vendredi 30 janvier 2009

Lorena

Les quelques personnes qui suivent mes vagabondages depuis le début se souviennent peut-être de Lorena. Lorena, c'est la Mexicaine que j'avais rencontrée à Vancouver, chez Destinee, lors de ma toute première expérience de couchsurfing, et que j'avais revue, en compagnie de son copain Mariano, sur Vancouver Island quelques jours plus tard. Nous n'avions passé que peu de temps ensemble, mais avions partagé beaucoup. Avec elle j'avais mangé des puces grillées au feu de bois sur une plage du Pacifique, vu des ours de près, nagé nue dans un lac très, très froid et appris à embrasser les arbres pour ressentir leur énergie. J'avais également été témoin du fort amour naissant qu'elle partageait avec l'Espagnol Mariano, qu'elle venait de rencontrer, et de leur tristesse à l'idée qu'ils devaient se séparer bientôt (vous trouverez ce récit sous "Vancouver Island, suite et fin", daté du 2 septembre). Lorena m'avait laissé une forte impression, et il était convenu que nous nous reverrions, si possible, dans son pays natal. Eh bien cinq mois plus tard, c'est finalement chose faite!

Cela faisait plusieurs jours que j'aurais dû aller la voir, mais nous repoussions toujours, pour une raison ou pour une autre; j'ai fini par me faire à l'idée que je ne pourrais passer que peu de temps à Guadalajara et ai enfin débarqué là-bas ce jeudi matin. Nous avons passé la journée dans le centre de la ville, plutôt joli. Malgré tout, on sent qu'on se trouve dans la deuxième ville du pays, et tout est un peu trop grand à mon goût, sans compter le trafic incessant; mais peu m'importait, finalement, puisque j'étais avant tout venue voir Lorena.

Guadalajara, c'est la petite étoile au milieu de l'état orange de Jalisco (que j'ai déjà eu l'occasion de mentionner dans mon dernier post), et Aguascalientes c'est le point au sud du tout petit état du même nom, collé au nord-est de Jalisco.


Lorsque je l'avais laissée, tout début septembre, pour descendre aux Etats-Unis avec Rodrigo, Lorena avait contracté une méchante infection aux reins et était mal en point. Elle est alors restée quelques semaines alitée chez Destinee à Vancouver tandis que Mariano était en Equateur. Lorena, qui était venu au Canada pour se faire un peu d'argent en cueillant des fruits, a compris qu'il ne servait à rien de rester là-bas, malade, et a fini par rentrer chez elle, à Guadalajara. C'est à ce moment-là que l'impulsif Mariano, décidant qu'il voulait la voir, a pris un avion pour le Mexique; une ou deux semaines de convalescence pour Lorena et tous deux se retrouvaient sur les routes du sud, à vélo, pour deux mois. Un voyage un peu éprouvant qui, m'a-t-elle dit, lui a fait prendre conscience que Mariano possédait, comme tout le monde, ses défauts. Lui est retourné en Espagne en décembre tandis qu'elle est restée à Playa del Carmen pour gagner un peu d'argent, avant de finalement rentrer chez elle il y a quelques semaines. Et là, elle part lundi pour Madrid, où elle va, si tout se passe bien, rester trois mois, travaillant au noir, histoire de savoir si l'amour qu'elle partage avec Mariano est viable ou non. Lui les imagine déjà "happily ever after", mais elle a de sérieux doutes et, surtout, est consciente qu'elle a son propre chemin à parcourir. Elle a en effet plusieurs rêves: tout d'abord, aller en Inde, vivre et travailler dans une ferme et apprendre le sanskrit; puis à plus long terme, elle souhaite acheter du terrain au Mexique et fonder une sorte de communauté, basée sur le travail de la terre, et elle se voit déjà apprendre la sciences des simples et autres plantes médicinales. Une allumée, pensez-vous? Moi je ne crois pas. Lorena a un an de moins que moi, mais j'aimerais avoir sa force de caractère et sa volonté, alliés pourtant à une grande douceur et à une énorme capacité à aimer les autres. "J'avais commencé à étudier l'Histoire, à l'Université", m'a-t-elle dit, "mais j'ai senti que, même si ça m'intéressait, ça n'était pas pour moi. Ça m'a pris du temps et beaucoup de souffrance, mais j'ai fini par accepter le fait que j'étais une originale et ne pouvais pas suivre le même chemin que les autres. J'accepte maintenant totalement mon côté mystique et vais tout faire pour réaliser mes rêves, même si cela doit exclure Mariano de ma vie."

Le soir, j'ai fait la connaissance de la mère et du petit frère de Lorena, qui vivent dans un modeste appartement de la périphérie. Le petit frère à engrossé, à 18 ans, sa copine de l'époque, et est désormais papa depuis quelques jours. Il n'est plus en couple avec la mère du bébé et celle-ci ne travaille pas... Une situation très fréquente au Mexique. Lorena ne s'est pas privée de traiter son frère d'irresponsable immature et de lui dire ce qu'elle pensait de la mère du petit, mais cela ne l'a pas empêchée de dépenser en couches et nourriture pour le bébé tout l'argent qu'elle avait durement gagné à Playa del Carmen. Il faut bien que quelqu'un assure la survie de ce gosse...

