lundi 17 novembre 2008

Zacatecas, le retour de la vengeance

Samedi après-midi, Fernando nous a déposés à une station service située à l'embranchement de la route pour Zacatecas, et Diego et moi, lestés de plusieurs sacs et de deux guitares, avons levé le pouce. Nous n'avons pas tardé à être pris en stop (« de aventón ») par une bande de vachers dans un pick-up avec remorque. Nous nous sommes installés à l'arrière, avec tout notre barda, et avons pu savourer les cahots de la route sous un lumineux soleil. J'étais assise tout près de la fenêtre de communication entre l'arrière et l'avant, et surtout juste à côté de la glacière remplie de bières Victoria et Corona, j'ai donc fait office de serveuse durant tout le trajet. Toutes les cinq minutes, l'un d'entre eux me demandait: « Amiga! Dos chelas más, por favor! », et j'échangeais les bouteilles vides contre des pleines. Ils n'ont pas tardé à être totalement et joyeusement éméchés, y compris, je crois, le chauffeur. Lors d'une pause pipi, nous avons pu discuter et avons appris qu'ils venaient à Zacatecas pour participer à une charrería, le spectacle avec chevaux et bovins auquel j'avais pu assister il y a deux semaines. Quand ils ont entendu l'accent de Diego, ils se sont exclamés: « Eeeeh, Argentino! Che! Boludo! ». Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec l'espagnol d'Amérique latine, ces deux expressions sont absolument typiques des Argentins; on peut notamment les entendre toutes les deux phrases dans le film sur le Che (par surnommé ainsi pour rien) « Diarios de Motocicleta », avec l'acteur...mexicain (eh oui, il a changé son accent!) Gael García Bernal . Les cowboys se sont également étonnés de ce que je place des mots d'argot mexicain dans la conversation, dise chela au lieu de cerveza et évoque les güeyes de Zacatecas. L'un d'entre eux, clown de profession, a insisté pour que je lui apprenne à dire « tu es très jolie », afin de pouvoir draguer les innombrables françaises qui se pointent dans le coin.

Nous sommes finalement arrivés sans encombres et nous sommes tapé la montée jusqu'à la maison des deux frères. La soirée s'est passée à manger une délicieuse soupe de banane et de chili à la maison (bon sang, j'aurais dû demander la recette!), en compagnie de quelques amis, dont quatre couchsurfeurs que Kal et Diego connaissaient aussi. Le réseau n'est pas si grand, au Mexique tout le monde se connaît! Sympathique soirée.

Le lendemain matin, Carlos, Kal, Diego, Nasul, la copine de celui-ci et moi-même sommes allés engloutir un gargantuesque déjeuner chez les parents des deux frères, comme je l'avais déjà fait il y a deux semaines. Très bon, très agréable moment passé à évoquer les différents systèmes de chauffage existants dans nos pays respectifs. On s'est tous plaints du froid, et les parents se sont étonnés: pourtant, que vous veniez d' Argentine, de Corée ou de Suisse, vous devriez être habitués au froid, non? Ben déjà, moi je ne vis pas à la montagne; et surtout, on chauffe les maisons dès octobre, chez nous! Ici ils sont nombreux à passer l'hiver sans chauffage, et en plus les maisons sont apparemment conçues pour rester fraîches dans toutes les situations. Chouette en été, un peu moins actuellement.

Ensuite, Diego, Carlos, Kal, deux de leurs amis et moi avons repris la voiture et sommes montés à la sierra de Cardos, à quelques heures de route. Un grand soleil s'était levé, contrastant avec le froid brouillard qui recouvrait la ville quand nous l'avions quittée. La sierra est très belle, et nous en avons apprécié le silence.

Nous sommes maintenant sur le point de partir pour Aguascalientes, en stop, après un peu de salsa dans le salon et une discussion philosophique sur les mérites comparés de la société occidentale et de la vie dans un temple tibétain. Je reviendrai. Je ne sais pas quand, mais je reviendrai. Ça commence à être vraiment problématique, d'avoir autant d'amis dans ce pays!








Ce sont des araignées, et je n'ai aps compris si elles sont dans ces espèces de cocons...
De dos... (c'est pour l'amour de l'art, bien sûr, qu'ils ont accepté de poser)
...et de face.


Carlos et Nasul devant leur maison.

5 commentaires:

Elise a dit…

Ben dis donc, moi je ne me lasse pas de te lire et pire : je deviens accroc ! Côté artistique, OK pour la photo, mais alors surtout OK pour l'écriture, je t'encourage vivement dans cette voie (aussi).

Bravo d'avoir annulé le billet du retour, c'est pas de sitôt que tu retenteras un si beau périple, et vive le net !!!

Je suis contente de voir que dans ton voyage "extérieur" se concrétise un voyage intérieur, peut-être n'avais-tu pas pesé la portée que cette itinérance provoquerait chez toi. Et c'est très bien !

Preuve en sont tes tatouages. S'attacher/s'arracher. Binôme nécessaire à la vie. Je crois que je t'avais copié/collé mon article sur le chemin de montagne - que tu retrouves aussi sur facebook (car quand on écrit, ce n'est en général pas pour laisser dormir les manuscrits dans des tiroirs ou sur des ordis, mais pour des lecteurs potentiels, des fois que cela résonne en eux... On serait bien pauvres d'esprit si nos auteurs favoris avaient laissé dormir leurs textes dans leurs tiroirs !). Je mettais donc dans cet article que tout cheminement est une sortie de soi, un exode. Je retrouve cette idée dans tes tatouages. Pour pouvoir avancer, pour pouvoir grandir intérieurement, il faut quitter un endroit, savoir s'en aller, dire au revoir, voire adieu. A des gens, à des choses, à un état, à un emploi, à un statut... la chenille se débarrasse de ses peaux pour devenir un beau papillon.

