samedi 11 octobre 2008

Creel et Batopilas

Avant tout, voici deux photos avec Koko, t-shirt jaune, et Ulises, prises avant mon départ.

Je reviens donc de quelques jours passés dans la Barranca del Cobre, à quelques heures de Chihuahua.

Peu avant de partir, j'ai prévenu les garçons de Chihuahua, en consultant ma montre, qu'il me restait approximativement 2h10 avant de quitter la ville. « Tu me dis que tu perds tout, mais tu n'as pas encore perdu ta montre! » m'a fait remarquer Koko. «C'est elle que tu devrais perdre! » Je vais tout faire pour éviter de la perdre, ma jolie flik flak; mais il a sûrement un peu raison: je devrais apprendre à lâcher un peu prise et vivre à la mexicaine. Peu après, Koko m'a vue ajouter une goutte de désinfectant à l'eau du robinet dont je remplissais ma bouteille en vue du trajet en bus. Il s'en est étonné et m'a dit que je pouvais la boire telle quelle; je lui ai alors expliqué que les gentilles petites bactéries européennes dont mes entrailles étaient peuplées n'étaient pas acoutumées à l'eau d'ici, contrairement aux siennes. Il m'a alors rétorqué que je devais peut-être commencer à habituer mes intestins en les laissant coloniser par les bactéries du nord du Mexique, parce que ça allait devenir pire à mesure que j'allais descendre dans le sud; mieux valait m'accoutumer petit à petit plutôt que de succomber au moindre fruit plus tard. Il a raison! J'ai jeté l'eau désinfectée et ai rempli ma bouteille d'eau du robinet pure, non sans menacer Koko de mort si je devais me retrouver prise de diarrhée dans le bus sans toilettes. Lâcher prise, encore une fois. Bien sûr, je reste prudente; mais j'essaie, à petites doses, de me laissr porter par les évènements et de me vouer, réellement, au voyage.

Heureusemnet pour la vie de Koko et la propreté des sièges du bus, mes intestins se sont très bien portés, merci beaucoup. Je suis arrivée à Creel, sous une pluie torrentielle, 4 heures plus tard, et me suis fait escorter à l'auberge par un petit garçon visiblement en quête d'argent facile. J'ai hésité à lui donner quelques pièces, mais ai décidé qu'après tout l'auberge était à une minute à pied du terminal de bus...faut pas pousser. Pour moins de 10 frs, j'ai eu le droit à un large lit en dortoir, au souper et au déjeuner le lendemain matin. Au repas, j'ai revu les deux Kiwis – c'est comme ça que se nomment les Néozélandais – qui avaient passé quelques jours avec moi à Chihuahua et étaient partis un jour avant moi. A ma table se trouvaient également un groupe hétéroclite de voyageurs désirant visiter le canyon le lendemain. Plusieurs excursions étaient organisées, moyennement paiement, chaque jour, et certains ont mentionné une petite ville, Batopilas, lovée au fond du canyon, à plusieurs heures de voiture. Nous avions la possibilité d'afrêter un minibus pour nous y emmener et nous ramener à Creel le lendemain matin, mais nous devions être au minimum huit personnes. J'avais plutôt prévu de marcher un peu, et n'avaia ps tellement envie de me retaper plusieurs heures dans les transports, mais j'ai fini par me laisser gagner par l'enthousiasme collectif. Lâcher prise. Après une bonne heure de discussion, l'exursion était prévue pour le lendemain matin.

Nous avons quitté Creel jeudi matin dans la bonne humeur, malgré qu'on nous ait fait un peu attendre. Nous étions onze: le couple de Kiwis, trois Allemands, deux Anglais, deux Danoises, un Neuchâtelois et moi. Le voyage fut long, 5 heures, et un peu chiant, malgré la beauté des paysages. Il faut dire que j'étais très fatiguée et que le van roulait sur une route de terre absolument défoncée de toutes parts.



On croise plein de bestioles le long de la route, surtout des ânes et des vaches, ainsi que quelques chèvres.Ce bébé chevreau avait encore le cordon ombilical attaché au ventre.

Il y a aussi pas mal d'autels dédiés à la Vierge le long de la route.

