mardi 7 octobre 2008

Chihuahua

Pour je ne sais quelle raison, la date est encore fausse, nous sommes le mercredi 8 octobre.

Mes amis d'Albuquerque m'ont conduite, sous la pluie, au terminal de Greyhound et j'ai donc enfin réussi à monter dans un bus à destination de Chihuahua dans la nuit de samedi à dimanche. Mais heureusement que j'avais prévu large, le bus de 3h30 est arrivé à 2h10! C'était un bus mexicain de première classe, plus confortable que les Greyhounds, et j'étais la seule gringa. Nous avons passé la frontière à El Paso / Ciudad Juárez, mais aussitôt descendus nous pouvions remonter dans le bus, et personne n'a jeté un seul coup d'oeil à mon passeport! Du coup, je suis officiellement encore sur territoire américain, et je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose...il va falloir que je règle ça et obtienne le tampon des autorités. Dans la matinée, plusieurs marchands ambulants sont montés dans le bus. Un type vendait des sucreries, un autre des lunettes de soleil, et le troisième, très classe dans son costard, a débité son boniment pendant une bonne demi-heure pour tenter de nous vendre un livre d'automédication. Marrant.
En rouge, l'Etat de Chihuahua. La ville se situe dans le sud de l'Etat, mais je n'ai pas réussi à trouver de meilleur plan.

Quand je suis enfin arrivée à Chihuahua, j'ai téléphoné depuis la gare routière à Koko – Jorge, de son vrai nom -, mon hôte, pour qu'il vienne me chercher. J'ai commencé à lui décrire la manière dont j'étais habillée, pour qu'il me reconnaisse, mais il m'a interrompue: pas besoin d'une description, il saurait bien reconnaître la seule occidentale de tout le terminal! Il est arrivé et nous avons embarqué dans sa vieille coccinelle sentant l'essence, direction le centre ville. Koko vit en colocation avec deux amis, Ulises et Polo, dans un grand appartement proche du centre, et ils ont constamment des couchsurfeurs depuis un an et demi. En ce moment ils hébergent également un couple de Néozélandais dans la quarataine, très sympa. Koko m'a montré l'appart, donné les clés et est retourné travailler, me laissant explorer mon nouveau territoire.
En fin de journée, je suis allée faire un tour en ville. Sympa, sans plus. Je n'y ai pour le moment vu aucun touriste, en tout cas aucun occidental, et c'est plutôt tant mieux; mais du coup, j'attire un peu l'attention, et me suis fait escorter un bout par un petit quinca bavard et curieux.
Le soir, nous avons passé quelques heures à refaire le monde tous ensemble dans la cuisine, en anglais et en espagnol. Les garçons ont de nombreux amis qui passent simplement, sans prévenir, restent un moment pour boire une bière, puis s'en vont. Au début, mon espagnol était vraiment rouillé, les mots me venaient d'abord en anglais; puis, à force de pratique, je me suis un peu assouplie, et ça commence à me revenir. Je dois constamment alterner entre les deux langues, selon que je parle aux Mexicains ou aux Néozélandais, et je crois que c'est un bon exercice, qui m'aide à gagner en agilité. Ce soir-là, Koko m'a demandé quelle image j'avais des Mexicains avant d'arriver; et ma foi, je ne saurais trop dire... J'avais évidemment en tête leur type de physique, et je savais plus ou moins ce qu'is mangeaient, et aussi qu'ils sont très croyants comme le reste des populations latines, mais c'est à peu près tout. J'avais oublié le cliché du Mexicain voleur, surtout en vigueur aux US, et que Koko a illustré par cette blague: dans une voiture, il y a un Mexicain, un Guatemaltèque et un Portoricain; qui conduit? Réponse: la police.
Epuisée, j'ai finalement quitté la conversation vers 2h du matin, et me suis effondrée sur mon matelas, fort moelleux, au milieu du salon. Le luxe, comparé à l'appart de Destinee!