Je te mets là quelques extraits d'un prochain article qui va sortir dans le bulletin de décembre et que je t'envoie volontiers par e-mail pour éviter de polluer les commentaires ici. Tu verras qu'on a, à des milliers de km et dans des registres différents, puisque mon c'est plus une réflexion théologique, les mêmes préoccupations, les mêmes réflexions, mais dites différemment... Ce qui me fait dire que tu es sur un chemin intérieur tout à fait fertile et propice aux questionnements existentiels (auxquels on ne trouve pas forcément de réponses, je te rassure !!!).

Extraits de "Et la nuit, comme le jour, est lumière", article d'EC qui va paraître en décembre 2008 dans les "Colonnes de St-Pierre" :

"Aussi faut-il être endormi pour se réveiller, faut-il avoir les yeux du corps fermés pour que ceux de l’âme s’ouvrent au possible de Dieu dans l’impossible humain, faut-il qu’il y ait la nuit pour que le jour se lève."

"La nuit accouche de nos rêves, de nos projets, nous force à nous dépasser, à réfléchir, à tenter d’y voir plus clair, elle nous invite à la confiance dans le silence qui invite à dépasser la parole quotidienne, la parole ordinaire, à dépasser les idées reçues. Celui qui ne veut pas se confronter à la fragilité, à sa propre fragilité, celui qui ne veut pas se retrouver face à lui-même ni face à Dieu, sortira en boîte de nuit ou dans un bar bruyant pour tenter d’échapper à ce qui le dépasse. La nuit, c’est le moment des poètes, des écrivains, c’est le temps de l’imaginaire, de l’imagination fertile, de l’affinement des perceptions par des sens en éveil."

"Il ne s’agit donc pas d’éviter la nuit, mais de la transfigurer. Chacune de nos vies connaît des nuits noires, des moments où tout s’assombrit, où tout semble figé. Notre regard reste rivé dans l’obscurité, ne distinguant plus rien. Il faut tenir bon malgré tout, chercher la lueur de l’aurore, être attentif à ce moment particulier du petit matin où les oiseaux commencent à chanter. Ce réveil sera une surprise. Quand on ne s’attend pas à quelque chose et que cela arrive, c’est une surprise, un étonnement, un émerveillement. Parce qu’il y a toujours un matin qui se lève et qui laisse la place à tous les possibles, parce que la nuit, bien plus souvent qu’on ne le croit, est féconde et accouche tout doucement et sans douleur de nouveaux bonheurs invisibles en plein midi. Il faut laisser se dérouler la nuit, accueillir ces instants troublés comme des opportunités, car Dieu comble toujours l’absence apparente de sa Présence rassurante. Car « la nuit, comme le jour, est lumière » (Ps 139, 12)."

Ce dernier § rejoint ce que tu dis quand tu parles d'une lueur qui devient brillance...

Voilà donc encore quelques pistes pour toi... Esotérisme, spiritualité, développement personnel, astrologie... Pourquoi l'homme ne serait-il fait que d'un corps ? Mystère, mystère...

Tu dis toi-même que tu t'ouvres un peu plus à ce genre de perceptions - car c'est bien de perceptions dont il s'agit, c'est très personnel, d'où le respect à avoir face à des gens qui croient en ci ou en ça ou en rien du tout. Si tu acceptes de te laisser surpendre par ce qui n'est pas rationnel, tu n'as pas fini d'être étonnée, émerveillée (je vois plutôt la capicité d'émerveillement dans ton signe complémentaire, singe, enfant, les enfants s'émerveillent tout le temps, c'est ce qui fait leur force). Je te rassure, tu ne deviendras pas une grenouille de bénitier pour autant, car la spiritualité, selon moi, est indépendante de toute religion, de tout dogme, mais nous relie verticalement à ce qui nous dépasse, à ce qui nous transcende, peu importe comment on l'appelle...

Je te souhaite de très belles découvertes, de très belels rencontres, je te le répète, tu n'as pas fini d'être étonnée... Et n'oublie pas que conjontement à l'émerveillemnet, l'observation de ce qui t'entoure et le silence sont des alliés précieux pour aiguiser tous tes sens. Le silence est nécessaire à la parole...

Anonyme a dit…

Ben dis donc, y'en a un qui a du poil au cul!! ;-)
Bisous

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup le contraste entre le commentaire d'Elise et celui de Marion. :D

Anonyme a dit…

j'aime beaucoup les pictures des mains dans la première image avec leur ombre...
et aussi celle avec les barbelés....

ici il a commencé à neiger hier matin... donc samedi... enfin...

très chouette d'enfin pouvoir voir ces tatouages... très chouette concept mais encore une question pourquoi au poignet ? moi j'aurais imaginé une sur chaque fesse par exemple...

et je ne sais pas si je te l'ai déjà dit... mais ... ( roulement de tambour )ahaahha
juste merci de pouvoir "nous" faire partager your trip... surtout d'un point de vu de l'image...

Anonyme a dit…

Une sur chaque fesse ?

Non, il aurait fallu écrire trop gros, ça lui aurait coûté une fortune !

:D hihi

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