A mesure que nous descendions, la chaleur se faisait plus intense; et quand nous sommes enfin arrivés en vue de la rivière – le Río Batopilas - , nous n'avions plus qu'une idée en tête: nous baigner. Notre joyeuse et impatiente équipée avait lancé un pari sur l'heure d'arrivée, et c'est la Team Danmark qui fait l'estimation la plus proche. Une fois sur place, nous sommes allés manger dans un petit resto totalement vide, puis nous avons enfin décidé dans quel hôtel nous voulions passer la nuit. J'a atterri avec les deux Danoises dans une chambre avec trois lits et une petite salle-de-bain, et nous nous sommes dirigés vers la rivière. Certains ont choisi de marcher 16 km en direction d'une ancienne cathédrale perdue au milieu de nulle part, mais j'ai choisi la baignade...bien plus tranquille. Notre petit groupe est sorti de la ville, qui consiste en une seule rue, et nous sommes descendus sur la berge caillouteuse du río. Depuis mon départ, je ne m'étais baignée que dans le lac glacial de Vancouver Island, si l'on exepte la piscine à Montréal. Cette eau-ci n'avait absolument rien à voir! Chaude juste ce qu'il fallait, mais agréablement rafraîchissante par cette touffeur, et avec un léger courant suffisamment puissant pour nous empêcher de nous endormir.

Nous avons barboté un bon moment, puis sommes sortis et nous sommes acheminés vers les ruines d'une hacienda minière toute proche. La lumière était très belle au soleil couchant.



La ville en elle-même est rustique, et l'on sent la présence du canyon tout autour d'elle. Nous nous sommes un peu promenés, et je me sentais un peu mal à l'aise de me déplacer ainsi en troupeau, avec l'appareil photo autout du cou. Nous avons été interpellés par un type sur le seuil d'une sorte de galerie d'art, et sommes entrés un peu malgré nous. Le mec est Allemand, il doit avoir la jeune cinquantaine et il vit à Batopilas depuis maintenant 10 ans, après avoir découvert la ville en touriste. 10 ans! La ville possède de jolis endroits, les gens y sont sans doute accueillants, mais enfin c'est un véritable trou. Peut-être est-il resté par amour... Sinon je ne comprends pas bien ce qui peut pousser un étranger à s'établir ici.


Le car-wash local... Et au fond, c'est un âne, couché sur la plage.

Sur un pont branlant.


Spéciale dédicace à Marion et Lydia! Sor Juana Inés de la Cruz est une poétesse Mexicaine illuminée et ultra, ultra chiante née au XVIIème siècle. D'accord, elle était précoce, savante et talentueuse, d'accord, elle a bravé les coutumes de l'époque qui voulaient qu'une femme soit sotte et ferme sa gueule, mais bon sang ce que j'ai détesté lire sa poésie! A vrai dire je crois que j'ai dû m'arrêter au deuxième (long) poème. Qui dit mieux, les filles?








"DIS NON aux drogues. Les drogues détruisent...!"


Au restaurant...tout un symbole.





La chaleur étouffante ainsi que les moustiques nous ont empêché de passer une nuit agréable. A peine le temps de faire quelques photos le lendemain matin, et nous étions repartis: la chaleur est telle dès que le soleil sort qu'on ne pouvait pas attendre. Le trajet du retour fut un peu moins ennuyeux que l'aller, étant donné que James, un Anglais, nous a proposé de jouer à un jeu, une sorte de trivial: chaque équipe devait poser une question à propos de son pays à chacune des autres. Parmi les questions auxquelles Vivien, le Neuch, et moi, avons su répondre: citez trois personnalités Néozélandaises et dites pourquoi elles sont connues (bon, moi je ne connaissais que Russel Crowe, mais Vivien a cartonné); quelque chose à propos des équipes de foot anglaises (...); et le reste est un peu flou dans mon esprit. Les anglais ont posé aux Kiwis une question à laquelle j'aurais su répondre les doigts dans le nez: quel écrivain français très connu a vécu à Guernsey (d'où est originaire un des Anglais) et Jersey? Ben oui, ce grand niais de Victor Hugo en exil! Comme quoi les études de Lettres servent quand même à épater la galerie dans un van rempli d'étrangers... Vivien et moi nous sommes mis d'accord sur quatre questions que nous pensions relativement faciles, et les avons sélectionnées en fonction des équipes. Les Allemands, très proches de nous, ont ainsi eu droit à: quel est le nom allemand ET français de la célèbre montagne en forme de toblerone? Malheureusement pour eux, ils ne connaissaient que son nom germanique. Pour les Néozélandais, qui vivent à l'autre bout de la planète, une question facile: quelle est la capitale de la Suisse? Euh...Genève...? C'était la seule ville qu'ils connaissaient. Pour les Danoises: quel est le nom du personnage mythologique qui a tiré à l'arbalette dans une pomme posée sur la tête de son fils? Elles ont trouvé, mais ne savaient pas que Guillaume Tell était Suisse... Et enfin, pour les Anglais: comment s'appelles nos provinces? On ne les nommes pas provinces, elles portent un autre nom... Ils n'ont pas trouvé. Lorsque toutes les questions eurent été posées à toutes les équipes, la Team Switzerland était en tête, à égalité avec la Team New Zealand. Les trois autres équipes nous ont donc posé une question chacune pour nous départager. Depuis combien d'années règne Elizabeth II? 56 ans, les deux équipes sont tombées pile poil. En quelle année la princesse Mary (?) du Danemark a-t-elle rencontré celui qui allait devenir son époux? Un peu au bol, Vivien et moi avons trouvé la date la plus proche: victoire de la Suisse, déclarée officiellement meilleur pays au monde! S'en est suivie une discussion sur les emblêmes de la Suisse: les couteaux, bien sûr, les montres, les banques, et puis le chocolat. « Le chocolat suisse est très bon, mais le chocolat Néozélandais est meilleur, simplement on est tellement loin que personne ne le sait », a objecté tout à fait sérieusement notre amie Carol, la Kiwi. Etranglement et indignation de la Team Switzerland: ça se saurait, quand même!! Le débat n'est pas clos, il me faudra donc aller faire un saut en Nouvelle-Zélande...

