J'étais déjà bien enthousiaste à l'idée d'accueillir mes tous premiers voyageurs quand j'ai reçu de Fer un message msn qui disait à peu près (en traduction libre): « No maaaaaaames, tu vas héberger les gars de Invisible Children!! Ouaaaaah, c'est trop bieeeeen!! J'allais de toute façon aller les voir aujourd'hui, mais là en plus on aura l'occasion de discuter avec eux!» Euh...oui, si tu le dis, Fer, mais c'est qui, les Invisible Children? Un groupe de rock?
Non, je n'y étais pas du tout. Invisible Children, c'est le nom d'une organisation humanitaire qui a pour but de libérer les enfants-soldats victimes de la guerre en Ouganda. Tout a commencé en 2003, lorsque trois jeunes Californiens passionnés de cinéma sont partis pour l'Afrique, sans un sou en poche, en quête d'un documentaire à réaliser. Une fois sur place, ils ont rencontré d'anciens enfants-soldats qui avaient pu échapper à leur sort, et se sont retrouvés brutalement confrontés à la réalité de ce coin de notre planète: chaque jour, des centaines d'enfants sont enlevés à leur famille pour être enrôlés dans la Lord's Resistance Army (LRA). Cette armée, c'est celle de Joseph Kony, le tyran qui, depuis 23 ans, tente d'imposer dans son pays une théocracie basée sur les dix commandements. Or, nos trois Californiens, au lieu de simplement rentrer chez eux pour tenter d'oublier ce qu'ils avaient vu, sont restés et ont cherché par tous les moyens de changer la situation. Ils ont tourné un documentaire, créé Invisible Children, puis ont organisé des évènements dans le monde entier pour tenter de sensibiliser l'opinion sur cette guerre et attirer l'attention des médias.
Les cinq Américains que nous avons reçus font justement partie de cette organisation, et sont en tournée au Mexique pour montrer le dernier documentaire en date aux foules estudiantines de plusieurs villes du pays et leur indiquer comment ils peuvent s'impliquer. Il se déplacent dans un grand van pourrave et passent chaque nuit dans une ville différente, mangeant et se logeant à leurs frais. Álvaro est allé les chercher, les a guidés jusqu'à la maison, et après avoir fait rapidement connaissance, nous nous sommes dirigés vers le lieu de la conférence, une université au sud de la ville. Le petit film que nous avons vu est plutôt émouvant, et il permet de prendre conscience de pas mal de choses. En voici le lien, regardez-le, il ne dure que 36 petites minutes et est très bien fait:
http://www.invisiblechildren.com/marchhouseparty/
Bon, ces deux portraits d'Álvaro et de Fer n'ont pas grand chose à voir avec le sujet, mais je les aime beaucoup. Les photos ont été prises alors aque nous attendions que nos amis finissent de répondre aux questions des étudiants, après le film.
Après la conférence et la vente de t-shirts, nos cinq Californiens, Álvaro, Fer et moi sommes retournés en ville, histoire de manger un peu et de faire découvrir, rapidement, le centre à nos invités. Nous avons passé des moments très agréables, passant sans arrêt de l'espagnol, que tous parlent, à l'anglais...que nous autres Hidrocálidos parlons tous également. Deux de nos amis Californiens sont également Mexicains, et j'ai pu constater que leur accent espagnol est légèrement différent de celui de mes amis nés ici. Intéressant! Et encore plus intéressant d'écouter leurs histoires, ce qui les a poussé à s'investir dans cette cause, ce qu'ils attendent de la vie, ce qu'ils ont déjà pu vivre durant leurs jeunes années. Aucun d'entre eux n'a un futur clairement défini, mais tous s'investissent, ont une cause à défendre, des projets...de quoi me donner matière à réflexion.
Fer, Chad et Willie sur la place de la cathédrale. Je m'essaie ces temps à la mise au point manuelle, mais c'est pas encore gagné.
De retour à la maison, nous avons regardé, grâce à un rétroprojecteur, "The Rescue", le nouveau plan de sauvetage qui a été officiellement dévoilé hier. Il s'agira, le 25 avril, de se réunir dans l'une des cent villes du monde participant à l'opération, et de s'auto-séquestrer en attendant que les médias viennent nous délivrer, tout comme les enfants Ougandais attendent leur délivrance. Autant dire que Fer, Álvaro et moi avons déjà prévude faire le voyage à Guadalajara à cette occasion. Je ne sais pas si quelque chose sera organisé en Suisse.... Je suppose que nous n'avons pas de ville assez grande, mais il y a sûrement quelque chose à Paris, pour ceux d'entre vous qui sont motivés.
Tout ceci peut sonner utopiste, et ça l'est sans doute en grande partie; mais je crois que c'est ainsi qu'on peut tenter de faire avancer le monde. Grâce aux différents petits films que j'ai vus, et en discutant avec nos invités, j'ai pu me rendre compte que notre génération, celle d'internet, a acquis un pouvoir que nos parents n'avaient pas. Les manifestations actuelles se déroulent simultanément dans le monde entier et youtube sert de relai pour alerter les gens qui ont le pouvoir. Ce passage, extrait du documentaire, m'a particulièrement frappée; voici ce que dit Luis Moreno-Ocampo, le "chief prosecutor" à la cour criminelle internationale:
"It's interesting to see how things are changing. When Rwanda happened there was no activism in teh western countries. Now Uganda, Darfour create activism. The issue is how people learn how to be more effective. It's not enough to lobby its own government, it's time to go to the global system, and that's something we are learning. It's a new world, it's a 21st century situation. This is for young people, you know, this concept is for young people. So for people of my age, 55, wow it's incredible; for people like 25, it's normal! So that's why we need them, we need these young guys who understand [...]. For them, the world is their community, it's important to connect all these people from all over the world. [...]"
Eh bien ce monde a peut-être de gros problème, mais je suis néanmoins contente d'être née à mon époque et de pouvoir vivre ce que je vis grâce à internet et à la globalisation.
Zarina, Willie (au délicieux accent espagnol d'Espagne), Álvaro (mon cher coloc), Roberto, Fer (que vous connaissez déjà, c'est chez lui que j'ai atterri quand je suis arrivée en novembre), Andrea et Chad.
Une fois la photo de groupe prise, il était temps pour nos invités d'aller se coucher, les filles dans mon lit et les garçons parterre, dans leur sac de couchage. Debouts à 4h du matin, il était déjà temps pour eux de partir pour San Luis Potosí et le DF, où ils étaient attendus. Après leur avoir dit au revoir, je suis quant à moi retournée au confort d'un bon lit chaud et d'une bonne nuit de sommeil, enviant cependant ces cinq personnes qui savaient pourquoi elles se levaient le matin.
1 commentaire:
Pour revenir à ton pied gauche : c'est vraiment un beau tableau, très réussi. Cependant il me semble que cela suffit, plus serait déjà trop, à mon goût.
En ce qui concerne le sujet du 26 mars, j'admire les gens qui s'engagent pour l'humanitaire.
Biz
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