lundi 9 février 2009

Guanajuato + San Miguel (again)

Je reviens d'un petit week-end fort sympathique passé dans l'état de Guanajuato, avec Carlos, l'un des deux frères qui m'avaient hébergée en octobre-novembre à Zacatecas. Nous sommes d'abord arrivés à Guanajuato, capitale de l'état, ville surtout connu pour son festival, le Cervantino, dont tout le monde me parle depuis mon arrivée au Mexique. "Oh, t'es pas allée au Cervantino? Tu sais pas ce que tu rates...", "Comment ça, tu n'as pas encore vu Guanajuato?! C'est super beau, il faut que tu ailles!", etc. Bon, le Cervantino ce ne sera pas pour cette année, mais au moins là maintenant je peux enfin dire que oui, je connais Guanajuato.

Carlos et moi avions prospecté une dizaine de jours à l'avance sur www.couchsurfing.com et envoyé plusieurs requêtes, mais soit on ne nous a pas répondu, soit les quelques hôtes présents sur le site étaient indisponibles; comme quoi le couchsurfing n'est pas la panacée absolue. J'ai donc relevé des adresses d'auberges de jeunesse, et c'est dans l'une d'elle que nous avons atterri, après avoir garé la voiture dans le centre-ville de Guanajuato. Et ma foi oui, la ville est belle, très belle, mais je m'attendais à quelque chose d'un peu différent de ce que je connaissais déjà; au lieu de quoi, j'ai découvert une ville construite en étages, pleine de petites ruelles étroites et pavées, sinuant entre de jolies maisons très colorées; en d'autres mots, un mélange de Zacatecas et de San Miguel de Allende. La seule chose qui, à mes yeux, différencie vraiment Guanajuato de ces deux villes est le phénoménal entrelac de rues souterraines. C'est par celles-ci que nous sommes entrés, et j'étais réellement stupéfiée; malheureusement, de nuit et en mouvement, il est difficile de prendre des photos de qualité (et bon, j'avais vraiment la flemme), du coup il vous faudra me croire sur parole. C'est en tout cas bien marrant de rouler sous terre dans des tunnels bâtis en pierre de taille. Plus loin, nous avons débouché à l'air libre, mais roulions toujours dans une rue qui semblait sinuer dans le fond de la ville, dominée par celle-ci, et j'ai alors trouvé à l'ensemble un joli air de Québec.

En vrac, quelques photos.


Ici, c'est un passage pour remonter depuis une rue souterraine.


Nous ne sommes qu'en février, mais il faut croire que le printemps arrive plus tôt au Mexique.









Nous sommes tombés en plein milieu d'une réunion de nostalgiques des bus VW...











La vue depuis la coline avoisinante. Vous remarquerez que, comme c'est généralement le cas au Mexique, hors de la ville c'est sec et désertique.



Ici, ma famille est très puissante: nous possédons même la police.



Bon, ça c'est chez moi à Aguas, donc rien à voir avec Guanajuato, mais j'avais envie de vous la poster parce que je la trouve mignonne.


Samedi, nous avons quitté Guanajuato en fin d'après-midi pour San Miguel de Allende, ville située dans le même état, et que j'avais déjà visitée en novembre.* Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés à Dolores de Hidalgo, un petit bled quelconque ayant cependant la particularité d'avoir vu grandir Miguel Hidalgo y Costilla, et d'avoir entendu résonner son fameux cri d'indépendance. Comment, vous ne connaissez pas Miguel Hidalgo y Costilla?! Eh bien sachez que ce monsieur est considéré comme le plus important acteur de l'indépendance mexicaine. Voilà, c'est dit, on peut passer à la suite.

