici; mais surtout, Aguascalientes c'est ma maison, maintenant, et je n'ai pas envie de quitter la ville et mes amis avant le terme que je me suis fixé. Et si je m'attache à Morelia, ça veut dire que je peux virtuellement m'attacher à n'importe quel lieu comportant quelques jolis bâtiments et deux-trois êtres humains fantastiques...ce qui au vu de ce que j'ai déjà vécu me paraît hautement répandu. Quatre mois ici, six mois là... A ce rythme, j'aurai atteint l'Argentine en 2030 et je finirai vieille fille. Avec des souvenirs plein la tête et des amis partout, certes, mais sans racines et sans famille. Je ne veux pourtant plus voyager aussi rapidement que je l'ai fait au début de mon voyage, et je sens la nécessité de faire des allers et retours entre les lieux et les personnes qui me sont chères, et de passer du temps dans chaque endroit pour m'en imprégner; alors je fais quoi? Jusqu'à quel point la notion de port d'attache est-elle viable? Jusqu'où peut m'emmener le chemin? Jusqu'à quand dois-je le suivre? Comment fait-on pour lâcher prise, et accepter que tout passe, et que je ne peux pas tout vivre à la fois...?
Autant vous dire que, six mois après Chihuahua, les tatouages que je porte aux poignets, "s'attacher", "s'arracher", ont plus de sens que jamais.

Qui suis-je?

Ma photo
Genève, Genève, Switzerland