lundi 8 décembre 2008

Xalapa

Je viens de passer deux jours à Xalapa – que l'on orthographie également parfois Jalapa - , capitale de l'état de Veracruz.

Avant tout, voici quelques photos que j'ai prises dans le bus. Il y avait de l'eau entre les deux couches de ma fenêtre, que les mouvements du bus affectaient de manière parfois spectaculaire. J'ai passé de longues minutes à en guetter les clapotis, l'appareil collé contre l'oeil, et finalement je suis assez déçue du résultat. Et j'aurais eu besoin d'un programme type photosjop pour basculer la ligne d'horizon et ajouter des couleurs...



Pourquoi Xalapa? Pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'état de Veracruz n'est pas très loin du DF; ensuite, Carlos et Nasul, mes amis de Zacatecas, sont originaire de cette ville et m'ont dit et répété que je devais aller y faire un tour; et enfin, Kal vient lui aussi d'y passer quelques jours et m'a recommandé de venir par ici. Mon hôtesse, Pamela (à ne pas confondre avec la Pamela d'Aguascalientes), vit dans une maison à la campagne, dans un petit village à une quinzaine de minutes de Xalapa; je l'ai choisie parce que j'avais envie d'un peu de nature et, bon, aussi parce que Kal, qui est passé par sa maison il y a quelques jours, m'avait dit: « I don't understand.... I think I offended my host, she really seems to dislike me, but I don't know what I did wrong... ». Etrange. Cette fille n'a pourtant que des recommendations positives sur sa page de couchsurfing, et Kal aussi; qu'est-ce qui avait cloché? Je voulais en avoir le coeur net. Résultat: dès le début, je me suis quant à moi bien entendue avec Pamela; malgré tout, j'ai pu sentir en elle quelques aspérités, et ce que m'en a dit Kal ne m'a donc pas tellement étonnée. J'ai tenté d'investiguer discrètement: avait-elle eu de mauvaises expériences de couchsurfing? Oui, mais elle ne m'a pas parlé de Kal. J'ai finalement amené le sujet sur le tapis, et elle m'a juste dit qu'elle et lui ne s'étaient pas entendus. Eh bien oui, ça arrive, tout n'est pas rose bisounours dans le petit monde du couchsurfing! Avec moi, elle a été une hôte très attentionnée, mais d'après ce que Kal m'en a dit, elle s'est montrée plus que froide avec lui, presque impolie parfois. Quoi qu'il en soit,Pamela s'est apparemment sentie en confiance avec moi, puisqu'elle m'a raconté pas mal de choses, notamment le voyage qu'elle a fait en Europe l'année dernière. Elle y a passé un an et n'est de retour que depuis quelques mois. Elle a commencé par la Suisse et a atterri comme au pair dans une famille qui vit près d'Allaman. Diable! Mais c'était pas un peu perdu...? Oui, en effet, m'a-t-elle répondu: l'occupation la plus palpitante était la visite de la coop géante du coin... Pamela m'a raconté qu'elle avait été déçue par la famille qui l'avait hébergée: leurs gamins, qui faisaient du judo, étaient tenus de suivre un régime strict: pas de chocolat au menu! De plus, ces gens étaient sales, ec qui ne cadrait pas tellement avec l'image que Pamela avait du pays. Et puis étranges... Elle est partie au bout de deux mois au lieu de six. Genève? Oui, elle a aimé, une ville idéale, selon elle. Puis Zurich. Et puis elle est partie faire du WWOOFing en Suède. Ce terme vous dit quelque chose? Normal, je vous en avais parlé début juillet, quand j'étais à Montréal. Pour mémoire, faire du WWOOFing, c'est travailler dans une ferme biologique contre le logement et la nourriture. A l'époque, j'y avais pensé, mais avais fini par rejeter l'idée parce que je ne pensais pas avoir suffisamment de temps pour passer plusieurs semaines dans une ferme. Or, depuis tout a changé! J'ai tout le temps du monde! J'ai donc demandé à Pamela de m'en dire un peu plus, et ce qu'elle m'a raconté m'a convaincue: j'essaierai. Quand? Oh, pas tout de suite, sûrement pas avant cet été, et je ne sais pas où; mais je vais le faire. Pamela a continué le récit de son voyage en me parlant de l'Estonie, où elle est tombée amoureuse de son hôte couchsurfeur et a fini par rester quatre mois. Ah ça, je peux comprendre! « Couchsurfing is not for dating »: cet avertissement est inscrit sur le site internet du réseau... Laissez-moi rire. A part de voyages, Pamela et moi avons aussi parlé travail, formation et avenir. Sa famille possède plusieurs maisons, et elle a la chance de vivre des rentes que les locataires lui paient; elle n'a donc pas besoin de travailler, et fait du bénévolat, notamment dans les fermes. Malgré tout, elle a une formation...devinez... Eh oui, elle est photographe. Décidément, il en sort de terre à chacun de mes pas! Comme les femmes enceintes lorsqu'on est soi-même enceinte, ou les bras cassé quand on a le bras cassé... Pamela possède une licence en arts visuels, section photo. Mmmhh...extrêmement intéressant, tout ça. Je lui ai demandé en quoi consistaient les cours: histoire de l'art, développement en labo noir et blanc, théorie de la couleur, atelier de portraits, atelier de paysages... Mmh. Tout ça n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde.


