vendredi 14 novembre 2008

Les Chihuahua's Children à Aguascalientes

Nous avons finalement reporté notre départ d'un jour, et sommes partis, Diego, Kal, Thaïs et moi, pour Aguascalientes mercredi. Après des embrassades chaleureuses, nous avons remonté la rue Farolito à San Miguel, nous sommes retournés, puis avons plongé dans une ultime révérence à l'intention d'Elisa et d'Angel; et nous avons disparu. A la station de bus, Thaïs, Kal et moi avons emmerdé tout le monde en sautillant et en chantant tout ce qui nous passait par la tête, faux. J'avais passé six jours fantastiques à San Miguel, mais j'étais tout aussi contente de partir. Pour une fois que je voyageais avec des gens! J'étais impatiente de resserrer nos liens d'enfants de Chihuahua.

Après cinq heures et trois bus, nous sommes finalement arrivés à Aguascalientes, dont le nom signifie "eaux chaudes" - et nous ne nous lassions pas de demander à Thaïs de prononcer "hot water" avec son délicieux accent british. Au terminal nous attendait notre hôte, Fernando, en compagnie de deux de ses amis, Pamela et Sergio. Nous avons tous embarqué à bord d'un pick-up, les quatre de Chihuahua à l'arrière. Il faisait froid, mais nous avons adoré, et avons célébré le vent sur nos visages et les rues qui défilaient à toute vitesse en chantant des christmas carols. Eh oui, c'est déjà bientôt Noël...je ne me rends pas compte.



Nous nous sommes arrêtés à l'atelier de la bande; parce que oui, eux aussi sont artistes. Ils ont en fait ensemble un projet de galerie, qui réunirait différent types d'art de personnes du monde entier. Le temps pour nous de poser nos sacs et pour eux de nous montrer les carcasses d'animaux de papier mâcher en cours d'élaboration, et nous sommes repartis direction le centre ville. Là, nous avons mangé des tacos puis sommes allés visiter un bar, et nous avons finalement enfin débarqué chez Fernando, bien trop tard pour ma pauvre tête épuisée.
Fernando vit chez ses parents, c'est la première fois que je fais du couchsurfing dans une famille! Nous avons dormi à cinq dans sa chambre à l'aide de matelas posés parterre. Le lendemain, nous sommes restés les quatre à la maison, et Diego nous a appris, à Thaïs, et à moi, à tisser un petit bracelet facile. Alors que nous préparions à manger, Lula, la maman de Fernando, est rentrée, et s'est jointe à nous pour le repas. Elle est pleine d'énergie et toute contente d'avoir des couchsurfeurs à la maison, et a insisté pour tenter de pratiquer son anglais avec nous.

Voici la banlieue résidentielle où vit la famille.

Nous avons fini par sortir de la maison et nous sommes allés rejoindre les autres pour faire un tour en ville, et nous avons ainsi fait la connaissance de plusieurs amis de la bande. Nous aovns visité quelques lieux clé de la ville, puis sommes rentrés nous poser à l'atelier. Là, nous avons joyeusement descendu quelques bières en écoutant l'un des deux David jouer de la guitare et chanter quelques tangos. Il joue dans un groupe et est, ma foi, absolument époustouflant. De mon côté, j'ai eu droit à un petit cours de photo avec Sergio, qui est photographe. J'ai bien accroché avec lui et ai promis que je reviendrais le voir bientôt pour qu'il m'en apprenne plus. Il a pris des photos de mes poignets, mais elles ne sont pas exceptionnelles, nous manquions d'une lumière correcte:

Voilà pour les curieux qui voulaient savoir ce que je m'étais fait tatouer! S'attacher. S'arracher. Que j'explique: Nicolas Bouvier, dans l'entrevue Routes et Déroutes (je crois...je ne suis plus sûre, l'université est déjà si loin), a dit ceci:

"La dialectique de la vie nomade est faite de deux temps :
s’attacher et s’arracher. On n’arrête pas de vivre ce couple de mots tout au long de la route. On a peine à quitter les amis que l’on s’est faits, mais en même temps on se réjouit de la chance qu’on a de pouvoir se promener sur cette planète. On se dit, si cette amitié doit durer, elle durera Inch’Allah. Dans la plupart des cas, elle ne dure pas."