C'est de très bonne humeur que nous sommes finalement enfin arrivés à Creel. J'ai appris qu'une tuerie avait eu lieu là-bas en août. Apparemment, le maire a reçu un dessous-de-table et n'a pas honoré sa part du contrat... Toute sa famille a été tuée, on ne sait pas par qui. Sympathique.

"Bienvenue à Creel, terre de rencontre (c'est le slogan de la priôvince de Chihuahua)...avec la mort, la mafia et la corruption. Nous avons été massacrés le 16 août 2008".

Là, je n'ai eu que le temps de manger avant de reprendre, 2h plus tard, le bus pour Chihuahua, en compagnie de Vivien. Je comptais initialement rentrer seulement le lendemain, mais lui avait déjà passé quatre jours à Creel et avait réussi à obtenir la possibilité de visiter une mine de cristal près de Chihuahua. Bon, mais j'aurais tout à fait pu rentrer seule le lendemain, me direz vous; eh bien non, parce que Vivien attendait que je finisse « Shantaram », le pavé que je lisais depuis Vancouver Island, pour qu'il puisse, lui, enfin le lire. Il voyage depuis maintenant deux ans et a notamment passé six mois en Inde, et brûle de lire ce best seller, qui se passe à Bombay. Il avait déjà rencontré plusieurs personnes le lisant, mais elles étaient toujours au début ou au milieu du livre, et loin d'avoir terminé. J'étais donc une aubaine pour lui! J'ai finalement terminé le bouquin dans le bus qui nous ramenait à Chihuahua, et ai pu le lui donner. Ouf.

A la fin de cette épuisante journée de voyage, nous avons enfin débarqué chez les garçons, qui ont évidemment très bien accueilli Vivien. Petite discussion sur la Suisse autour d'une bière, et Ulises m'a demandé si je connaissais « Heidi, la niña de las montañas ». Ben oui, bien sûr. Et comment s'appelle son meilleur ami? Et son père? Euh...ben là je dois dire que je n'en sais foutrement rien. Lui il sait, le roman est très connu au Mexique. Il m'a ensuite expliqué qu'ici on surnomme Heidi les femmes à grosse poitrine, parce que leurs gros seins son comme des montagnes... « Heidi, la gamine des montagnes », cqfd. Je suppose que les sociologues seraient fascinés par cet intéressant détournement du patrimoine culturel! Moi en tout cas j'étais morte de rire.