Nous sommes arrivés à San Miguel de nuit et avons tout de suite étés sous le charme. Carlos ne connaissait pas encore cette petite ville, et quant à moi j'en avais gardé un souvenir enchanté; nous n'avons pas été déçus. De nuit, le "jardin" est magnifique et plein de vie. C'est un grand carré surélevé, planté de jolis arbres et semé de nombreux bancs de délicat fer forgé, et au milieu duquel trône un kiosque à danse. L'endroit est toujours rempli de gens assis ou déambulant et de gamins courant dans tous les sens, mais il possède en outre un supplément d'âme durant les soirées du week-end, lorsque viennent y jouer les mariachis. Des orchestres de mariachis, il y en a dans tout le pays; mais jusqu'à maintenant, je n'en ai jamais vu autant qu'à San Miguel, et surtout réunis ainsi dans l'endroit le plus fréquenté de la ville. Ils me ravissent, avec leurs costumes et chapeaux extravagants! Et les chansons qu'ils chantent aux amoureux pour une quarantaine de pesos sont très belles. Carlos et moi (je précise qu'on n'est pas amoureux et qu'on n'a rien payé) avons ainsi eu droit à différentes variations sur le thème de l'amour éternel et enflammé, ainsi qu'une chanson très joyeuse qui a attiré une foule de danseurs. Et pour finir, une chanson archi connue, que tout le monde chantait en choeur: "Méééééxico, te llevaré en mi corazóóón", "Mexique, je t'emporterai dans mon coeur". "Il est quand même beau, mon pays", a murmuré Carlos, ému. ** "Oui, très beau...et d'ailleurs le mien aussi", que j'ai ajouté. Carlos a continué: "Cette ville est absolument magnifique, mais imagine-toi cette belle place, cette église de Walt Disney, ces belles pierres colorées...sans personne. Ça n'aurait rien à voir... Ce qui fait la beauté d'un pays, c'est quand même en grande partie ses habitants, son peuple" Je n'ai pu qu'approuver. Ici, et tout particulièrement à San Miguel, les gens sortent, discutent dans la rue, y chantent, y dansent, y rient, y vendent toutes sortes de choses; et en Suisse...? Alors oui, nous avons des lacs, des montagnes et des jolis chalets à revendre, mais comment sommes-nous? Y a-t-il une âme suisse? Bien sûr, vous me direz que chez nous on ne peut pas vraiment passer sa vie dans la rue, sous peine de finir rapidement congelé dix mois sur douze; mais je crois que ça va bien au-delà de ça. Comment sommes-nous? Joyeux? Ouverts? Généreux...? Je n'arrête pas de répéter à qui veut l'entendre que quant à moi je me sens bien plus Genevoise que Suisse, et que Genève est une ville internationale, ouverte et sympa... Mais est-ce bien vrai? Oui, mon pays est beau, oui, ma ville est belle et je l'aime de tout mon cœur; il n'empêche, je serais curieuse de savoir comment on nous perçoit de l'extérieur. Les gens se disent-ils "bon sang, je me verrais bien vivre ici, je m'y sens chez moi" quand ils passent quelques jours dans la Ville du bout du Lac? Ou se disent-il simplement que c'est joli?


Il y a beaucoup d'artisanat à San Miguel, surtout métallique.


Pourquoi mon dentiste à moi n'a-t-il pas une plaque semblable? Pourquoi tous les dentistes du monde n'ont-ils pas leur nom entouré d'ornementation?
Pourquoi des roues de bois ne sont-elles pas incrustées dans les murs de nos immeubles?

Bon, par contre je dois reconnaître que nous avons quand même un peu moins de mendiants à Genève.Je vous présente Catrina. Une Catrina, c'est une poupée-squelette, généralement représentée habillée d'un chapeau extravagant ou d'une robe de mariée. C'est une figure de la mort, symbole officiel de la fête du 2 novembre, mais on la retrouve une peu partout toute l'année. Or, je n'avais jusqu'à présent jamais rencontré de Catrina aussi sexy que celle-ci! Admirez donc le décolleté pigeonnant...

