mardi 30 décembre 2008

Retour à Chihuahua deux mois après

Me voici déjà de retour chez moi, à Aguascalientes, après avoir passé un peu plus d'une semaine à Chihuahua...moins que ce que j'avais prévu. De ce deuxième séjour dans le nord, je garderai de bons et de nettement moins bons souvenirs, mais tout est bien qui finit bien, comme on dit dans tous les blogs....euh! non, ça c'est dans les contes de fées. Bref, je ne vais pas m'étendre sur les détails. Je ne vous propose pas de récit magnifiquement construit ni de photos extraordinaires, mais juste quelques images et anecdotes, en vrac.


Pour Noël, j'ai été invitée à dîner dans la famille de Koko, en compagnie des deux Français complètement tarés qui surfaient les matelas des mecs quand je suis arrivée. D'ailleurs salut à vous, Aubin et Séb, si vous me lisez! Le repas fut très bon et copieux: morue aux piments et patates, dinde fumée, salade verte, spaghettis, salade de pommes avec raisins secs et marchmallows (!), gâteau au choc, et l'ambiance moins formelle que chez nous: le vin rouge ramené d'Argentine par Koko et les rasades de tequila ont sans doute contribué à détendre l'atmosphère. Un très bon moment. J'ai reçu de Koko la petite poupée ci-dessous, confectionnée par les Tarahumaras, les Indigènes de Chihuahua et ai rencontré une partie de sa famille. D'ailleurs, pour l'anecdote et surtout pour votre culture, sachez que les Mexicains ne sont pas tous petits, loin de là! Dans la famille Medina, j'en soupçonne certains de dépasser les deux mètres.

Derrière à gauche les parents de Koko, puis son (immense) petit frère Levi, sa femme et sa fille, et en bas Sébastien, Koko et Aubin.

Séb arbore fièrement la tarahumarita, similaire à la mienne, qu'il a reçue de Koko.

Et puisqu'on en est à parler culture, j'ai été frappée par l'emploi récurrent que les Chihuahuenses font du mot "mija", ce que je n'avais pas remarqué en octobre. "Mija", c'est la contraction de "mi hija", littéralement "ma fille", et j'y ai eu le droit de la part de chacune des personnes plus âgées que j'ai côtoyées, jusqu'au chauffeur de taxi, qui utilisait ces mots conjointement au vouvoiement, curieusement: "A dónde va, mija?", "De dónde es, mija?". Ca me changeait un peu des "Güerita", "blondinette", auxquels j'ai habituellement droit... Dans le même ordre d'idée, j'ai également constaté que les jeunes, eux, utilisent le mot "jefe", "chef", quand ils s'adressent à un aîné, même inconnu, lorsqu'il s'agit de commander à manger dans un bouiboui, par exemple. Ce que j'ai oublié de demander, c'est si ce mot doit être pris au sens littéral, "chef", ou s'il possède ici la signification de "père", ce qui coïnciderait avec l'emploi de "mija"; en effet, une autre caractéristique des gens de Chihuahua est de parler de leur "jefa" et de leur "jefe" quand ils mentionnent leurs parents. Tiens, il faudra que je vérifie si cela se dit aussi dans le sud... Ces mots en disent en tout cas pas mal sur la relation parents-enfants et, par extension, jeunes-moins jeunes, sans doute plus hiérarchisée ici que chez nous.

Sinon rien à voir: j'ai dégusté à Chihuahua ma toute première (et sans aucun doute la dernière) fondue de l'année! Cela faisait un moment que ces paquets clamant « swiss fondue ya lista » me faisaient de l'oeil au supermarché du coin, j'ai fini par en acheter de deux sortes différentes (au même prix que chez nous, gulp). Les Mexicains, qui avaient eu une mauvaises expérience avec le brie que j'avais acheté en octobre (« ça a un goût de terre ou de chaussettes! ») n'ont pas voulu y goûter, mais les Français et moi avons été fort agréablement surpris par le mélange gruyère-emmental. Marrant de tremper du pain mexicain légèrement sucré dans ce fromage suisse, puis de se battre pour gratter la « religiosa » au fond de la casserole pourrave...

