mercredi 19 novembre 2008

L'histoire de Diego

Je voyage avec Diego depuis maintenant presque deux semaines, et j'ai envie de vous conter un petit épisode de sa vie, qu'il a partagé avec moi ces derniers temps, un sourire illuminé sur le visage.

Diego était à Guanajuato lors du week-end de clôture du Cervantino. Le Cervantino, c'est un festival totalement déjanté, une beuverie gigantesque et folle, qui a lieu chaque automne dans une ville qui est considérée comme faisant partie des plus belles du Mexique. J'avais d'ailleurs l'intention d'y aller, les Chihuahuenses m'y avaient poussée, me parlant de cette fête avec un sourire éclatant et des étoiles dans les yeux...mais je suis finalement restée à Chihuahua, et vous savez pourquoi. Quoi qu'il en soit, Diego était chez des amis couchsurfeurs le soir du concert de clôture, par le groupe Café Tacuba (que j'avais vu à Chihuahua quelques jours auparavant, si vous suivez bien), et il se sentait bien. Il s'est accoudé à une fenêtre de l'appartement où il résidait, qui surpomblait la place centrale de Guanajuato, et a observé la foule, incroyablement dense, qui chantait avec le groupe. De là où il était, Diego avait du mal à distinguer la scène, mais il avait une vue imprenable sur les écrans géants qui retransmettaient le concert en direct. Pas vraiment besoin de descendre, et il appréciait de pouvoir simplement contempler la foule. Mais ses amis, eux, avaient envie d'aller goûter l'ambiance de plus près et on insisté pour aller se mêler à la multitude de gens joyeux et ivres. Allez, Diego, viens! Il les a donc suivis. La foule était réellement très compacte, et il leur fut difficile de progresser jusqu'à la scène. Et alors que Diego suivait ses amis en se frayant tant bien que mal un passage, son regard est tombé sur le sourire incroyablement lumineux d'une inconnue qui le fixait, accoudée à un muret surplombant la foule, au loin. Hypnotisé, il lui a souri en retour, et elle lui a adressé un petit signe de la main. Il lui a répondu timidement, continuant son chemin et s'éloignant lentement d'elle. Ils ont continué à se fixer un moment, mais Diego ne pouvait pas bien voir son visage, qui se fondait dans l'obscurité, et il a fini par détourner le regard, histoire de ne pas attrapper un torticoli. Il a continué à avancer ainsi quelques minutes avec ses amis, puis a brusquement décidé de faire demi-tour et d'aller voir cette jeune fille de plus près. Laissant les autres, il a effectué une boucle en sens inverse, de manière à arriver derrière la fille en question. Elle était toujours accoudée au même endroit, observant la foule. A ses côtés, une place s'est libérée; Diego s'y est naturellement inséré; la fille a tourné la tête, l'a vu et s'est mis à rire, surprise. Tous deux ont ri quelques secondes, et la fille lui a dit qu'elle pensait qu'il était déjà bien loin dans la foule. Ils sont restés ainsi une heure, deux heures, qui sait? et ont discuté sans interruption, ne prêtant plus aucune attention ni au concert ni à la foule. Elle n'était pas exceptionnellement belle, mais son sourire était radieux et quand il lui a touché la main, Diego a senti que quelque chose de fort passait entre eux. La fille a finalement dû partir, mais a demandé à Diego son adresse e-mail; lui n'avait malheureusement rien pour noter la sienne. Il a ensuite rejoint ses amis, et ils ont tous trinqué dans l'euphorie la plus totale avec de parfaits étrangers.

Dix jours plus tard, Diego n'avait toujours pas reçu de mail, et commençait à se demander si l'inconnue n'avait pas perdu son adresse. Ou peut-être était-elle mariée? Ou alors quoi? Il voulait en avoir le coeur net. D'elle, il ne savait que peu de choses: qu'elle s'appelait Livier (!), vivait à Aguascalientes et créait des costumes pour un théâtre. Autant aller sur place et voir ce qui se passe, non? C'est ainsi que nous l'avons accompagné à Aguascalientes la semaine passée. A ce moment-là, j'ai passé un peu de temps avec lui, et nous sommes allés nous renseigner dans un théâtre. Pas Livier par ici, mais il existait un autre endroit, un centre culturel, peut-être était-elle là bas. Nous sommes ensuite allés passer le week-end à Zacatecas, mais Diego savait qu'il devenait revenir à Aguascalientes, et nous sommes revenus avec lui. Hier, je l'ai à nouveau accompagné dans ses recherches, et nous n'avons obtenu que le nom d'une Argentine qui, peut-être, travaillait avec la fameuse Livier. Diego, qui est très mystique, m'avait dit plusieurs fois qu'il croyait en le destin, et que s'il devait rencontrer cette fille, il la rencontrerait, peut-être simplement en marchant dans la rue. Moi, un peu plus pragmatique, je lui suggéré de la chercher avec tout de même un peu plus d'énergie s'il voulait la trouver, parce que bon, le destin a bon dos, mais il s'agit d'y mettre un peu du sien. Il a admis que j'avais raison et a décidé de tenter une nouvelle fois de trouver cette jeune fille enchanteresse. Il est donc parti ce matin, seul cette fois, et a demandé aux gens d'un atelier s'ils connaissaient cette Argentine. Oui, ils la connaissaient, mais elle n'était pas là. Bon. Mais peut-être que José Luis, qui était un peu plus loin, pourrait l'aider. Diego est allé voir cette personne, lui a expliqué son histoire, et bingo! Livier? Mais oui, il la connaissait! Elle travaillait non loin, dans un petit atelier. Diego est allé directement à l'atelier, a passé sa tête, timidement, dans l'entrebaillement de la porte; Livier était assise et travaillait, et l'a tout de suite reconnu et accueilli de son sourire radieux. Toi ici! Que fais-tu là? Comment tu vas? Comment m'as-tu retrouvée? Ils ont discuté quelques minutes et ont convenu de se voir, ce soir, pour manger ensemble et prendre le temps de discuter. A l'heure qu'il est, ils sont ensemble, et je ne sais pas encore ce qui s'est passé. Peut-être la magie que Diego a ressentie à Guanajuato n'était-elle due qu'à l'incroyable énergie dégagée par la foule? Peut-être lui-même était-il dans un état de réceptivité particulier ce jour-là, et cela lui a-t-il permis de vivre ce moment intense? Peut-être que cette fille est seulement sympathique, sans plus? Mais peut-être...peut-être que cette journée marquara le début d'une belle histoire d'amour, qui sait? Quién sabe? C'est la phrase favorite de Diego, et il m'a prouvé qu'on pouvait se laisser guider et porter par ses émotions et ses intuitions. Quoi qu'il se passe ce soir et dans le futur avec cette fille, il se sera en tout cas donné les moyens de vivre ses sentiments jusqu'au bout. Je suis heureuse qu'il ait pu retrouver Livier, et je suis heureuse d'avoir été témoin, indirectement, de ce dénouement. Je vous raconterai la suite bientôt...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

la suite...
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