Lorsque j'étais à Chihuahua, j'ai particulièrement ressenti ce couple d'opposés, et ce pour la première fois depuis mon départ. J'y ai souvent pensé, et en ai parlé à tout le monde. Thaïs, qui était avec nous à ce moment-là, avait comme projet de se faire tatouer deux phrases sur le poignet, et je lui ai dit que je trouvais l'idée bonne, mais que quant à moi je préférais la symétrie, une partie sur chaque poignet; c'est là qu'elle m'a dit, en plaisantant, que je pouvais me faire tatouer ces deux mots,s'attacher et s'arracher, un sur chaque poignet; le lendemain je rendais visite au tatoueur, et le surlendemain c'était fait.
Ces deux mots me feront toujours penser à Chihuahua...et à Koko, bien sûr; mais ils me parlent aussi et surtout du voyage et de la vie en général, me rappelant que je ne peux m'attacher qu'au prix d'un détachement plus ou moins douloureux, et que ce deuxième pôle est indispensable. Pour cela, j'aime le fait que mes tatouages soient situés sur mes poignets, là où l'on passe les menottes, et là où les membres de nombreuses cultures nouent les liens du mariage.

Durant cette soirée, je suis également tombée des nues en apprenant que Kal était amoureux. Kal, amoureux? Lui qui est si plein de sagesse, qui a appris à se protéger et à se distancer du monde? Oui, amoureux fou d'une personne de San Miguel. Je n'ai absolument rien vu, mais Caryana et Diego l'avaient tous deux deviné. Cela m'a poussé à m'interroger: qu'est-ce qui fait qu'eux se sont rendu compte de ce qui se tramait et pas moi? J'en suis arrivée à la conclusion que j'avais encore beaucoup à apprendre de la communication non-verbale et que j'étais sans doute encore trop centrée sur moi-même pour simplement m'ouvrir suffisamment, me taire et observer les gens. Sans doute me focalisé-je trop sur le langage, que j'essaie d'apprendre au mieux et qui est, après tout, mon truc. Mais j'ai l'intuition que tout cela peut changer grâce à ce voyage, patience!

Fernando, notre hôte, Thaïs et Kal.
David


T'inquiète pas, Maman, c'est juste de la bière.
"MI", by Fernando.

David et Diego.
Fernando.


Sergio, le photographe. La prochaine fois je posterai une image de sa tête!








David, derrière, et Fernando.


Vendredi, j'ai accompagné Diego dans sa vente de bracelets, à la sortie de l'université; puis nous sommes allés au centre ville

Ensuite, Diego, Fernando, Thaïs, David et moi (Kal était déjà rentré à Zacatecas) sommes allés manger une gringa (viande hachée, fromage, purée de haricots dans une grande tortilla), et David en a profité pour parler à chacun d'entre nous de son horoscope maya. Lorena, ma copine mexicaine de Vancouver, m'avait déjà brièvement parlé de mon signe, et David a corroboré ses dires, tout en me donnant plus de détails. Alors, en gros, pour ceux que ça intéresse: tenant compte du jour, du mois et de l'année de ma naissance, je suis étoile, et du ton cristal. L'étoile a comme signification l'art, et les personnes nées sous ce signe sont créatives, elles ont une manière de percevoir le monde différente des autres, et une grande capacité d'invention. Voilà pour ce que Lorena m'avait déjà dit. David m'a ensuite parlé du signe de mon défi: le miroir. Le miroir, dans mon cas, symbolise moi-même, et tout ce qui ne me plaît pas en moi. Mon défi, c'est de m'accepter avec tous mes défauts, et même d'en venir à les aimer comme faisant partie de moi; si je réussis, je pourrai ainsi réellement libérer ma créativité, car il n'y a d'artiste véritable que celui qui est connecté avec lui-même. mon signe allié est le singe, ou l'enfant: c'est celui qui saute de branche en branche dans l'arbre de la connaissance et qui change constamment de point de vue: pour réussir à progresser, je dois agir comme lui et ne jamais oublier mon regard d'enfant. Le pouvoir occulte que je peux ainsi parvenir à développer est la connaissance (enfin je ne me souviens plus très bien), mais pour ce faire je dois réussir le défi du miroir. Enfin, le signe qui est mon guide est le soleil, son lever progressif; cela signifie concrètement que je dois sans cesse suivre la moindre petite lueur pour ensuite arriver progressivement à la brillance totale, c'est ce qui me sauvera si, par exemple, je vais mal. Voilà! Total trip mystique, qui aura sans doute plus à ma maman, et auquel je ne peux m'empêcher de croire en partie. David a été initié par un "maître" dans l'art de l'horoscope maya, et j'ai peu me rendre compte qu'il était très sensible; pourtant, il n'a pas totalement la tête dans les étoiles, puisqu'il est à la fin de ses études de psychologie.