Et de nouveau rien à voir: un matin, les Français et moi sommes allés visiter Ulises à la radio où il travaille et avons eu notre quart d'heure de gloire quand lui et son collègue Mauricio ont parlé de nous en direct. « Mesdemoiselles, préparez-vous, deux Français sont en villes! Appelez pour eux! Et Messieurs, nous avons ici une beauté suisse... ». Aubin (que les Mexicains nomment Ouba, incapables qu'ils sont de prononcer les nasales) a même eu le privilège d'annoncer l'heure et la température en francés, ce qu'il a fait en bafouillant quelque peu. Je voulais vous mettre la vidéo de ce moment d'anthologie, mais internet rame et je n'ai pas la patience d'attendre. On verra demain...







Et le froid alors? Terrible, supportable? Eh bien la première partie de la semaine fut très agréable, j'ai regretté de ne pas avoir emporté plus de t-shirts, et je suais presque en manches courtes le jour de Noël. Mais dès le 26, les choses se sont gâtées. Au soir, il a commencé à venter plutôt fort; pronostic de mes hôtes: demain, il fera froid. Ah ben on peut dire que les Chihuahuenses maîtrisent l'emploi de l'euphémisme! Il ne faisait pas froid, il faisait TRES froid. Ca n'a fait qu'empirer jusqu'à la veille de mon départ, et dimanche, la simple idée de sortir les jambes de dessous les couvertures pour marcher en direction des toilettes suffisait à provoquer en moi une légère angoisse. Enfin, j'ai quand même été ravie d'étrenner l'écharpe que m'avait offerte Álvaro ainsi que mon élégante veste d'hiver, et j'ai profité avec plaisir de l'air vif sur mes joues quand je sortais dans la rue, comme à la maison. N'empêche que j'ai renoncé à aller rejoindre les Français à Creel, dans la sierra tarahumara, parce que bon, il fait -5 ° là-bas en ce moment et faut pas pousser, ma résistance a des limites, surtout dans une auberge de jeunesse sans chauffage ni couvertures. Me voici donc de retour à Aguascalientes, plus tôt que ce que j'avais prévu, et prête à commencer 2009 en authentique Hidrocálida.*




Sur le toit. Un endroit fort agréable pour s'exercer à la guitare loin des oreilles sensibles...enfin quand il n'y fait pas 0°, évidemment.


Vous vous souvenez de la photo que j'avais prise d'une peau de banane arborant le mot "plátano"? Ben voilà, c'est la suite logique. Je médite actuellement sur le moyen d'inscrire "fresa" sur une fraise...

Nous avons laissé ce mot sur la porte quand nous sommes sortis sans Sébastien, qui était déjà en ville. Apparemment les voleurs ne parlent pas français, à Chihuahua... Pratique!


"A louer"
Avec Séb et Erika. Sur cette photo, nous venions de rencontrer cette dernière. Ou plutôt, Sébastien venait de l'aborder, en pleine rue, misant à fond sur son accent français. Ca a bien marché, Erika a ensuite passé de nombreuses heures à la maison, échangeant avec Séb, dans une petite guérite sur le toit, des...euh...propos fort chaleureux.Nous avons rencontré ce jeune homme au Palacio Municipal. Rassurez-vous, le type est acteur, il ne s'habille pas tous les jours comme ça! Il était présent pour jouer Miguel Hidalgo y Costilla, le "père de la patrie", qui est né à Chihuahua et a contribué à libérer le Mexique... Je vous fais grâce des détails historiques que je ne connais de toute façon pas.
Deux portraits marrants. Ne me demandez pas pourquoi je tire cette tête, je ne m'en souviens pas.

Voici le "bocho" d'une bande de couchsurfeurs, un Danois, une Allemande et une Mexicaine, venus de Morelia, dans le sud-ouest, qui sont venus passer une nuit à Chihuahua et montaient jusqu'à San Francisco.
Le bocho avait de sérieux problèmes de mécanique, et nous avons dû le pousser pour qu'il consente à démarrer.Et voici enfin des photos prises à 7h du matin dans le terminal d'autobus. Je devais prendre le bus de 7h30 mais voilà, il avait du retard et n'est arrivé qu'à 9h.



Ah, et sinon, vous avez noté le plan des visites que j'ai ajoutée en haut à droite? Marrant, non? Bon, par contre il faut savoir qu'il n'est pas très précis; par exemple, quand je me connecte d'Aguascalientes, le système m'enregistre à Mexico... Du coup les nombreuses localités suisses qui sont mentionnées sont sûrement fausses. Mais bon, hein, moi j'aime bien quand même!

