J'avais la vague intention de partir ensuite à la recherche d'un club de salsa, mais finalement j'ai eu, pour changer, la flemme de sortir. Un samedi soir à la "maison", qui s'est avéré sans doute plus agréable que si j'étais sortie, puisque j'ai beaucoup discuté, et particulièrement avec un Toulousain fort intéressant, malgré le prénom absolument immonde qu'il porte. Gaston? Tancrède? Ignace? Non, vous n'y êtes pas, il s'appelle Wilfried. Y en a sûrement certaines que ça émoustille, remarquez...je suis sûre que Sandra trouve ça joli. Bref, le mec en question m'a abordée en me demandant ce que j'attendais du voyage. Vaste question à laquelle, prise de court, j'ai tenté de répondre en bredouillant des banalités, puis en évoquant (ou invoquant...) Bouvier, toujours lui, dont je devrais sans doute m'affranchir un peu. Je lui ai dit la même chose qu'à vous: que c'était un défi qui me permettrait de voir ce que je vaux, de mieux me connaître, de laisser de côté mes préjugés, d'apprendre à me débrouiller et à aller vers les autres, que c'était une bouffée de liberté avant le boulot, le mari et les enfants, etc. J'ai ajouté des remarques d'une profondeur et d'une spiritualité époustouflantes, du style: " Le milieu d'ou je viens, et d'ou on vient peut-être un peu tous ici, milieu qui valorise la connaissance et la découverte, de soi et du monde, au détriment des valeurs matérielles, ce milieu, donc, nous pousse au voyage. On en a les moyens puisqu'on vit dans des pays riches, mais on ne veut pas consommer idiot, on ne veut pas vivre perclus (!) de certitudes...on se doit donc de voyager. Je suis partie parce que j'en avais envie, mais aussi parce que tout m'y poussait, que je sentais que je devais le faire non seulement pour moi, mais parce que ça correspond à ce qu'on attend de moi, en quelque sorte...". Je ne suis pas sûre qu'il m'ait vraiment comprise (ni vous non plus), mais peu importe: comme souvent, la formulation que j'ai faite de cette idée l'a rendue claire pour moi alors qu'elle n'était avant qu'en gestation.
Lui m'a parlé du WWOOFing, et m'a donné envie d'en faire aux USA: on se pointe dans une ferme, on y travaille (lui a ramassé la merde des cochons) et en échange on est logé et nourri. Intéressant pour découvrir le mode de vie des "vrais" gens du pays. Ce cher Wilfried voyage un peu à l'arrache, il fait de la peinture et de la photo. Il m'a montré une partie de son travail, on a causé prise de vue et art, et je lui ai dit ma frustration de ne jamais pouvoir aller plus loin qu'un très pauvre amateurisme, que ce soit en musique, en photo ou en écriture, et ce malgré une certaine sensibilité artistique, dirons-nous. Lui ne se pose pas la question, il peint et photographie en voyageant, et cela lui permet, je pense, d'appréhender ce qui l'entoure avec un regard plus aigu et, donc, de ressentir les choses avec plus d'intensité. De plus, il se laisse porter par le voyage, changeant de lieu quand bon lui semble, sans se poser toutes les questions que je me pose.
Cette longue discussion que j'ai eue avec lui m'a laissée songeuse. Ce que j'attends du voyage? Peut-être une certaine liberté d'esprit qui me fait encore défaut, la capacité de comprendre que rien n'est figé et que je demeure libre de créer mon destin à chaque instant. Je sais, ça fait philosophie de bas étage... J'aimerais également pouvoir développer mon sens de l'observation; la photo pourrait m'y aider, mais j'ai encore trop la flemme pour m'y mettre sérieusement.
En attendant, en voici déjà quelques unes! J'espère qu'elles ne sont pas trop lourdes, je ne les ai pas réduites. Si ça ne va pas, dites-le moi et je réduirai les prochaines.
Une jolie déco au merveilleux resto bio le Santropol