Je comptais ne partir que samedi matin, mais Lorena m'a annoncé la mort dans l'âme qu'on lui avait proposé un boulot très bien payé pour toute la journée du vendredi et qu'elle ne pouvait pas vraiment se permettre de le refuser en ce moment. J'aurais pu rester un peu et me promener seule au centre ville, mais je n'en avais pas envie et n'aurait en plus pas eu de clé de l'appart pour aller et venir à ma guise, sans compter que je n'avais pas envie de me perdre dans une énorme ville; j'ai donc pris un bus pour Aguas à peine 24 heures après mon arrivée. C'est peu de temps que j'aurai passé avec Lorena, mais ça m'a suffit pour repartir la tête pleine d'idées nouvelles, inspirée (oui, Isa, oui, Sandra, j'admets que je vire un peu mystique...mais ne vous en faites pas, je garde les pieds sur terre). Je doute de beaucoup de choses, mais une chose est sûre: je vais tout faire pour maintenir cette amitié vivante.




Voici l'emblème de Guadalajara qui, curieusement, ressemble beaucoup à celui de Madrid, la ville de Mariano, sauf que là-bas les ours remplacent les lions. Un signe? L'arrêt de metro de Lorena s'appelle "España", et son café favori "Madrid"...

Au marché, au rayon sucreries artisanales (non non, je ne faisais que regarder!). Une petite blague difficilement traduisible...j'ai bien peur que les non-hispanophones, malheureux soient-ils, ne puissent en saisir tout le sel: "C'est quoi, Grand-Papa?- Des tolondrones! - C'est pour quoi, Grand-Papa? - C'est pour les questionneurs!" Et bon, moi je ne sais toujours pas ce que c'est.J'ai rencontré Paola, une amie de Lorena qui a eu un bébé à 19 ans et s'en est sortie toute seule. Le bébé a maintenant presque 8 ans, s'appelle Julia, est incroyabelement vive et intelligente et a la même cicatrice que moi au-dessus de la lèvre.


Une mendiante à l'entrée d'une église. Il y a plus de mendiants à Guadalajara qu'à Aguascalientes, étant donné que la ville est plus grande, mais rien à voir avec ce que j'ai pu voir à Vancouver et San Francisco, qui pourtant se situent dans des pays plus riches que le Mexique. Bon, il paraît qu'au sud la pauvreté saute bien plus aux yeux, j'attends de voir.


Une peinture murale qui m'a pas mal impressionnée mais zut, j'ai oublié le nom de l'artiste.


Un peu flous, Lorena et son tatouage, qui représente son kin, ou signe, dans l'horoscope maya, en l'occurence le miroir. Que mes proches se rassurent: non, je ne me suis pas fait tatouer le mien entre les seins, et je n'ai pas l'intention de le faire.Et ça c'est juste une photo rigolotte prise dans les toilettes de la gare routière.

dimanche 25 janvier 2009

Un petit pélerinage à San Juan de Los Lagos

La dernière fois que je l'ai vue, Noriko, ma nouvelle copine japonaise, m'avait raconté que plusieurs personnes de chez Nissan avaient prévu de faire, de nuit, le pélerinage à San Juan, et qu'elle-même songeait à le faire aussi. Álvaro et moi, enthousiastes, avons tout de suite déclaré que nous viendrions. Une quinzaine d'heures de marche? Peuh! Même pas peur. Oui oui, nous irions!
Il faut savoir que San Juan de Los Lagos, c'est une petite ville située dans l'état de Jalisco, voisin à l'ouest d'Aguascalientes. Je ne trouve pas de plan pertinent, mais en gros San Juan se trouve, d'après ce qu'on m'a dit, à environ 80km de chez moi. Loin, donc. J'avais de toute façon prévu d'aller passer quelques jours à Guadalajara, capitale de Jalisco, il me suffirait donc de choper un bus après la marche. La vierge de San Juan est fêtée chaque 2 février par des millions de Mexicains. Ceux-ci commencent ainsi à marcher dès le premier jour de l'an, et la ferveur dure jusqu'à la date anniversaire, où elle atteint son paroxisme. Aguascalientes n'est pas trop loin de San Juan, mais certaines personnes passent des jours, voire des semaines sur les routes, pour venir voir la vierge depuis leur coin reculé de pays et lui demander une faveur.

Noriko, Álvaro et moi sommes donc partis depuis l'immense usine Nissan à 18h40 ce vendredi soir, frais comme des gardons et bien motivés. Moi qui m'inquiétait de savoir si nous trouverions notre chemin sans plan, j'ai rapidement été rassurée: au vu de la masse impressionnante de pélerins sur la route, nous ne risquions pas de nous perdre. Les premières heures ont passé rapidement: Noriko a raconté des légendes du mon Fuji, et Álvaro a enchaîné avec celels de Popocatepetl et Ixtaccihualt, qui ont donné leurs noms aux plus célèbres montagnes du pays. Et moi...ben non, j'ai pas raconté d'histoire sur les Alpes ou le Salève vu que, c'est bien connu, je ne sais rien de mon pays. Ah, tiens, j'aurais dû parler du dahu, maintenant que j'y pense... Bon, toujours est-il que le temps a passé rapidement. Au début, nous longions directement l'autoroute, marchant sur la bande d'arrêt d'urgence, puis le chemin s'en est un peu éloigné et nous avons eu le droit à un peu de terre battue loin des bruits des voitures.

Voici me co-marcheurs après seulement 15 minutes d'effort. Et oui, au cas où vous vous poseriez la question, il fait encore suffisamment chaud à 19 heures, et jusqu'à environ 21h., pour pouvoir marcher en t-shirt.

De temps à autres nous croisions quelques petits postes pourvus en eau, snacks, lampes de poche et piles de rechange. Remarquez le panneau "Precaución peregrinos en el camino", "Attention pélerins sur la route". Sans blague! Ils ne risquaient pas de rater le troupeau, avec ou sans panneau d'avertissement.