Sur ce, mon devoir d'information accompli, moi je vais m'en aller dormir au moins jusqu'à 2009 (il y a un énorme lit gonflable maintenant, plus besoin de dormir parterre, le luuuuxe!). Il est 4h du matin, je me suis levée il y a 22 heures (je vous raconte pas le calvaire de la douche à 6h du mat dans une maison sans chauffage), sur ces 22 heures en ai passées quasiment 15 dans le bus, et en plus j'ai bien entendu chopé la crève.

Je vous souhaite de passer une chouette soirée du 31!



* Mais oui, souvenez-vous, les habitants d'ici se nomment Hidrocálidos!

4 commentaires:

Elise a dit…

Eh bien je pense que ce sera ici mon dernier message de 2008 !

Je te souhaite un très bon réveillon, entourée de tes amis mexicains. Je te souhaite aussi une très belle et heureuse année 2009, riche de découvertes et de rencontres, de joies et de bonheur. Que tout ce que tu vis ici et maintenant puisse t'accompagner tout au long de ta vie. Je te laisse en partage un petit texte anonyme, que j'ai aussi publié sur facebook et que je trouve tout à fait approprié au moment des échanges de voeux pour l'an nouveau :

Recommence…

Si tu es las et que la route te paraît longue,
si tu t'aperçois que tu t'es trompé de chemin,
ne te laisse pas couler
au fil des jours et du temps,
...recommence.

Si ta vie te semble trop absurde,
si tu es déçu par
trop de choses et de gens,
ne cherche pas à comprendre pourquoi,
...recommence.

Si tu as essayé d'aimer et d'être utile,
si tu as connu ta pauvreté
et tes limites,
ne laisse pas là une tâche à moitié faite,
...recommence.

Si les autres te regardent avec reproche,
s'ils sont déçus par toi, irrités,
ne te révolte pas, ne leur demande rien,
...recommence.

Si l'arbre rebourgeonne en oubliant l'hiver,
le rameau fleurit
sans demander pourquoi,
l'oiseau fait son nid
sans songer à l'automne,
car la vie est espoir et recommencement.

..et je t'embrasse bien fort.

Anonyme a dit…

De retour à la "maison" donc. T'en as pas beaucoup parlé et j'espère que t'as (re)trouvé ce que tu attendais et espérais! T'as envie de te poser un peu et je comprends très bien. Simplement, as-tu pensé aux formalités de séjour? Je n'ai pas envie de faire des mains et des pieds pour te sortir d'une prison mexicaine! On n'a pas les mêmes relations que Bétancourt...
D'accord, ce n'est pas le même pays, mais quand-même, faudrait être en règle! Bon, tu sais que je te fais confiance et espère que quand tu liras ces quelques lignes t'auras eu ta dose de sommeil bien mérité. Davantage en privé...

A l'intention d'Elise: Ce poême d'un inconnu est magnifique! A toi, ton mari, ta soeur, tes parents, Ginette, et à tous ceux qui te sont chers, je souhaite une nouvelle année remplie de moments de bonheur. Je ne sais pas le dire comme toi, mais tu auras compris. Gros bisous.

Et toi, Nathalie, demain c'est la fin de cette année cruciale où tu t'es lancée dans l'inconnu. Que celle qui est devant, t'apporte la sérénité!

A bientôt, je me réjouis déjà de ton prochain appel!

Anonyme a dit…

Merci pour tes récits passionnants et tes belles photos. Pour 2009, je te souhaite des aventures enrichissantes et beaucoup de rencontres intéressantes. M
Avec mes meilleures pensées.

Nath a dit…

Merci à vous tous! Je vous souhaite également le meilleur pour 2009...mais je n'ai jamais été douée pour formuler des voeux, donc il faudra vous contenter de ça!

Maman: non seulement je ne suis pas dans le même pays que Bétancourt, mais en plus je ne suis pas vraiment candidate à la présidence du Mexique et ne prétends pas lutter contre la corruption qui y règne... Espérons que cela fera la différence. Non, sérieusement, je sais qu'il faut que je m'occupe des formalités administratives...je vais peut-être téléphoner au consulat suisse cet aprem. Etant donné que personne n'a mis de tampon dans mon passeport, je pensais en fait dire que je suis entrée récemment au Mexique, histoire que mes 6 mois de séjour courent à partir de maintenant seulement... On verra. Ou sinon il y a peut-être moyen d'obtenir un visa spécial...

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Genève, Genève, Switzerland