Cobá commence à être célèbre pour ses ruines; mais comme le pays n'a pas beaucoup de crédits à injecter dans les fouilles archéologiques, la grande majorité du site reste enseveli sous la jungle. Sympa. Ma mère est montée dans une sorte de pousse-pousse fixé à un vélo conduit par un guide, tandis que j'ai, quant à moi, insisté pour louer un vélo rien que pour moi.
A Cobá, il y a aussi un petit lac, dont les eaux troubles accueillent des crocodiles, mais nous n'en avons malheureusement vu aucun.
La pyramide la plus importante de Cobá.
Le soir, nous avons fait la connaissance d'une quadragénaire néozélandaise, tatouée et heureuse propriétaire d'une impressionnante poitrine qu'elle laissait joyeusement pendre jusqu'à son nombril, ainsi que d'un novio mexicain de dix ans de moins qu'elle, qu'elle entretenait et avec qui elle voyageait dans tout le pays. Il a plu, puis tonné, et la lumière s'est éteinte d'un coup alors que nous étions en train de finir de souper sur la terrasse: coupure de courant due à la chute d'une ligne à haute tension. Durant une heure, c'est donc à la lueur des bougies que s'est poursuivie notre conversation avec l'exubérante et bavarde Néo-Zélandaise. Entre deux "bloody" et trois "fucking", nous avons appris que celle-ci avait des talents de médium et comptait les exploiter pour gagner sa vie au Mexique, où elle avait déjà longuement voyagé et comptait s'établir. Dans une atmosphère de fin du monde, elle nous a raconté la vision qu'elle venait d'avoir de ma soeur, suspendant des vêtements sur une barre métallique vide, au milieu d'un grand entrepôt. Ah. Mais attention, hein, ces vêtements seront sa propre création, parce qu'elle a un grand potentiel créatif! Isa, te voilà donc prévenue: ton destin est écrit, tu seras créatrice de fringues. J'ai dit.
Puis sont arrivés les électriciens, qui ont rapidement réparé les câbles tombés à terre, faisant revenir la lumière. Efficaces et rapides, mais je suppose qu'ils ne se pressent pas autant dans les zones que ne visite aucun touriste...
Le lendemain, nous avons pris le bus pour Valladolid, jolie petite ville toute proche, et bon point de chute pour explorer la région. Nous y avons déniché un petit hôtel très sympa, et ce matin nous sommes allées visiter les fameuses ruines de Chichén Itzá. Chichén Itzá, c'est l'attraction n°1 de la péninsule du Yucatán, peut-être même du Mexique, et on le ressent dès l'entrée: distributeurs de boissons, des tas de stands d'artisanat, des affiches proposant des guides dans cinq langues, et même deux bancomats (hors service). Je ne voulais pas qu'on prenne un guide, nous avons donc commencé la visite seules; mais rapidement, hébétée par le soleil de plomb et un peu désorientée, j'ai cédé et nous avons accepté l'offre à un prix exorbitant d'un paisible guide, quinquagénaire et trapu. Quand nous il nous a interpellées, il était tranquillement assis à l'ombre d'un temple, en train d'étudier avec application dans son Studio 100, une méthode de français. Il ne se sentait pas encore tout à fait prêt à guider des touristes en français, nous a-t-il dit dans la langue de Molière, mais il n'y avait aucun problème pour l'anglais. Ce type parle donc maya, espagnol, anglais et assez bien le français, sans compter qu'il se met gentiment à l'allemand...eh ben bravo, moi je suis admirative et envieuse.
Au fil du chemin, il nous a raconté plein de trucs sur les Mayas et Chichén Itzá, mais je ne vais pas vous gaver d'informations - d'autant que je dois avouer que je n'ai pas toujours écouté d'une oreille très attentive, étant donné que la chaleur me faisait quelque peu divaguer et que, surtout, l'accent de notre guide était absolument affreux.
Voilà quand même une info intéressante que j'ai retenue: selon notre guide, les scientifiques auraient désormais prouvé que les Mayas, qui ont vécu dans tout le sud-est du Mexique, ainsi qu'au Guatémala actuel, seraient arrivés, en des temps préhistorique, d'Asie. "Nous les Mayas", a-t-il expliqué, "nous possédons certaines caractéristiques physiques: nous sommes petits, bruns de peau, nous avons la tête ronde, les yeux noirs et un petit cou; mais nous avons aussi, tous, une tache de naissance dans le bas du dos, au-dessus du coccyx. Cette tache est sombre et étendue lorsque le sang est pur, plus petite et plus claire lorsqu'il s'agit d'un métis. Mais tous les Mayas l'ont, et ce qui est extraordinaire, c'est que les Asiatiques l'ont aussi! Les Chinois, les Japonais, les Coréens! Nous sommes parents avec eux." Intéressant, même si tous les Asiatiques ne sont pas marqués de la fameuse tache.
J'ai également retenu que, dans la péninsule du Yucatán, 60% des habitants parlent un des 30 dialectes mayas, desquels 5% ne parlent pas l'espagnol...c'étaient les statistiques du jour.
Ci-dessous, le fameux "château", le temps le plus important de Chichén Itzá. Jusqu'à peu, on pouvait encore le gravir et y entrer, mais on doit désormais se contenter de l'admirer depuis l'extérieur.
Ce mur est décoré de centaines de bas-relief représentant des crânes. Le tout était peint en rouge, parce qu'on arrachait la peau des condamnés à mort qui, évidemment, saignaient abondamment...
Un cenote. Les Mayas croyaient que ces lacs étaient la porte d'entrée de l'enfer; c'est pourquoi ils y jetaient les sacrifiés, volontaires, couverts de bijoux. Hum... Maintenant que j'y pense, ça n'a pas grand sens: si elles allaient en enfer, pourquoi était-ce un honneur pour les victimes d'être sacrifiées...? Je n'ai pas dû tout suivre. Il faut dire que je n'étais pas très concentrée quand le guide a donné son explication, puisque, mourant de faim, j'avais, enfin, déniché un paquet de biscuit et le dévorais avec un vif plaisir teinté de remords en pensant à mes fesses rebondies.
A l'intérieur de l'enceinte des ruines, plein de vendeurs de bijoux en argent, de sculptures et autres nappes colorées. De minuscules bonnes femmes toute fripées s'approchent dans leurs robes blanches aux broderies de couleurs pour vous tenter de vous vendre des mouchoirs, et tous cassent les prix. "Ils devraient économiser en prévision des périodes difficiles comme celle-ci", a commenté notre guide, "mais ils dépensent tout au jour le jour, et ont en plus plein de crédits pour la télé ou la voiture".