Nous avons ainsi continué d'un bon pas...ou plutôt d'un pas tranquille, nous faisant régulièrement dépasser par des pélerins à la foi sans doute mieux accrochée que la nôtre. On croisait beaucoup de jeunes, dont certains même habillés en hip hopeurs, mais aussi des gens plus âgés, quelques uns portant une radion diffusant de la musique mexicaine.
Vers 23 heures, puis une heure plus tard, nous avons croisé deux importants postes de ravitaillement, où nous nous sommes fait héler par des vendeurs de nourriture et de piles. "Par ici, par ici, on a du café chaud et des tortas, viens donc mon ami, par ici!" J'ai été indignée de voir des gamins dès 7 ou 8 ans venir à la rencontre des pélerins pour leur refiler de la marchandise, et ce tout au long de la nuit, au lieu d'être au lit. Lorsque j'en ai fait la remarque à Álvaro, il m'a dit que lui était évidemment du même avis que moi, mais que quand on sait que certaines familles ont a peine de quoi manger et ne gagnent de quoi tourner qu'à ces occasions festives, on comprend qu'ils emploient toute la main d'oeuvre disponible.

Voici ce à quoi nous nous amusions sur le trajet, avec la lampe frontale d'Álvaro.
Nous avons bien tenu le coup jusqu'à environ 2h du matin; mais la fatigue a finit par réellement se faire sentir. Je me demandais, au début de la marche, pourquoi les pélerins étaient aussi silencieux...j'ai fini par comprendre: ils étaient juste trop fatigués pour avoir la force d'ouvrir la bouche. Mes orteils ont commencé à former des cloques, les genoux d'Álvaros se rigidifiaient gentiment, et Noriko marchait comme un zombie, à moitié endormie lorsque nous sommes arrivés en vue d'un village. Là, nous nous sommes renseignés: nous étions bientôt à mi-parcours, et la prochaine ville-étape, La Chona, était encore à deux heures de marche. Bon. Je crois que c'est à ce moment-là qu'il nous est apparu comme une évidence que nous n'atteindrions pas San Juan à pied; nous avons donc décider de continuer jusqu'à La Chona et de finir en bus. Ces deux dernières heures ont été les plus pénibles, et c'est littéralement en boîtant que nous sommes finalement arrivés en ville. Nous nous sommes éffondrés sur un banc de la place principale, au milieu de milliers d'autres gens, et avons tenté de faire la paix avec nos corps, grelottants dans le froid, tandis que l'horloge de l'église sonnait 4h.
C'est là qu'Álvaro a pris cette photo, donnant pour consigne "allez, faites une tête de j'en peux plus, laissez-moi mourir!" Il semblerait que j'aie mieux compris que Noriko, qui de nous trois a le mieux supporté la marche. En ce qui me concerne, je sais dorénavant que dans ma condition physique actuelle, 45 km, c'est un peu trop, et qu'à 25 ans je suis désormais trop vieille pour passer une nuit blanche sans dommage.

Nous sommes finalement montés dans un des nombreux bus affrétés pour l'occasion, direction San Juan et sa fameuse vierge. Là, nous sommes directement allés à la Basilique, déjà bien bondée à 5h.du matin. Quelques pélerins parcouraient sur les genoux les dernières dizaines de mètres les séparant de la Vierge, tandis qu'à l'intérieur des dizaines de personnes étaient endormies, assises parterre contre les murs, épuisées par leur marche.
Et voici la chose... Oui, rien qu'une petite statue de rien du tout. Je ne connais pas son histoire, mais la Vierge de San Juan est extrêmement populaire, et il paraît que c'est avec elle et celle de Guadalupe, à Mexico City, que le Vatican se fait le plus de fric.
Álvaro m'a bien fait marrer quand, dans l'église, il s'est penché vers moi pour me chuchoter: "Euh tu peux éventuellement te signer et réciter une petite prière, les gens apprécient... Je peux pas demander ça à Noriko, elle n'est pas catholique, et ça se voit, les gens comprennent..." J'ai ouvert des yeux horrifiés: la "Rome Protestante", ça ne lui disait donc rien?? Ni le "Post Tenebras Lux" que j'ai dûment ajouté à l'écusson de ma ville, peinturluré il y a deux jours sur le mur de l'appartement? Et puis d'ailleurs si je suis loin d'être catholique, je ne suis pas protestante non plus, et d'ailleurs je ne connais même pas le Notre Père en entier. Non non, désolée, pas moyen que je simule! Finalement, il n'y avait vraiment pas de quoi en faire tout un foin, Álvaro, également agnostique, ne s'est pas non plus signé, et nous avons continué notre chemin parmi la foule fatiguée.
Nous sommes passés par la salle des ex-votos, où des remerciements de toutes sortes sont accrochés au mur. Des photos d'équipes de foot gagnantes côtoient ainsi des robes de mariée et des photos de bébés, et de nombreuses lettres émues attestent d'une guérison miraculeuse.
A la sortie de la Basilique, nous nous sommes assis sur un trottoir pour faire passer le temps en attendant de trouver un endroit ouvert où manger un morceau. Nous nous trouvions pile sur le trajet des pélerins qui entraient dans la ville et, histoire de passer le temps, nous sommes amusés à compter combien d'entre eux avaient une démarche d'éclopés fatigués, comme nous. En moins de 25 minutes, nous en avons facilement compté une centaine, avec une moyenne d'environ une personnes sur 15. Pas tant que ça, finalement! Soit nous-mêmes étions vraiment en mauvaise condition physique, soit la majeure partie des gens prennent leur temps pour arriver jusqu'à San Juan. Certains viennent ainsi de l'autre bout du pays et passent un mois entier sur les routes,mais nous avons également rencontré des gens qui avaient fait le chemin depuis Zacatecas, soit plus loin qu'Aguas, et en une seule nuit.
Dans le centre-ville, tous les vendeurs de douceurs étaient dans la rue, à côté de leurs étals, et harcelaient les passants. Il semblerait que la spécialité de la ville soit la cajeta, qui est tout bonnement du dulce de leche, c'est à dire de la confiture de lait. C'est certes bon, mais quand on vous propose vingt fois de suite d'en goûter, ça commence à suffire. D'autres bonbons nous tendaient les bras, et nous en avons ramenés, mais nous avions juste envie de manger quelque chose de salé.