Me voici en tout cas de retour à Chihuahua, et sans doute pour quelques jours. Ce soir a lieu l'anniversaire d'Ulises, ce qui signifie que je vais rencontrer plein de Mexicains ivres. Ca promet d'être intéressant. J'aimerais également prendre quelques jours pour digérer toutes les informations que j'ai reçues des voyageurs que j'ai rencontrés à Creel. Nous sommes maintenant officiellement en automne, et je crois de plus en plus de personnes qui sont en voyage, et non pas simplement là pour faire du tourisme...et il y a une différence. Déjà, nous sommes en général réellement sur la même longueur d'ondes; et ensuite, ils peuvent me parler en long et en large de pays qui m'attirent. Ainsi, j'ai pu poser, surtout, des questions sur l'Australie et sur l'Inde. J'ai expliqué que j'avais envie de passer une année en Islande, mais on m'en a dissuadé: je ferais mieux d'aller en Australie, il y a absolument tout dans ce pays. Il est facile d'y voyager, tout le monde est accueillant, etc, etc. Bon, mais j'ai quand même envie d'aller en Islande, moi... Et puis l'Inde est éprouvante, mais les femmes peuvent y voyager seules sans problème, et il n'y a aucun autre pays semblable sur cette Terre, il faut le voir une fois dans sa vie. Par contre c'est tellement grand qu'il faut plusieurs mois pour avoir une vue d'ensemble. Bon...cela voudrait donc dire que je partirais, disons, neuf mois en Islande, puis six mois en Inde, puis encore neuf mois en Australie? Bon sang, je n'avais pas l'intention de voyager trois ans quand je suis partie! Mais après tout, d'autres le font et le vivent très bien, donc pourquoi pas. Je sais bien que je dois d'abord songer à ce voyage-ci avant de me prendre la tête sur le futur, mais je pense aussi que je dois m'y préparer un minimum et laisser mariner tout ça dans un coin de mon esprit. En tout cas, s'il y a parmi vous des amateurs de kangourous, de batonnets d'encens ou de geysers, vous savez avec qui partir...


7 commentaires:

Unknown a dit…

En tout cas, une chose est sure, on ne s'ennuie pas en te lisant.
Je me réjouis de pouvoir te suivre à travers tes périples sur ce grand continent.

Pour moi, dernier jour à Sao Paulo et retour sur le vieux continent demain. Mais bon, je file en Islande mercredi. Je t'enverrais une carte postale virtuelle :-)

Je crois que je n'ai plus besoin de te dire que je suis amateur de geysers ;-)

Profite bien de toutes tes découvertes et à tout bientôt
Guillaume

Lutinvengeur a dit…

je suis partant pour le pays des kangourous!!! c'est ma prochaine destination..

Anonyme a dit…

Après bientôt 4 mois, il ne doit plus de rester beaucoup de bactéries européennes, tu sais...

Unknown a dit…

Hello,si je devais choisir entre kangourous,geysers ou encens...ce serait encens je pense, pas vraiment pour l'encens mais parce que l'Inde m'attire...remarque l'Islande aussi,l'Australie moins,je sais pas pourquoi j'ai jamais été attirée,peut-être parce que j'ai l'impression que tout le monde y va...et aussi les kangourous sont agressifs,on a de la peine à y croire et pourtant...ils attaquent sans raison!!Sinon,Gautier et moi on va adopter un petit chat mi-novembre,on se réjouit trop,une petite boule de poil tricolore...a part ca le Mexique ça a l'air vraiment intéressant,je me suis passionnée pour cette histoire de Pascualita et même si je connaissais celle de Ciudad Juarez (qui n'est pas une légende celle-là), je trouve ça assez fou!Ces rues désertes que vous traversez sur une photo, ça m'a fait pensé nostalgiquement à Cuzco, tu passes au Pérou j'espère...en tout cas Cuzco vaut le détour!!A++

Sandra a dit…

Coucou,

J'ai un titre de livre pr toi : Blindness de Jose Saramago.
J'ai vu le film, le livre doit être encore plus génial!!

++

Anonyme a dit…

Bonne excuse la dégustation de chocolat en Nouvelle Zélande! Ce pays a l'air magnifique, merci le Seigneur des Anneaux de nous en avoir donné un aperçu...Viggo serait-il encore caché derrière un rocher? ;-)

Entre l'Islande, L'Inde et l'Australie, je pencherais plutôt pour l'Australie. Le pays a l'air magnifique mais aussi immense. Y'a de quoi faire je pense pis niveau climat ça doit être agréable. La seule entrave à un tel voyage reste l'aspect financier...je cherche un stage en ce moment et rien que pour ça c'est compliqué alors pour un boulot fixe...! Mais je ne m'empêcherai pas de voyager pour autant dans l'avenir!
Belle l'hacienda sinon et chouettes photos! Encore! Encore!
Becs

Nath a dit…

:) :) :)

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