Le lendemain matin, Koko nous a emmenés, tous quatre tassés dans sa toute petite voiture, manger des burritos dans un petit bouiboui de rue. Bon, mais fort! Ils mettent des piments partout. Le soir, j'ai pris mon tout premier bus avec Ulises. Tout un folklore, ces bus! Les amortisseurs doivent être un accessoire de luxe, par ici, à en juger par les bonds que nous faisions sur nos sièges... Nous sommes descendus dans le quartier universitaire pour aller courir à la Deportiva. La Deportiva c'est, comme son nom l'indique, un centre sportif, entouré d'une boucle de 2km prévue pour les joggeurs. Ulises a parcouru deux tours en marchant, pendant que j'en courais trois. Je n'ai malheureusement pas pu prendre de photos - c'est pas terrible de courir avec un appareil, j'ai déjà essayé -, mais l'ambiance est vraiment bonne. De nombreuses personnes parcourent la boucle, toujours dans le même sens, et l'on passe au milieu de plusieurs stands hauts en couleur, proposant de la nourriture bien trop alléchante; et de place en place, de puissants haut-parleurs diffusent de la musique entraînante. De quoi motiver même les moins sportifs! Dommage qu'un tel lieu n'existe pas à Genève...

Après tout ce sport, nous avions faim, et Ulises m'a emmené manger un "elote", acheté de ses sous à un stand de rue. Il s'agit de grains de maïs baignant dans une sauce à base de crème, de fromage fondu et de citron...de quoi ruiner 45 minutes de course en dix fois moins de temps! Nous avons ensuite rejoint un couple de ses amis dans un bar rempli d'hommes hurlant devant un match de foot américain. Ulises m'a expliqué que le lieu où nous nous trouvions était en fait une ancienne "cantina", à différencier des bars qui peuvent fermer plus tard et ne servent pas de nourriture; et les cantina, m'a-t-il dit, étaient interdites aux femmes jusqu'à il y a seulement cinq ans! Encore maintenant, il est assez mal vu d'y mettre les pieds seule.
Sur le chemin du retour, j'ai eu droit à des explications détaillées sur les bâtiments que nous croisions, et à plusieurs légendes. Nous nous sommes arrêtés devant un magasin de robes de mariées, et Ulises m'a raconté la légende de Pascualita. On dit que le mannequin ci-dessous n'est pas un mannequin, mais le corps momifié d'une jeune fille, Pascualita, morte de douleur le jour de ses noces, parce que son fiancé l'a abandonnée. La mère de la fille aurait fait embaumer le corps et l'aurait vendu au magasin dans les années 30 et, depuis, on chuchote que parfois le mannequin change de robe tout seul la nuit et que des larmes coulent de ses yeux...
Des équipes de télévisions sont venues faire plusieurs reportages, et des analyses ont été faites sur le visage du mannequin, révélant qu'il s'agit de cire. Mais les gens continuent à croire à cette histoire, Ulises le premier. Il est vrai que le réalisme de ce visage est assez troublant. Elle semble triste et pensive, non?

Sur le chemin du retour, Ulises m'a également expliqué l'origine de son surnom, El Gusano, "Le ver". Au fond des bouteilles de mezcal, un alcool local à base de peyotl, se trouve en général un ver; je n'ai pas vraiment compris pourquoi, je crois que c'est une marque d'authenticité prouvant que l'alcool a été fait artisanalement. Quoi qu'il en soit, Ulises, quand il était plus jeune, buvait énormément...suffisamment pour qu'on l'associe à ce petit animal baignant dans l'alcool! Ce surnom est devenu universel, et il l'a conservé quand il a commencé à faire de la radio, il y a plusieurs années. Dorénavant, il présente l'émission la plus populaire d'une des chaînes les plus populaires de Chihuahua, tous les matins, et les Chihuahuenses connaissent tous sa voix comme étant celle du Gusano de la radio. Il reçoit des appels de filles qui le trouvent drôle et spirituel et désirent le rencontrer... "mais elles ne sont plus aussi enthousiastes quand elles me voient en chair et en os", a-t-il précisé, avec un petit rire un peu triste.