Des bilboquets.Des rosaires.

Et ça c'est juste un bout d'une église jolie.
Après avoir finalement trouvé un endroit où on vendait du thé chaud et des tortas (une espèce de sandwich avec, dans notre cas, du fromage, de l'avocat, de la tomate et des chilis marinés), nous avons attendu un ami d'Álvaro que celui-ci a appelé pour qu'il vienne nous chercher depuis Aguas. Il est finalement arrivé après une bonne heure d'attente, et j'ai enfin pu dormir dans la voiture. Moi , j'étais censé prendre le bus pour Guadalajara, mais j'ai renoncé. J'étais censée y voir Lorena, que j'avais rencontrée en Colombie-Britannique en août-septembre, mais je ne me sentais pas en état de faire la touriste et d'être une amie enjouée; je suis donc rentrée avec les autres et irai lundi à Guadalajara.

Voici une photo que j'aime bien, prise lors de cette attente.
J'ai finalement échoué dans mon lit à 11h., contente d'avoir tenté ce pélerinage, mais jurant qu'on ne m'y reprendrait pas de sitôt.

lundi 19 janvier 2009

Retour à l'école!

J'ai eu droit ce matin (tôt, trèèès tôt) à mon tout premier cours de photo avec Pepe, à l'université Concordia. Il m'avait prévenue que je risquais de m'ennuyer parce que j'ai déjà un certain niveau, mais je me suis au contraire bien marrée. Il faut en effet savoir que Pepe, qui a une solide formation théâtrale, est un de ces rares profs qui réussissent à captiver une classe par l'humour tout en transmettant leur savoir avec passion. Le cours auquel j'ai assisté était le premier pour ces étudiants tout frais; apparemment, la rentrée universitaire a lieu ici en hiver. La plupart des étudiants avaient choisi de passer une ou plusieurs années sabbatiques après la "prépa", mais ils m'ont tout de même paru très, très jeunes; ils ont en effet tous entre 18 et 20 ans, avec une pointe jusqu'à 23 pour certains, et surtout s'habillent et se comportent comme des élèves de secondaire postobligatoire. Le ton qu'a utilisé Pepe pour s'adresser à eux m'a également semblé plus adapté à une classe de collégiens (ou gymnasiens, pour les non-genevois), de même que les règles qu'il a fallu leur énoncer: pas de natel allumé en classe sinon c'est dehors, pas plus de trois absences dans le "quadrimestre", on lève la main si on veut sortir de la classe. Question de culture, m'a dit M. le professeur lorsque je m'en suis étonnée auprès de lui: je suppose qu'ici où l'immense majorité des jeunes vivent chez leurs parents jusqu'à très tard et leur demandent souvent encore la permission de sortir bien après 20 ans, il est normal que les professeurs maternent les étudiants plus que chez nous.

En bon connaisseur des relations humaines, Pepe a demandé aux étudiants (bon sang, j'ai toujours envie d'écrire "élèves" tellement ils sont jeunes!) de se grouper par deux, d'écouter chacun le récit de l'autre, puis de présenter son "camarade" au reste de la classe en une minute. J'ai eu de la chance, je suis tombée sur un type sympa et intéressant, mais bon sang, la grande majorité de la classe a sorti des trucs comme: "Alors elle c'est Eiffel (sic!!), elle a 18 ans, elle a deux frères, elle aime beaucoup la musique psycho (ils sont tous fans de ce style de musique, faudra qu'on m'explique ce que c'est) et aller en boîte, et elle est célibataire, hu hu hu!" J'exagère à peine. Pepe m'a expliqué par la suite que ce type d'exercice lui paraissait intéressant dans la mesure où il en apprend ainsi beaucoup sur ses étudiants rien qu'en observant ce qu'ils retiennent de leur voisin et ce qu'ils choisissent de donner comme information à la classe. C'est sûr, je faisais un peu tache au milieu du groupe: à mon voisin, je n'ai parlé ni de mes goûts musicaux (mais c'est quoi, la psycho, bon sang??), ni de ce que je fais de mes samedis soirs (en l'occurence: pas grand chose)...

Nous sommes ensuite entrés dans le vif du sujet: contre-plongée, over the shoulder et plan hollandais n'ont plus de secret pour moi, et j'ai appris que je devais impérativement respecter la règle des trois tiers et celle des articulations (c'es-à-dire: placer les points d'attention aux intersections des tiers et de jamais couper un personnage au niveau des articulations) sous peine de recevoir une mauvaise note. Très scolaire, mais j'apprécie d'avoir des règles claires à suivre. Et j'ai également reçu des devoirs pour la semaine prochaine! Je n'arrive plus à me souvenir quand ça m'est arrivé pour la dernière fois... Je vous en dirai et montrerai plus quand ce sera fait.