Ma première nuit fut catastrophique: le matelas gonflable super sophistiqué sur lequel je dormais avait apparemment un trou, et je me suis réveillée parterre, courbaturée. Le lendemain, c'est donc totalement crevée que j'ai émergé et que j'ai visité la ville, seule, pendant que Pamela vaquait à ses propres occupations. Pour ne pas arranger les choses, le temps était moite et lourd d'une pluie qui ne voulait pas tomber, et je ne suis plus habituée aux climats humides. D'humeur excécrable, j'ai donc vécu un après-midi plutôt pourri et ai hurlé des insultes en français à tous les taxistes qui n'arrêtaient pas de me klaxonner (oui, ça m'arrive partout: une güera, c'est forcément une touriste, et une touriste, ça veut forcément un taxi) ainsi qu'à tous les gens qui me bousculaient à la pharmacie. Bon, je vous rassure: les insultes, c'est dans ma tête que je les ai criées... Je n'avais pas spécialement envie de devoir m'expliquer en castillan avec un officier de police xalapeño. Toujours est-il que la ville ne m'est pas vraiment apparue dans toute sa splendeur...vous m'excuserez de ne pas avoir pris plus de photos, et de meilleure qualité; mais quand ça veut pas, ça veut pas.


Sur la terrasse de la maison.
La vue...

Je comptais initialement rester à Xalapa jusqu'à lundi, et mettre ensuite le cap sur Veracruz, toute proche où, là aussi, je voulais rester chez le même hôte que celui de Kal. Au beau milieu de cet après-midi de merde, j'ai eu subitement envie de voir un ami; Pamela a beau être sympa, Kal est, lui, mon grand frère Coréen, sur qui je pourrai m'appuyer tant que nous serons tous deux au Mexique, et j'avais envie de le voir avant qu'il ne rentre au DF lundi. J'ai donc appelé l'hôte tatoueur pour lui demander si je pouvais venir un jour plus tôt. «Oui oui, pas de problème, tu viens quans tu veux! », m'a-t-il répondu. « Là, je suis en train de tatouer Kal, et il pleurniche comme un gosse, tu veux lui parler? » Et comment! Ses « Ooooh, it huuuurts!! » m'ont bien fait rire, et c'est de meilleure humeur que j'ai raccroché ce jour-là.

Le soir, Pamela et moi sommes allées chercher une Américaine à la centrale d'autobus. Sara, 21 ans, est originaire de New-York, mais étudie en Californie, où elle a appris l'espagnol au contact des nombreux immigrés mexicains. Elle vient de passer quelques mois dans le North Dakota, où elle a travaillé comme superviseuse pour la campagne d'Obama, et elle nous a raconté comment elle était confrontée chaque jour à une population raciste, conservatrice et profondément bornée. J'aurais voulu les voir, il y a trois mois, ces représentants de l'Amérique profonde! Je n'ai pas eu cette chance. Sinon, Sara s'offre une année sabbatique au milieu d'études de lettres. Elle vient de débarquer au Mexique, et caresse le projet d'aller passer six mois à Cuba en compagnie d'un groupe d'artiste. Seul problème: son passeport américain, qui la déclare persona non grata sur le territoire des frères Castro. Pas grave, elle ira clandestinement, s'il le faut! Elle était admirative de mon espagnol et ne comprenait pas la plupart des expressions d'argot que j'en suis venue à maîtriser presque parfaitement. Je me suis alors revue il y a seulement deux mois, lorsque j'étais tout fraîchement débarquée à Chihuahua. "Chido", qui veut dire "cool", et que j'utilise toutes les deux phrases, c'est Koko qui me l'a appris; "No mames!", qui veut dire quelque chose comme "sans déconner!", c'est dans une conversation avec Ulises que je l'ai noté pour la première fois. Et maintenant, c'est de moi que Sara a appris ces mots! Quel chemin parcouru en si peu de temps... Quoi qu'il en soit, Sara est une personne très lumineuse, un peu étrange, que j'aurais aimé connaître mieux; mais je n'avais pas envie de m'attarder.

Quand elle est arrivée, Sara s'est immédiatement exclamée qu'elle adorait la maison, le jardin, tout, et qu'elle voulait passer sa vie à Rancho Viejo. J'ai réalisé que ça n'était pas mon cas. Certes, la maison est super, le terrain aussi...mais je n'ai rien ressenti. Allez savoir pourquoi! Tout ce que je sais, c'est que je dois m'écouter; je suis donc partie plus tôt que prévu, et me voici à Veracruz, sur la côte atlantique, dans la moiteur d'un climat tropical. Kal est juste devant moi, en train de mordre un t-shirt couvert de bave et de hurler de douleur: le spectacle valait bien la peine que je me bouge. La suite bientôt!



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