Le soir, j'ai également rencontré Polo, le troisième larron. Sa famille vit dans un village proche et produit de délicieux fromages, dont le frigo est rempli...miaaaaaam! On peut évidemment se servir quand on veut et de ce qu'on veut. "Mi casa es tu casa!"
Ce soir-là, Ulises m'a cuisiné un plat dont j'ai oublié le nom: des morceaux de tortillas trempées dans une sauce au chili et à la tomate, et frits à la poêle avec du fromage. En parlant de nourriture, je n'ai pas encore chopé de turista, bonne nouvelle! Les garçons ont des gouttes désinfectantes que j'utilise pour laver la salade et pour rendre potable l'eau du robinet. Eux la boivent telle quelle, m'assurant que les problèmes sanitaires se rencontrent essentiellement dans le sud...mais je n'ai pas trop envie de m'y risquer, avec mon système digestif exclusivement peuplé de bactéries européennes.

Après le repas, j'ai aidé Ulises avec son français. Il prend des cours depuis quelques temps - ce qui est rare, ici les cours de langues coûtent cher -, mais patauge complètement. Il faut dire qu'il est arrivé en cours d'année... Son cahier est rempli de phrases telles que: "Je suis désolé de vous avoir bousculé", mais il sait à peine comment se prononcent les sons. Nous avons donc repris les bases, les verbes avoir et être, j'aime le café, elle me plaît...etc. Oui, "plais" et "plaît" se prononcent de la même façon mais s'écfrivent différemment, et non, le son "ai" ne se prononce pas tout à fait comme dans "yo sé". Bon sang, ce que cette langue est difficile! Entre les lettres muettes, les sons exotiques et les conjugaisons fantaisistes, je me demande comment nous parvenons tous à la maîtriser si bien! Et de plus en plus, je suis contente d'être francophone. L'espagnol, c'est beau, l'anglais aussi...mais par contraste, le français m'apparaît de plus en plus comme étant ma langue, ma précieuse et magnifique langue.

Voici quelques photos. J'aimerais photographier les gens, mais je n'ose pas trop. Il y a en ville une faible proportions d'Indigènes, on reconnaît facilement les femmes à leurs multiples jupes colorées superposées les unes sur les autres. J'essaierai de les prendre en photo...



















Une des nombreuses inscriptions de couchsurfeurs qui couvrent les portes et les murs chez Koko, Ulises et Polo:


Les trois photos ci-dessous proviennent d'un monument artistique dédié aux femmes de Ciudad Juárez, au nord de l'Etat de Chihuahua, à la frontière avec les US. Vous en avez peut-être entendu parler: chaque année, des centaines de femmes sont battues à mort ou simplement froidement tuées. J'ai tenté d'en connaître la raison, mais n'ai reçu aucune réponse claire. Il semblerait qu'il s'agisse de violence conjugale, et quand j'ai demandé pourquoi la ville de Juárez était particulièrement touchée, on m'a répondu qu'il y avait là-bas de nombreux problèmes de drogues à cause de la pxoximité avec les Etats-Unis.


"Ni una más!" veut dire "pas une seule de plus!".


La coccinelle de Koko. J'en ai vu plusieurs en ville, ça a l'air d'être la mode, ici.La nourriture est bon marché, surtout pour moi, et les gens sont souvent assez gros. La torta à 5 pesos vaut environ 50 cts suisses, le repas complet hamburger-frites-coca vaut donc 2 frs.