Je suis sortie de ce cours très contente d'avoir passé un bon moment (bon sang, le prof est monté sur son bureau et nous a demandé de faire pareil, ça vous est déjà arrivé, à vous, à l'uni?!) et d'avoir commencé à apprendre quelque chose, mais avec l'impression qu'en effet, c'est pour le moment un peu en dessous de mon niveau. Cela tient, selon Pepe et selon moi, à deux raisons. Déjà, je commence à avoir un peu de pratique dans la photo, et ces mois de voyage m'ont entraînée, malgré moi, à la composition de l'image: j'ai ainsi déjà une certaine connaissance empirique et intuitive, même si mes idées sur le sujet ne sont ni très claires, ni très organisées. Ensuite, et c'est peut-être le point le plus important, je suis plus âgée que ces élèves...euh...étudiants, et je possède déjà une licence universitaire, qui plus est en lettres; cela implique que je suis théoriquement déjà rompue à l'analyse de toutes sortes d'informations, que je sais rassembler des idées et les synthétiser, et m'exprimer de manière claire et précise. Or, ce qui s'applique à l'écrit peut sans doute, dans une certaine mesure, s'appliquer au langage visuel. O, Ciel! Cela signifierait-il que j'ai en effet retiré quelque chose de mes six années d'université, et que je n'ai pas totalement volé ma licence??

Dans la voiture, au retour, Pepe et moi avons discuté pédagogie et rentrée scolaire comme deux collègues le feraient: unetelle, très superficielle; untel, on voit qu'il va faire le clown toute l'année. "Ils se connaissent à peine, mais ce week-end ils se seront déjà pris une cuite tous ensemble, et à la fin du quadrimestre chacun aura échangé sa salive avec la moitié des personnes de l'autre sexe...", a en outre souri Pepe. Il a ajouté que cela se passait toujours ainsi et qu'il l'avait observé dans tous les groupes de jeunes. Ah bon? Eh ben moi je ne me suis jamais bourrée la gueule avec les gens de l'uni, et j'ai échangé ma salive avec...voyons voir...zéro personne de ma classe en lettres (d'ailleurs nous on n'avait pas de classe fixe, ça aide pas). Je ne dois pas être très normale. J'ai sûrement manqué quelque chose, mais maintenant c'est trop tard, la sagesse et la maturité m'ont rattrapée! ;-))

Quoi qu'il en soit, je sens que je vais assimiler autant de technique pédagogique que photographique. Certes, Pepe enseigne à l'uni, alors que je me destine - encore que de manière très incertaine - à l'enseignement au cycle d'orientation: le public n'est évidemment pas le même. Je pense cependant que j'ai beaucoup à retirer de l'observation de l'attitude de Pepe, de ses intonations, de la façon qu'il a de mettre à l'aise les étudiants tout en les incitant à l'écouter. Et il me fait rêver: bon sang, prof de photo, ça c'est un job de rêve... Un jour, peut-être, qui sait.

Voici une photo que j'ai prise pendant le cours. On n'y voit pas la tête du prof, mais admirez les beaux dessins! Ceux-ci ont servi à illustrer le fait qu'il y a actuellement une norme de beauté fixe dictée par les médias, alors que les gens normaux ne ressemblent de loin pas à ces caricatures; pourtant, même un homme bedonnant se doit de porter une chemise propre et de la rentrer dans son pantalon s'il veut être pris au sérieux. En esthétique, messieurs-dames, c'est pareil: certaines règles sont faites pour être brisées, mais d'autres se doivent d'être respectées malgré tout, telle celle des tiers.




Bon et sinon voici une petite série de photos de "ma" ville et des gens qui y vivent.

"Mais qu'est-ce qu'elle fout?? Oh, encore en train de prendre des photos de tout et n'importe quoi pendant que je poireaute...pffff..."

Ces masques sont des masques de lutteurs. La lutte est un sport très prisé au Mexique, et certains lutteurs sont de véritables stars. Leurs masques, personnalisés, sont peu chers et très prisés des enfants comme des adultes.

Une animalerie, pleine de bestioles entassées les unes sur les autres...

Pour ces deux photos, je me suis amusée à changer la profondeur de champ, en faisant le point sur deux sujets différents... Mais la deuxième est malheureusement mal cadrée.

"Attends-moouuaaaa, je prends vite en photo les piments!"




Bon, et sinon je commence un peu à flipper parce que les élèves de français ne se bousculent pas au portillon malgré le nombre incroyable d'annonce que je colle et recolle chaque jour sur tous les poteaux du centre-ville. Mais je m'en fiche, parce que la cuisson des tortillas n'a plus aucun secret pour moi (à feu doux pour celle de farine, feu plus fort pour celles de maïs), que je sais différencier celles qui sont faites artisanalement des industrielles, que j'ai appris qu'elles possédaient un côté un peu plus creux qui est celui que l'on remplit, que je sais où acheter les meilleurs avocats mûrs à point dans le quartier et surtout défaire un fromage filandreux à la main et en déposer les fils au bon moment sur la tortilla qui commence à croustiller (merci à l'inépuisable patience d'Álvaro, qui ne se lasse pas de tenter de faire de moi une vraie Mexicaine). Et tout ça, mesdames et messieurs, c'est crucial pour réussir une bonne quesadilla à l'avocat, base de mon alimentation!! Bon, par contre après ça qu'on ne se demande pas comment j'ai pu prendre 5 kg en trois mois passés au Mexique...si ça continue, il vous faudra une pancarte à mon nom pour venir m'accueillir à l'aéroport quand je rentrerai, parce que vous ne me reconnaîtrez plus.

mardi 13 janvier 2009

((((( Des bonnes ondes d'Aguas )))))

Aujourd'hui je n'ai ni belles photos, ni récit haletant, ni profondes réflexions philosophiques à vous offrir... Non non, rien que quelques petites anecdotes sur ma vie hidrocalidienne qui se met gentiment en place, qui vous intéresseront peut-être si vous êtes insomniaque, que vous vous ennuyez au boulot ou que vous êtes ma mère.