La main de David. Vous remarquerez ses ongles...souvenez-vous, c'est lui, le guitariste de génie!
Voilà pour le récit des évènements de ces derniers jours; du moins, je vous ai raconté ce qui était visible pour un observateur extérieur. Mais pour moi, la semaine qui vient de s'écouler a surtout été extrêmement riche en évènements intérieurs, et beaucoup de pensées qui marinaient, je suppose, bien au chaud dans mon inconscient, se sont finalement exprimées. Parlons ainsi de mon futur, si vous le voulez bien! La principale nouvelle que j'ai à vous annoncer, c'est que je suis enceinte et vais me marier à un Mexicain.... Nan, je déconne! Par contre j'ai pris la décision de ne pas rentrer en juin comme c'était prévu, et de continuer à voyager jusqu'à ce que j'en aie marre, sans me presser. Cette décision, je ne l'ai pas prise, elle s'est plutôt imposée à moi, alors que je descendais du taxi qui nous emmenait au terminal de bus, à San Miguel. Elle découle également du fait que j'ai plusieurs projets et envies à moyen terme qui me trottent dans la tête depuis quelques temps. Tout d'abord, j'ai décidé le jour où j'ai rencontré Kal que j'irais avec lui à Chihuahua passer les vacances de Noël. Ensuite, j'ai très envie de vivre quelques temps à San Miguel avec Caryana et de prendre des cours intensifs de photographie à l'institut Allende, qui est très réputé. Je dois encore me renseigner sur les possibilités qui me seraint offertes; mais si c'est possible, j'irai passer un mois ou deux là-bas en janvier-février. Enfin, Diego et Kal vont passer un moment à Cuba en mars ou avril, et j'ai très envie de les y accompagner. Cuba est très réputée pour ses musiciens, et ils aimeraient se perfectionner à la guitare. Excellente idée! Bien sûr, tout peu encore changer, j'ai eu le temps de me rendre compte que la plupart des projets que je forme finissent pas changer du tout au tout en un rien de temps. Qu'importe. Je me suis simplement rendu compte que non seulement je ne pouvais pas quitter le Mexique avant un bon bout de temps, mais aussi que j'avais besoin de ne pas sentir que le temps m'est compté et qu'il me faudra, d'une manière ou d'une autre, descendre jusqu'en Argentine d'ici juin. Je me suis sentie incroyablement libre dès que j'ai eu pris cette décision, et je vois maintenant les choses d'un tout autre point de vue. Bien sûr, je garde en tête la possibilité de rentrer, on ne sait jamais ce qui peut se passer; mais a priori je pense continuer à descendre gentiment le continent sans interruption ni saut du nord au sud, pour arriver à la Terre de Feu, comme je l'avais prévu... et seul le nombre de mois changera. Quand je leur ai annoncé la nouvelle, mes amis m'ont félicité, et Diego m'a dit qu'en deux ans de voyage il avait rencontré une bonne dizaine de personnes qui ont, comme moi, abandonné leur vol de retour. Isa m'a écrit qu'elle savait bien que ça n'était qu'une question de temps pour que je prenne cette décision, et je me rends compte qu'elle avait raison: il m'a fallu quatre mois et demi pour parvenir à cette conclusion, et cela a lentement mûri en moi durant tout ce temps.
Avoir pris cette décision et le fait de côtoyer Diego et ses bracelets m'a donné à réfléchir plus loin: et si je tentais de gagner de l'argent sur la route? Il me reste largement assez d'argent pour voyager, économiquement, un bon bout de temps, mais je commence à ressentir le besoin de faire quelque chose. Vendre des bracelets, comme Diego? Peut-être; mais celui-ci m'a conseillé de plutôt essayer de vendre certaines de mes photos, assorties d'un joli cadre en carton. Est-ce que ça marcherait? Il faut voir. Je laisse mariner tout ça quelques temps.

La barbe de Diego au soleil couchant. Je n'ai pas réussi à faire le point sur lui, nous étions dans le bus et ça bougeait trop.

En ce beau samedi après-midi ensoleillé, Diego et moi partons pour Zacatecas, peut-être en compagnie de Fernando. Nous allons rester chez Carlos et Nasul, qui m'y avaient accueillie il y a deux semaines, et allons visiter, dimanche, en compagnie de Kal, je ne sais quel beau lieu dans la campagne. Puis Diego et moi allons revenir ici, à Aguascalientes, et en compagnie de Thaïs, pour l'anniversaire de Sergio. Vous n'avez pas tout suivi? C'est normal.

6 commentaires:

Unknown a dit…

Wow,

C'est bien vrai, c'était une question de temps pour que tu découvres ton envie de continuer à voyager et à parcourir le monde.

