J'ai surtout aimé écouter son histoire: il y a quelques années, Aldo a commencé à prendre des cours de russe, et puis au bout d'un an, il a arrêté, se disant que ça ne lui servirait probablement à pas grand chose dans la vie. Ayant toujours beaucoup voyagé, il est parti en 2007 pour Montréal, avec dans l'idée d'apprendre le français. Il l'a appris, mais il a surtout rencontré Masha, une Ukrainienne qui était logée par le même hôte que lui. "Quand je suis allée la chercher à l'aéroport, je suis immédiatement tombé amoureux d'elle", m'a-t-il raconté. Ils ont vécu ensemble trois mois à Montréal, puis il était temps pour Aldo de rentrer au Mexique; il est rapidement retourné la voir, puis de nombreux mois se sont écoulés avant qu'il ne puisse aller la retrouver en Ukraine. Et devinez quelle langue parlent les Ukrainiens? Ben oui, surtout le russe! En attendant d'aller rejoindre sa dulcinée, Aldo s'est donc remis à cette langue qu'il avait commencé à apprendre sans savoir qu'elle lui serait un jour tant utile, et presque deux ans après leur rencontre, Masha et lui communiquent dans un mélange d'anglais, de français, de russe et d'espagnol, langue qu'elle a de son côté commencé à apprendre. C'est-y pas mignon? Le projet d'Aldo est maintenant de terminer ses études en relations internationales puis de larguer définitivement les amarres, en décembre, pour aller vivre à Kiev, avec Masha. "J'ai un peu peur", m'a-t-il dit, "parce que si ça ne marche pas avec elle, je me retrouverai là-bas tout seul, j'aurai vendu tout ce que j'ai ici... Mais de toute façon je ne veux pas vivre au Mexique, et puis il y a des milliers d'Ukraniennes magnifiques!" Il a, selon moi, la bonne attitude, alliée à la chance de savoir ce qu'il veut.
Une photo prise du rebord de la chambre où je dormais. La vue est belle, mais je ne l'ai même pas prise en photo. Je me suis fait la réflexion que je ne serais pas capable de reconnaître une ville mexicaine d'une autre, comme ça, de loin, tant toutes se ressemblent plus ou moins: de nombreuses petites maisons, quelques immeubles, et au loin des collines sèches. De même, même si chaque ville ou village possède sa particularité, tous ont un style commun, le même genre de cathédrale, de place centrale, les mêmes magasins... A part Aguascalientes, je ne suis jamais restée assez longtemps dans un endroit donné pour pouvoir réellement m'impreigner d'un lieu en particulier, et pour moi tous se ressemblent, et finiront sans doute par se fondre en un cliché flou dans quelques années. Mais loin de me désespérer, je trouve quelque part cela rassurant: quand j'ai regardé par la fenêtre de ma chambre à Querétaro, je me suis dit: ben oui, c'est le Mexique. C'est rassurant. Je connais ce paysage, il m'est familier.
En attendant les changements radicaux que me réserve le sud du pays, j'ai en tout cas réussi, dans une certaine mesure, à m'approprier le centre.
Voici quelques photos prises au centre-ville.
Le fameux aqueduc de Querétaro, construit par un noble espagnol qui voulait conquérir la belle nonne dont il était amoureux, en lui apportant son eau jusqu'au couvant où elle demeurait.
Depuis Querétaro, j'ai directement pris le bus pour Morelia, où j'avais déjà passé quelques jours en février. Ici vivent Violeta et Simon, le couple que j'avais rencontré à Chihuahua en décembre. Violeta enseigne ici le français, et je vais la remplacer durant trois jours, étant donné qu'elle et Simon partent pour New-York demain matin. Je n'aurai passé que peu de temps avec eux, mais ça m'a fait plaisir de les revoir. Et pour l'anecdote, Simon et Violeta en sont encore à chercher un canapé où dormir, à NY: il semblerait que, malgré le nombre impressionnant de couchsurfers présents dans cette ville énorme, il est assez difficile de trouver où atterrir, les hôtes étant assez stricts et chipoteurs quant à l'hébergement, et ayant une liste de critères à remplir. Peut-être la majorité d'entre eux cherchent-ils simplement à héberger des gens intéressants? Je ne sais pas, et je ne veux pas juger trop vite; je constate juste qu'ici, au Mexique, j'ai reçu 5 réponses positives et enthousiastes aux 5 requêtes que j'ai envoyées en urgence... La chaleur des gens du sud et leur tendance au partage n'est donc pas qu'un cliché, à mon humble avis. J'ai choisi le bon pays.