Allons-y par ordre chronologique, si vous le voulez bien. Tout d'abord, je dois vous annoncer une nouvelle extraordinaire: j'ai maintenant un vélo! Mais oui, vous savez, un de ces fantastiques bidules à deux roues qui vous rendent tout joyeux quand vous les enfourchez! Je songeais depuis un petit moment à m'en acheter un, pourri, d'occasion; en effet, ici je ne comprends absolument rien au fonctionnement des bus, dont les trajets ne sont indiqués nulle part, et dont les arrêts ne portent pas de nom. Je savais dès le début que je me perdrais dans cette ville, étant donné que c'est définitivement ce que je sais faire de mieux dans cette vie-ci, y compris à Genève; je me suis donc dit que quitte à me perdre, je préférais le faire toute seule comme une grande avec mon plan de la ville et un vélo entre les jambes, que d'un bus à l'autre en emmerdant à chaque fois le chauffeur pour savoir où je dois descendre. Je suis donc partie, par une belle fin d'après-midi chaude et ensoleillée (facile, ici il fait toujours beau et chaud! :-p) en quête des magasins de vélos qu'Álvaro avait symbolisés par de petites croix sur mon grand et beau plan tout neuf. Arrivée au plus grand d'entre eux, j'ai demandé, avec mon plus beau sourire, s'ils n'avaient pas par hasard de vieux clous à vendre pour moins de 500 pesos...mais malheureusement non, ils n'avaient que de beaux vélos flambants neufs et trop chers pour ma bourse. Bon, la conversation s'est quand même engagée avec le patron, un court sur pattes d'une soixantaine d'années: "Tu es d'où? On parle quelle langue en Suisse? Tu vas rester combien de temps? Tu as déjà visité quels endroits au Mexique?" Je ne sais pas s'il a été flatté que je choisisse sa chère ville pour y vivre quelques temps, ou s'il apprécie juste les jeunes étrangères qui le dépassent d'une tête, mais en tout cas le type s'est décidé, en moins de trois minutes, à me prêter un vélo, comme ça, pour rien, et autant de temps que j'en aurais besoin. "Laisse-moi juste récupérer un grand rouge que j'ai prêté à quelqu'un, viens demain et il sera à toi." Voilà, aussi simple que ça! Et attention, c'est pas de la merde, son vélo, il s'est pas foutu de moi, le bonhomme! Alors certes, les Mexicains sont généreux et spontanément enclins à aider les autres, mais la question reste ouverte: ce cher monsieur m'aurait-il prété son vélo si j'avais été un homme, et Mexicain...? Octavio, mon hôte de San Luis Potosí, aurait sans doute ricanné en me signalant qu'il s'agit là d'un parfait exemple de malinchisme, cette tendance qu'ont beaucoup de Mexicains à donner la préférence à tout ce qui est fascinnemment étranger. Possible; en attendant, ça n'est pas moi qui vais m'en plaindre, et j'ai au moins essayé de combler la curiosité de mon généreux prestataire en lui racontant toutes sortes de choses sur mon pays et ma vie, tout en n'omettant pas de mentionner qu'Aguascalientes et les Mexicains m'enchantaient. Et depuis quelques jours, je suis la fière dépositaire d'une bicyclette qui me fait super mal aux fesses et dont le guidon est trop bas, ce qui me donne l'allure d'une coureuse cycliste. M'en fous, je m'éclate. Depuis le temps, j'avais oublié à quel point j'aimais faire du vélo. Bon, le problème c'est qu'ici absolument rien n'est aménagé pour les vélos, qui sont d'ailleurs peu nombreux; je dois donc faire doublement attention. Oh, et d'ailleurs je n'ai pas acheté de casque, ici absolument personne n'en porte... Qu'importe, il faudra que j'y remédie. Je me suis également fait klaxonner une ou deux fois parce que je n'ai pas encore compris toutes les subtilités du code de la route mexicain; il semblerait par exemple que, sous certaines conditions, les voitures puissent tourner lorsqu'un feu est rouge (comme aux States, ça doit rappeler quelque chose à Rodrigo!). Et puis les bus n'ont pas d'endroit vraiment spécifique pour s'arrêter, du coup ils m'emmerdent royalement lorsqu'ils s'immobilisent soudain au milieu de la route, juste devant moi. Mais tous ces inconvénients ne m'empêcheront pas de prendre mon pied à vélo, avec dans le sac mon plan d'Aguascalientes, dûment annoté: 1) la maison; 2) la maison de Pamela; 3) la maison de Fernando; 4) le grand supermarché; 5) le parc où Álvaro et moi allons courir; 6) l'université; 7) la Casa de la Cultura; etc.

