Les quelques personnes qui suivent mes vagabondages depuis le début se souviennent peut-être de Lorena. Lorena, c'est la Mexicaine que j'avais rencontrée à Vancouver, chez Destinee, lors de ma toute première expérience de couchsurfing, et que j'avais revue, en compagnie de son copain Mariano, sur Vancouver Island quelques jours plus tard. Nous n'avions passé que peu de temps ensemble, mais avions partagé beaucoup. Avec elle j'avais mangé des puces grillées au feu de bois sur une plage du Pacifique, vu des ours de près, nagé nue dans un lac très, très froid et appris à embrasser les arbres pour ressentir leur énergie. J'avais également été témoin du fort amour naissant qu'elle partageait avec l'Espagnol Mariano, qu'elle venait de rencontrer, et de leur tristesse à l'idée qu'ils devaient se séparer bientôt (vous trouverez ce récit sous "Vancouver Island, suite et fin", daté du 2 septembre). Lorena m'avait laissé une forte impression, et il était convenu que nous nous reverrions, si possible, dans son pays natal. Eh bien cinq mois plus tard, c'est finalement chose faite!
Cela faisait plusieurs jours que j'aurais dû aller la voir, mais nous repoussions toujours, pour une raison ou pour une autre; j'ai fini par me faire à l'idée que je ne pourrais passer que peu de temps à Guadalajara et ai enfin débarqué là-bas ce jeudi matin. Nous avons passé la journée dans le centre de la ville, plutôt joli. Malgré tout, on sent qu'on se trouve dans la deuxième ville du pays, et tout est un peu trop grand à mon goût, sans compter le trafic incessant; mais peu m'importait, finalement, puisque j'étais avant tout venue voir Lorena.
Guadalajara, c'est la petite étoile au milieu de l'état orange de Jalisco (que j'ai déjà eu l'occasion de mentionner dans mon dernier post), et Aguascalientes c'est le point au sud du tout petit état du même nom, collé au nord-est de Jalisco.
Lorsque je l'avais laissée, tout début septembre, pour descendre aux Etats-Unis avec Rodrigo, Lorena avait contracté une méchante infection aux reins et était mal en point. Elle est alors restée quelques semaines alitée chez Destinee à Vancouver tandis que Mariano était en Equateur. Lorena, qui était venu au Canada pour se faire un peu d'argent en cueillant des fruits, a compris qu'il ne servait à rien de rester là-bas, malade, et a fini par rentrer chez elle, à Guadalajara. C'est à ce moment-là que l'impulsif Mariano, décidant qu'il voulait la voir, a pris un avion pour le Mexique; une ou deux semaines de convalescence pour Lorena et tous deux se retrouvaient sur les routes du sud, à vélo, pour deux mois. Un voyage un peu éprouvant qui, m'a-t-elle dit, lui a fait prendre conscience que Mariano possédait, comme tout le monde, ses défauts. Lui est retourné en Espagne en décembre tandis qu'elle est restée à Playa del Carmen pour gagner un peu d'argent, avant de finalement rentrer chez elle il y a quelques semaines. Et là, elle part lundi pour Madrid, où elle va, si tout se passe bien, rester trois mois, travaillant au noir, histoire de savoir si l'amour qu'elle partage avec Mariano est viable ou non. Lui les imagine déjà "happily ever after", mais elle a de sérieux doutes et, surtout, est consciente qu'elle a son propre chemin à parcourir. Elle a en effet plusieurs rêves: tout d'abord, aller en Inde, vivre et travailler dans une ferme et apprendre le sanskrit; puis à plus long terme, elle souhaite acheter du terrain au Mexique et fonder une sorte de communauté, basée sur le travail de la terre, et elle se voit déjà apprendre la sciences des simples et autres plantes médicinales. Une allumée, pensez-vous? Moi je ne crois pas. Lorena a un an de moins que moi, mais j'aimerais avoir sa force de caractère et sa volonté, alliés pourtant à une grande douceur et à une énorme capacité à aimer les autres. "J'avais commencé à étudier l'Histoire, à l'Université", m'a-t-elle dit, "mais j'ai senti que, même si ça m'intéressait, ça n'était pas pour moi. Ça m'a pris du temps et beaucoup de souffrance, mais j'ai fini par accepter le fait que j'étais une originale et ne pouvais pas suivre le même chemin que les autres. J'accepte maintenant totalement mon côté mystique et vais tout faire pour réaliser mes rêves, même si cela doit exclure Mariano de ma vie."