Cet après-midi, je vais prendre le bus pour Creel, à 4 heures de Chihuahua. Il s'agit d'un village tranquille vivant essentiellement du tourisme, et pour cause: il est situé à proximité immédiate de la Barranca del Cobre, le Canyon du Cuivre. Je vais y passer deux jours, en auberge, et revenir à Chihuahua samedi pour fêter les 30 ans d'Ulises. Ca me fera remonter, alors que je me dirige globalement vers le sud, mais je m'en fiche, ça en vaut vraiment la peine. Ce lieu est tellement rempli de bonnes vibrations que je pourrais y passer des mois, à parler de voyage et d'amour des heures durant avec Koko, d'amitié, de famille, de coutumes et de croyances avec Ulises. J'ai rempli une page entière de mon cahier avec de nouveaux mots grâce à eux, et je ne compte pas m'arrêter là. Quelques exemples, juste pour le fun:

Un güey = un gars. Typiquement mexicain, et ils l'utilisent tout le temps.
Chido = cool. Pareil.
Un bofetón = un bleu...je me suis cognée deux fois à un coin de la table en verre de la cuisine.
Un picate = une piqûre. Je me fais bouffer par les moustiques.

Et plein d'autres souvent rigolos, mais je n'ai pas la liste sous les yeux.
Je me rends compte que je n'ai même pas de photos d'eux...ça sera pour la prochaine fois.

11 commentaires:

Gautier a dit…

Hello miss ca roule? Tu as pas encore rencontrer DJ Bobo???
Bon je sais c'est pas drôle, je sors....

Anonyme a dit…

"je me demande comment nous parvenons tous à la maîtriser si bien!" -> tous ? Tu côtoies pas des personnes représentatives des francophones, toi.

Et sinon, en ce qui concerne les mexicains et la bouffe... va voir: http://www.20min.ch/ro/entertainment/people/story/24025936 le mec le plus gros du monde est mexicain. Miam.

Lutinvengeur a dit…

oui si bien, je le vois.. à force de me forcer en inglisch.. et bien, le franchez perd de sa force et il faut parfois une bonne concentration pour encore le maîtriser...

Anonyme a dit…

Trop drôle le commentaire de Gautier, j'allais justement chanter: "taaa ta ta tada chi-hua-hua, taa ta ta tada chi-hua-hua! Aaaah notre DjBobo national se devait de t'acompagner dans cette ville. Désolée maintenant tu vas avoir la chanson dans la tête toute la journée...en même temps c'était fait exprès! ;-)
Sinon la vie mexicaine a l'air bcp plus mouvementée et alléchante que ce que tu as vécu jusque là au Québec, au Canada et aux USA je trouve! Tout d'un coup ça bouge dans tous les sens, les gens ont l'air plus cool et décontractés. Je sais pas si c'est qu'une impression mais en te lisant c'est ce qui ressort le plus pour moi!
Pis ce serait cool que tu reviennes trilingue! Tu n'auras jamais autant parlé espagnol en 4 ans d'uni que pendant cette année de voyage, on aurait dû faire ça dès le départ!
A+
Gros becs

Elise a dit…

Coucou !

Ouah, le Mexique, le soleil la chaleur... Tout ce qui manque à Genève... Quoiqu'aujourd'hui, belle journée d'automne toute douce ! Et j'entame une semaine de VACANCES (forcées : ma cheffe m'a dit de prendre cette semaine...) donc je vais rater des cours mais aller me la couler douce en Méditerranée !

Contente de voir que tout roule, en parlant de coccinelle, le père d'Olivier en a encore une qui date des années 50, je rêve de la rappatrier en Suisse et de rouler avec, mais il faudrait l'homologuer et tout le toutim, ce serait très fun !! Je la repeindrais en jaune citron, aussi :-) !

Je suis surtout contente de voir que toutes tes expériences au cours de ce voyage t'apportent énormément sur tous les plans, c'est énormissime. Et j'aime toujours autant te lire, c'est très agréable, bien écrit, avec la pointe d'humour quand il faut...