Poursuivons par un peu de vie nocture, avec le récit de la palpitante sortie en boîte de nuit que j'ai vécue samedi soir. Une amie, Alejandra, m'avait proposé de la rejoindre dans une boîte de la périphérie; comme mon brand new vélo n'a toujours pas de lumière et que je ne suis pas vraiment d'humeur suicidaire, j'ai décidé qu'il serait plus sage de simplement lever la main pour attrapper un taxi dans la rue, malgré le fait que je déteste ce moyen de transport de bourges et qui pollue. Arrivé sur les lieux en question 3 CHF plus tard, j'ai fait s'étouffer de rire le chauffeur en lui disant que merde, l'endroit avait l'air bien "fresón", c'est à dire "bourge"; redoublement d'éclats de rires quand un type est carrément venu m'ouvrir la portière. Je suppose que le taxiste devait penser qu'une étrangère aux yeux clairs, prenant un taxi pour elle toute seule et habillée classe devait forcément fréquenter régulièrement ce genre d'endroit... Arrivée sur place j'ai pu constater que oui, vu le prix de l'entrée (5CHF sans consommation), le lieu était en effet plutôt chic, mais heureusement pas trop pour mon t-shirt arborant une sorte de smiley qui tire la langue. J'ai vite retrouvé mes copines sous une espèce d'anus de soie rose (!), et ai fait la connaissance des trois collègues japonais d'Alejandra, qui travaille chez Nissan (ils ont une succursale énorme ici). j'ai particulièrement sympathisé avec Noriko, une jeune fille (oui, pas évident de le deviner rien qu'au nom) qui vit à Aguascalientes depuis 9 mois, et ai pu constater que oui, une Japonaise, ça peut parler un très bon espagnol. J'adore ce genre d'expérience! Bon sang, nous nous comprenions parfaitement, utilisions les mêmes expressions typiquement mexicaines, faisions référence aux mêmes lieux et aux mêmes activités, alors qu'aucune de nous n'est née sur ce continent et que nous ne partageons absolument pas la même culture. C'est magique, les langues! (Ouais, bon, j'avais dit que je n'avais aucune réflexion profondément philosophique à écrire aujourd'hui, mais accordez-moi au moins celle-ci!)
Au fil de la soirée, j'ai pu constater que dans les boîtes de nuits mexicaine, ou tout du moins dans celle-ci, la musique que les DJ passent est à 80% hispanophone, et même mexicaine. J'ai également pu me rendre compte que tout le monde, y compris les trois Japonais, connaissait les paroles par cœur....me suis d'ailleurs sentie un peu con, la seule de la boîte à ne pas chanter. Expérience intéressante, en tout cas, mais un peu déroutante: comme si, chez nous, le quart d'heure Claude François, Louise Attaque et autre Indochine se prolongeait toute la soirée... (Oh, et d'ailleurs, tant qu'on en est à parler musique française, il paraît qu'Alizée est très populaire ici, tout le monde connaît "Moi Lolita", même s'ils ne comprennent absolument rien à toutes les allusions sexuelles de la chanson.)
Au retour, j'ai finalement trouvé un taxi après avoir marché un bout et m'être juré d'installer aussi vite que possible une lampe à mon vélo, et là j'ai enfin osé braver les conventions: je me suis installée à l'avant, à côté du chauffeur. Oui, je sais, ça ne fait pas trop, et je ne suis pas spécialement à l'aise à côté d'un inconnu, avec un rosaire ou un christ sanguinolent pendouillant dans mon champ de vision, mais il faut dire qu'à l'arrière des taxis, il n'y a JAMAIS de ceinture de sécurité. Alors merde, je ne vois pas pourquoi je jouerais avec ma vie sous prétexte qu'ici personne ne porte la ceinture à l'arrière, et bla bla bla. Les coutumes locales ont leurs limites.

Bon, et sinon mes diverses activités se mettent gentiment en place, et je m'emmerde moins. Je n'ai toujours pas d'élèves pour le français, parce que je n'ai toujours pas placardé d'annonce; mais je vais m'y atteler dès demain, et Fer m'a passé deux méthodes d'enseignement dont je vais pouvoir m'inspirer.
J'ai d'ores et déjà commencé les cours de dessin auxquels je me suis inscrite trois fois par semaine, et mon prof est très sympa et a complimenté ma manière de dessiner; de quoi me donner envie de continuer. Concernant la photo, tout se passe beaucoup mieux que je le craignais. En novembre, quand j'ai décidé de venir vivre ici quelques mois, j'avais dans l'idée de m'inscrire à deux cours différents, histoire de progresser rapidement; or, j'ai découvert il y a quelques jours qu'il s'agissait dans les deux cas d'un enseignement destiné aux détenteurs d'appareils argentiques, avec développement en labo et tout le tintouin. Merde alors, moi j'ai un appareil numérique... J'étais déjà à moitié désespérée quand Álvaro m'a trouvé des cours pour appareil numérique à l'université le samedi matin. Bien! Je comptais m'y inscrire, ai pédalé jusqu'à là-bas et me suis perdu entre les différents bâtiments, pour enfin constater que le bureau s'occupant des cours était déjà fermé. Heureusement, en fait; parce que quelques heures plus tard, j'ai fait la connaissance de Pepe, un ami d'Álvaro qui tiens, va justement commencer à donner des cours de photo ce lundi! Quand il m'a demandé si j'étais matinale, j'ai fait la grimace: ses cours commencent à 7h du matin. Mais quand il a ajouté que grâce à une magouille je pourrais assister aux cours (faisant partie d'un cursus universitaire) de manière totalement gratuite et qu'en plus lui-même viendrait me chercher en voiture à 6h45 tous les lundis...ma foi j'ai dit oui sans hésiter! Après avoir vu les photos que j'ai fait développer, Pepe s'est montré assez admiratif, m'a dit que je transmettais beaucoup d'émotion et qu'il craignait que le cours ne soit en-dessous de mon niveau. J'ai dû le détromper: ma composition est bonne, oui, mais niveau lumière et réglages de l'appareil, c'est juste parce que mon matériel fait tout le boulot que je réussis mes photos, et de loin pas toutes! Je suis donc persuadée que ces cours me seront utiles, et me réjouis d'avoir une note pour chaque travail, comme les autres étudiants, afin de pouvoir réellement savoir où je me situe.
J'ai appris un peu plus loin dans la conversation que Pepe faisait aussi du théâtre; quand j'ai mentionné mon passé (assez peu glorieux, il faut bien le dire) d'improvisatrice, il m'a proposé de l'aider à encadrer, de temps en temps, un groupe d'adolescent à qui il donne justement des cours d'impro. J'ai évidemment accepté avec plaisir, parce que j'ai envie de rencontrer des gens et que les adolescents m'intéressent (même si j'ai souvent eu envie d'étrangler mes élèves du cycle d'orientation), et parce que je sens déjà, après seulement une heure de conversation, que Pepe va devenir un de mes bons amis, un de ceux que je regretterai lorsqu'il me faudra mettre les voiles*...un jour.
Pour en revenir à la photo, il se trouve que j'aurai également l'opportunité de suivre les fameux cours de photo argentique auxquels je pensais ne pas pouvoir participer; en effet, alors que j'expliquais ma situation à Cristina, une amie d'Álvaro (que ferais-je sans lui, vraiment!), celle-ci m'a spontanément proposé de me prêter son appareil argentique autant de temps que j'en aurais besoin. Bon, l'exposimètre de l'appareil - le bidule qui sert à mesurer la lumière - est foutu, et je vais arriver au milieu d'un cours qui a déjà commencé, donc ça risque d'être un peu folklo...mais j'aurais été vraiment conne de refuser une telle opportunité!