Le soir, j'ai fait la connaissance de la mère et du petit frère de Lorena, qui vivent dans un modeste appartement de la périphérie. Le petit frère à engrossé, à 18 ans, sa copine de l'époque, et est désormais papa depuis quelques jours. Il n'est plus en couple avec la mère du bébé et celle-ci ne travaille pas... Une situation très fréquente au Mexique. Lorena ne s'est pas privée de traiter son frère d'irresponsable immature et de lui dire ce qu'elle pensait de la mère du petit, mais cela ne l'a pas empêchée de dépenser en couches et nourriture pour le bébé tout l'argent qu'elle avait durement gagné à Playa del Carmen. Il faut bien que quelqu'un assure la survie de ce gosse...
Je comptais ne partir que samedi matin, mais Lorena m'a annoncé la mort dans l'âme qu'on lui avait proposé un boulot très bien payé pour toute la journée du vendredi et qu'elle ne pouvait pas vraiment se permettre de le refuser en ce moment. J'aurais pu rester un peu et me promener seule au centre ville, mais je n'en avais pas envie et n'aurait en plus pas eu de clé de l'appart pour aller et venir à ma guise, sans compter que je n'avais pas envie de me perdre dans une énorme ville; j'ai donc pris un bus pour Aguas à peine 24 heures après mon arrivée. C'est peu de temps que j'aurai passé avec Lorena, mais ça m'a suffit pour repartir la tête pleine d'idées nouvelles, inspirée (oui, Isa, oui, Sandra, j'admets que je vire un peu mystique...mais ne vous en faites pas, je garde les pieds sur terre). Je doute de beaucoup de choses, mais une chose est sûre: je vais tout faire pour maintenir cette amitié vivante.
Voici l'emblème de Guadalajara qui, curieusement, ressemble beaucoup à celui de Madrid, la ville de Mariano, sauf que là-bas les ours remplacent les lions. Un signe? L'arrêt de metro de Lorena s'appelle "España", et son café favori "Madrid"...
Au marché, au rayon sucreries artisanales (non non, je ne faisais que regarder!). Une petite blague difficilement traduisible...j'ai bien peur que les non-hispanophones, malheureux soient-ils, ne puissent en saisir tout le sel: "C'est quoi, Grand-Papa?- Des tolondrones! - C'est pour quoi, Grand-Papa? - C'est pour les questionneurs!" Et bon, moi je ne sais toujours pas ce que c'est.J'ai rencontré Paola, une amie de Lorena qui a eu un bébé à 19 ans et s'en est sortie toute seule. Le bébé a maintenant presque 8 ans, s'appelle Julia, est incroyabelement vive et intelligente et a la même cicatrice que moi au-dessus de la lèvre.
Une mendiante à l'entrée d'une église. Il y a plus de mendiants à Guadalajara qu'à Aguascalientes, étant donné que la ville est plus grande, mais rien à voir avec ce que j'ai pu voir à Vancouver et San Francisco, qui pourtant se situent dans des pays plus riches que le Mexique. Bon, il paraît qu'au sud la pauvreté saute bien plus aux yeux, j'attends de voir.
Une peinture murale qui m'a pas mal impressionnée mais zut, j'ai oublié le nom de l'artiste.
Un peu flous, Lorena et son tatouage, qui représente son kin, ou signe, dans l'horoscope maya, en l'occurence le miroir. Que mes proches se rassurent: non, je ne me suis pas fait tatouer le mien entre les seins, et je n'ai pas l'intention de le faire.Et ça c'est juste une photo rigolotte prise dans les toilettes de la gare routière.
vendredi 30 janvier 2009
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4 commentaires:
Naaaaaaaaaathhhhhhhhhh !!!!!!!!
Il faut que tu rentres de TOUTE URGENCE !!!!!!!!!
Tu vas rater l'expo de Thierry Vernet ;o)
Oooooooooh!!! Oh naaaaaaaaannnn!!!
Bon alors je me fous de savoir si t'es surchargée de boulot, tu prends ton appareil photo et tu fonces à l'expo!! :-D
Je suis content que tu aies pu la revoir. Son histoire est singulière mais en même temps, c'est quelqu'un qui se dit, et bien qui ne tente à rien, n'a rien.
Alors le tatou entre tes deux seins ? Beins pourquoi pas ? ;-)
Bisous depuis Melbourne
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