Plus d'Internet dès lundi, mais en pensées avec toi et je me réjouis de te lire la semaine du 20.

Biz.

PS : Me souviens vaguement des plantes dont tu parles dans un autre post que vous aviez à Onex dans le jardin,le long du mur à gauche, non ?! C'est assez flou comme souvenir, car faut dire que ça fait un petit bail quand même et qu'on n'était pas forcément très vieilles, enfin, moi déjà plus que toi, mais bon...

Sandra a dit…

Coucou,

Tout semble se passer à merveille à Chihuahua !!!!
Dis-moi, j'ai besoin de savoir..., il fait chaud comment à Chihuahua ?
C'est juste pour fantasmer sur la chaleur et le soleil ;o)

Sinon je connaissais le prob de Juárez, parce que j'ai lu, un weekend que je me sentais d'humeur encyclopédique, la célèbre enquête de Juan Caminemos sur cette triste réalité (enquête commandé par l'Institut mexicain de recherche sociale), bon, non, en fait j'ai vu un film dans lequel jouait Jennifer Lopez et qui parlait de ce sujet :o)
Et sinon sache que tes aventures ont servi la culture aujourd'hui !!! Comme j'ai bossé avec mes élèves sur la différence entre légende et mythe, je leur ai raconté l'histoire de Pascualita et leur ai demandé ce que c'était comme genre de texte :o) Et sache aussi que tu es une légende pour eux parce que je leur ai dit que ma meilleure amie était en vacances pendant 1 an ;o)

Valà, amuse-toi bien et bonne suite de route.

Bises

Nath a dit…

Gautier: nan, j'ai pas encore rencontré DjBobo, et d'ailleurs je n'ai encore vu aucun perro chihuahua! Bizarre... Mais ouais, j'ai pensé à la chanson.

Isa: ouais, je sais qu'il y a plein de nuls, je suis bien placée pour le savoir, souviens-toi du métier que je veux exercer... Mais j'ose imaginer que tous ceux qui lisent ce blog ont un bon niveau (sauf deux personnes...qui se reconnaîtront ;-)). Pour la bouffe, ouais, ça m'étonne pas que le plus gros soit Mexicain.

Elise: nan, sur le mur à gauche, c'étaient des rosiers, la merde quand il fallait enlever toutes les fleurs mortes. L'herbe de pampa était au fond près de la balançoire.

Sandra: ah voilà, JLo à la rescousse... Et tant mieux si tu peux utiliser Pascualita! T'as pris mon texte?? Sinon, tu peux leur dire que ta meilleure amie est en vacances pour peut-être encore deux ans de plus...ça travaille dans ma tête...

Anonyme a dit…

Deux ans de plus ? Ouais mais moi je vais faire quoi pendant 3 ans de tes cartons entassés dans l'entrée ? :/

Elise a dit…

Isa : tu les balances, mouahaha !!! Si Nath n'en aura pas eu besoin pendant 3 ans, elle n'en aura pas besoin à son retour ;-) CQFD. C'est comme les habits qu'on ne met plus pdt 1 an, pourquoi les remettrait-on 2 ans après ? Je vous laisse avec cette question existentielle et vais faire ma valoche !

Nath a dit…

Nan nan nan nan nan, tu jettes rien!! Déjà que tu vas peindre par dessus mon bel arbre, alors non, pas mes cartons en plus!! Les fringues qui sont dedans, j'y tiens, et c'est pas de ma faute Si j'ai pas pu les prendre en voyage! Et puis les livres... Bon, c'est vrai que je pourrais vivre sans, je suis en train d'apprendre à donner mes livres quand j'ai fini de les lire. Mais je ne suis pas encore prêêêête!
Donc Isa, j'ai une autre suggestion: tu en fais une belle décoration, ou alors tu les transforme en arbre à chats! :)

Unknown a dit…

Eh ben, on peut dire que tu aimes prendre les barrières en photo!

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