Voilà, c'est tout pour le moment! Il y a seulement une semaine, j'avais, je l'avoue, quelques doutes concernant ma décision de venir vivre ici: certes, la ville et les gens me plaisaient toujours autant, mais mes amis avaient désormais moins de temps à me consacrer puisqu'ils avaient repris le travail, et je voyais avec une certaine crainte mes projets de photo et de français prendre l'eau*. Mais là il semblerait que le vent ait vraiment tourné en ma faveur* depuis quelques jours: on me prête un vélo et un appareil photo, on m'offre des cours gratuits, je me fais des amis et élargis mon réseau... que demander de plus, franchement?? Ah oui, que je trouve des élèves de français, parce que j'ai vraiment envie de travailler et de gagner mon propre argent au lieu de dilapider celui que mon père avait mis une vie à amasser. Ça ne devrait pas être trop difficile, justement parce que je suis en train d'élargir le cercle de mes connaissances, qui vont me faire de la pub.

Y a pas à dire, je suis vraiment une fille vernie, et l'eau chaude de cette ville-là est décidément pleine de bonnes ondes à mon égard*.



*Admirez-moi cette belle métaphore filée (quatre occurrences, aux quatre astérisques) sur le thème de la navigation et de l'eau, si c'est pas joli, ça, Messieurs-dames! ^^

vendredi 9 janvier 2009

Mi barrio

Bon, je n'ai pas grand chose à raconter, ou en tout cas rien qui soit susceptible de vous intéresser. Je suis toujours en stand-by concernant les cours que je compte prendre et ceux que j'espère pouvoir donner, je vous en dirai plus lorsque les choses auront progressé. En attendant, je sais que vous êtes une poignée à vous intéresser de près à ma vie, et que certains d'entre vous auront du plaisir à en savoir un peu plus sur l'endroit où je vis (je pense surtout à ma pauvre maman, qui se connecte trois fois par jour pour vérifier si j'ai posté un nouveau message); cet après-midi, j'ai donc saisi à deux mains mon fidèle appareil photo et ai arpenté mon quartier, afin d'en tirer quelques clichés à poster ici. Les photos suivantes ne sont pas fantastiquement belles (j'ai vraiment un problème quand le soleil est rasant, en fin de journée) ou originales, mais j'ai essayé de faire en sorte qu'elles vous donnent une idée de mon quartier.

Bon alors oui, ma porte est bleue...et d'accord, cette photo ne donne pas vraiment une bonne idée de mon quartier, mais bon, hein, c'est de l'art!

Quand on sort de l'appartement, qui est au rez-de-chaussée, on doit encore franchir cette jolie grille bleue, fermée par un cadenas, et qui s'accorde parfaitement avec le container placé juste devant.
Une vue plus large de ma rue.
Au coin de la rue, tout près de chez moi, il y a un bar nommé le "Submarino", dont la déco extérieure me fascine. "No ponga los pies", ça veut dire "Ne mettez pas les pieds". Hahaha.

Ca, c'est le petit magasin où j'achète parfois des pommes et des goyaves en rentrant à la maison.


Quelques mètres plus loin, voici le Jardín de San Marcos. C'est un endroit très agréable, où j'adorerai passer un moment avec un bon bouquin quand j'aurai retrouvé mon envie de lire. Si vous la voyez, dites-lui que je l'attends...



Devant le Jardín se trouve une place joliment pavée, avec une église.
Continuant encore un peu, voici l'Exploplaza. C'est l'endroit où se tient, chaque année en avril, la feria de San Marcos, la plus grande du pays, pour laquelle la ville est connue.
C'est dans ce coin-ci, au fond à droite, que je vais courir, un peu gênée au milieu des couples d'amoureux qui s'y bécotent à la nuit tombée.



Ces trois rois mages sont là depuis un bout de temps, perchés sur le toit d'un resto qui s'illumine quand il fait nuit. Je me demande jusqu'à quand ils vont les laisser...
Voilà, je ne vais en général pas plus loin de ce côté-ci.

Les deux photos qui suivent ont également été prises dans mon quartier, dans ma rue, en fait, mais dans la direction opposée.

Je suis passée des dizaines de fois devant cette façade, fascinée. Je la trouve magnifique. Ici, la peinture est très souvent écaillée, mais la plupart du temps les maisons sont peintes dans des couleurs lumineuses et joyeuses.
Et là, bon, c'est ailleurs, mais toujours dans le centre.





Et je me rends compte que je n'ai pas encore posté de photo où l'on voit distinctement le visage de mon fantastique coloc! Voici donc la toute première photo que j'avais prise d'Álvaro, lors de mon premier départ d'Aguascalientes, en novembre. Ceci en est la version modifiée, qui trône en haut des portes de nos chambres...on n'a évidemment pas des têtes aussi rouges dans la vraie vie.

Qui suis-je?

Ma photo
Genève, Genève, Switzerland