C'est amusant que le ton de ton thème de naissance soit le cristal, je lisais hier un article sur la Cueva de los Cristales, une des plus grandes caves de cristal connues actuellement, qui se trouve à Naica, pas loin de Chihuahua. Il n'est malheureusement pas possible de la visiter, mais il y en a vraissemblabment d'autres dans la région.
Si tu as la possibilité de les visiter, n'hésite pas ;-)
http://www.naica.com.mx/

A bientot
Guillaume

Anonyme a dit…

Aï, aï, aï.... Et c'est quand que je te revois? Bon, ainsi soit il! Tant que tu es heureuse!!!

Quant à l'horoscope, ça me fait plaisir que tu ne sois plus aussi rigide en ce qui concerne les choses, comment dire? Bref, ce qui n'est pas que cérébral. Mais, je trouve quand-même l'histoire du miroir, par exemple, un peu simpliste. C'est valable pour tout et chacun. Le regard de l'enfant: encore faut-il avoir vécu l'insouciance, ce qui n'est pas forcément le cas pour toi, je crains. Et tu continues à interprèter tout ça avec ta tête. Je me revois à ton âge! Mais quoi qu'il en soit, je suis heureuse de voir que tu avances dans le chemin de ta vie!

Anonyme a dit…

Ta carrière artistique je la verrais bien dans la photographie. Je ne me prononce pas sur l'horoscope!

Anonyme a dit…

Après la mère et la tante, voici la soeur.

"Hot water". Tu sais que tu peux en théorie enregistrer des sons avec ton ordi, s'il a un micro. Sinon tu peux en acheter un, ça coûte pas bien cher. Tu devrais enregistrer un peu les gens, je pense des souvenirs audios risquent de te manquer à ton retour.

"me taire et observer les gens". Oui, c'est un trait de ta personnalité, ça. Je te l'ai toujours dit en déconnant, que t'étais gourdasse, et tout. Mais plus sérieusement, je pense qu'en effet tu n'es pas assez attentive au monde et aux gens qui t'entourent. Pas assez observatrice. Faudrait essayer d'y remédier parce qu'il me semble qu'on apprend beaucoup en étant aussi spectatrice.

Une dernière chose qui m'est venue à l'esprit en te lisant: je trouve que tu planifies trop. Je te comprends, je fonctionne de la même manière, j'ai besoin de me projeter, faire des plans, pour me rassurer. T'as besoin de savoir où tu seras à Noël, qui tu vas revoir, quand, ce que tu feras comme activités artistiques. Essaye de lâcher un peu prise ! T'es en voyage. Tu devrais carpe le diem, je trouve. Tu as fait un pas dans ce sens en enlevant ta date limite de retour. Oui, il faut planifier un minimum, mais laisse toi un peu plus aller sans trop réfléchir.

(Pour plus de conseils psy, c'est 150.- de l'heure.)

Nath a dit…

Guillaume: si, la grotte de naica se visite, mais il faut s'inscrire longrtemps a l'avance. Un pote suisse l'a fait quand il etait a Chihuahua...a voir, j'y songerai.

Maman: ouais, je suis d'accord, l'histoire du miroir est simpliste. Mais je n'ai jamais ete rigide concernant l'esoterisme, juste critique!

Anne-Marie: Merci, je prends ca comme un encouragement!

Isa: J'avais achete un machin pour enregisterer le son a Chihuahua, mais il est mort; il faut que je voie quoi faire parce qu'en effet, c'est important pour moi d'avoir aussi des souvenirs sonores.

Et si, je pense que je suis observatrice, sinon mes photos ne plairaient pas; mais ma facon d'observer les gens n'est sans doute pas encore au point. Je progresse, t'en fais pas, je progresse!

Quant a Carpe diem: je ne fais que cda, CArpe diem, je ne fais que ca! Certes, je ne devrais pas trop me projeter, mais t'en fais pas, ca n'est pas si rigide; simplement, exorimer mes enviers me permet de me comprendre (et VOUS permet de me comprendre, par la meme occasion), et c'est un vrai plaisir. Je ne prevoierais pas autant si je n'avais pas d'aussi bons amis ici! Pour moi c'est un bon signe, et je ne crois pas que ca m'empeche de me connecter averc le moment et les gens. On verra! Merci pour la consultation, quoi qu'il en soit :)

Anonyme a dit…

Difficile à suivre entre tous tes amis de route, j'ai du mal à retenir les prénoms et les photos qui leur correspondent mais je crois que c'est pas très grave.
Sandra m'a appris hier soir (ce que ton blog vient de me confirmer) que tu comptais prolonger ton voyage et ne plus rentrer. Je crois que ça m'a à moitié étonnée, finalement le voyage ne se prévoit pas à l'avance, il se vit au moment présent donc continue à parcourir le monde et à nous le faire partager. On est avec toi en pensée et on te verra quand on te verra, profite de tout! :-)
Gros becs

Qui suis-je?

Ma photo
Genève, Genève, Switzerland