Définitivement, San Miguel m'a conquise. Je suis bien à Aguascalientes, et ne regrette pas une seconde d'avoir choisi d'y vivre plutôt qu'à San Miguel, mais cette dernière possède bel et bien un charme particulier, que je n'ai retrouvé nulle part ailleurs. C'est tout à fait le même style qu'à Guanajuato et à zacatecas, et d'ailleurs je vous défie de parvenir à différencier ces trois villes en vous basant sur les photos que j'ai publiées; et pourtant, il y a quelque chose de plus à San Miguel. Avec Carlos, nous nous sommes demandé ce que c'était et n'avons pas trouvé la réponse, et Álvaro, qui est en ce moment à côté de moi, me dit que pour lui Guanajuato était plus belle que San Miguel. Bon. Je ne sais pas, mais en tout cas j'y reviendrai.

Le seul point négatif de cette ville, c'est qu'elle est victime de son succès: un peu trop de touristes y déambulent à mon goût, pour la grande majorité des Américains d'âge mûr. A deux reprises, des vendeurs mexicains m'ont interpellée en anglais, et je dois dire que ça m'a fait un choc. J'en étais presque vexée! C'est qu'à force, j'en oublierais presque que tout en moi crie que je ne suis pas Mexicaine. A vivre dans une ville non-touristique, j'ai perdu l'habitude qu'on me considère comme appartenant à une espèce à part... C'est pourtant bel et bien le cas, même si je m'amusais, avec Carlos, à me moquer de tous ces touristes balbutiant un espagnol approximatif.


*Mais oui, souvenez-vous, c'est là que j'avais rencontré Kal et Diego et que j'avais passé une semaine magnifique, juste avant d'atterrir à Aguascalientes, où j'avais suivi Diego. Et soit dit en passant, Kal a quitté Aguascalientes il y a une semaine, il profite de son dernier mois de voyage avant de rentrer en Corée, où sa mère a besoin de lui et où il compte se refaire une santé financière. Et au cas-où ça vous intéresserait, nos relations sont au beau fixe, nous nous sommes revus souvent avant qu'il ne parte, et toute tension avait disparu entre nous. Happy end amical, donc, encore que ce ne soit pas vraiment une fin, puisque je compte bien le revoir un jour.

** Nan, en fait il n'était pas ému à ce point, et il devait parler assez fort pour que je l'entende par-dessus la musique, mais c'était pour faire plus littéraire... ;-)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà de magnifiques photos et un texte à la hauteur de ce qu'on avait l'habitude de toi!

Et je ne préfère pas penser à mercredi prochain où tu continues tes comment dire? (je ne redirai pas comment je ressents cette chose!)¨.

PS: On verra, si cette fois-ci ça passe encore sous "anonyme".

Lutinvengeur a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Lutinvengeur a dit…

Je confirme, ton texte fut très plaisant à lire !!!!
Tu continues quoi les mercredis ? je suis un peu largué ;-)
Bisous

Nath a dit…

Mais mon tatouage gigantesque de tout le corps en entier, bien sûr! ^^

Nath a dit…

Et merci du compliment!

Mais vous en pensez quoi, alors, les gens? On est comment, à Genève? En Suisse?

Anonyme a dit…

Hey!
Alors pour ta question sur "comment les gens qui viennent à Genève nous trouvent-ils?", je dois dire que Guido m'a dit qu'il connaissait qqs italiens qui étaient venus pour étudier qqs mois à enève et qu'ils étaient tous repartis après qqs semaines...la ville et l'ambiance ne leur plaisaient pas vraiment! Guido aussi d'ailleurs a eu bcp de mal au début avec les gens, personne ne lui parlait à l'Uni, il disait bonjour aux étudiants avec lui en cours et eux le regardaient bizarrement...donc Genève est assez dure à apprivoiser en résumé et nous on s'en rend plus vraiment compte depuis le temps qu'on y habite. Moi, j'aimerai tjs ma ville, j'm'y sens bien mais j'epux comprendre que certains aient du mal avec cette froideur qu'il faut dépasser.
Bisous :-)

Nath a dit…

Merci Marion! Ouais, je ne me souviens plus vraiment comment sont les gens, je vais sans doute les trouver très froids à mon retour... On verra.

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