mardi 19 août 2008

Le glacier Athabasca et Jasper

Coucher de soleil à Lake Louise.


J'ai donc quitté Lake Louise sur le pouce. Enfin pour être exacte, j'ai plutôt marché pendant une heure avec tout mon barda sous un soleil de plomb avant d'arriver, enfin, au bon embranchement de la highway. Hé oui, la carte était schématique, les distances pas proportionnelles au dessin... Pas grave. J'ai été ramassée rapidement par un septuagénaire originaire de Notthingham (vous savez, le bled du méchant dans Robin des Bois) en Angleterre, mais vivant ici depuis 40 ans. Il a encore son accent British mais est très fier d'être un Canadien, n'arrive pas à calculer en livres sterling et as du mal à conduire à gauche de la route quand il retourne au pays. Un passionné de montagnes, qui ne retournerait pour rien au monde vivre dans cette Europe étroite où l'on se marche dessus. Il connaît toute la région par coeur, est allé skier ici, a escaladé cette montagne, là il y a des ours, là des cerfs... Il m'a également raconté comment il avait parcouru l'Europe en stop quand il était jeune, passant d'une montagne à l'autre au gré des envies et des saisons. Autant dire qu'il connaît mon pays mille fois mieux que moi. Il m'a laissée au Columbia Icefields, à mi-chemin entre Lake Louise et Jasper, et où se trouve un centre de services. C'est bondé de touristes, il y a plein d'annonces accrocheuses...mais ça vaut la peine de s'y arrêter pour voir le glacier Athabasca de près. J'aurais pu emprunter un bus à grosses roues pour monter sur le glacier, mais bon, 38 dollars pour ça...non merci. J'ai préféré simplement marcher jusqu'au pied du glacier, après avoir laissé mon gros sac au comptoir d'achat de tickets de bus. Tout au long du parcours, il y a des panneaux montrant où le glacier se trouvait en telle année. Il a évidemment beaucoup reculé, a perdu 60 % de sa masse en un siècle...impressionnant. Ce n'est pas splendide à proprement parler (je suis un peu blasée, après les merveilleux paysages de Lake Louise), mais c'est grand, glacé, venteux...impressionnant. Les photos ne rendent pas l'imposante masse du truc. Il y avait une petite cordelette censée dissuader les gens de s'approcher du glacier ou de monter dessus, et de nombreux panneaux expliquent qu'il est très facile de tomber dans une crevasse masquée par la neige; une fois qu'on est au fond, il est très difficile d'en sortir, et l'hypothermie survient rapidement. "Les trois dernières expéditions de secours sur le galcier Athabasca ont échoué", indique une pancarte. Gulp. J'ai quand même fait comme tout le monde, j'ai franchi la cordelette pour voir la glace de plus près. J'ai même posé mes pieds sur le glacier, mais je ne me suis pas aventurée plus loin que 3 mètres...suis pas folle, non plus, ce serait con de mourir là!



Les quatre photos qui suivent montrent l'avant du glacier, avec un peu du lac qui s'est formé.




Le glacier, en avançant, racle et égratigne la pierre, laisssant des striures assez esthétiques.



J'ai ensuite à nouveau fait du pouce, direction Jasper, et me suis fait ramasser par deux djeuns dans un pickup. Deux authentiques Canadiens! Je me suis calée derrière leurs sièges, sans ceinture, et ai tenté de saisir leur conversation malgré la musique à fond et le bruit du vent. Comme tous jeunes nord-américains qui se respectent, il sortaient des "fuck" et "fuckin' " tous les trois mots, j'adore ça. Nous étions sur une route magnifique, serpentant au milieu des arbres, et sommes passés tout près d'un feu de forêt (il fait dramatiquement sec ces temps, la température est bien plus élevée que la normale). Nous avons pu voir les hélicos puiser de l'eau dans la rivière Athabasca puis passer au-dessus de nous en direction du feu, et les deux mecs s'exclamaient: "woow, that's aaaawsome, dude!" J'étais morte de rire. C'était tellement cliché! Pour compléter le tableau, ils ont très naturellement sorti de la weed et ont commencé à se rouler un joint. J'ai ainsi appris (ce que j'avais déjà pu constater) que le cannabis était socialement très bien accepté ici. Même les flics ferment les yeux, paraît-il. Le Canada est apparemment le pays où l'on consomme le plus de cannabis dans le monde, et la Colombie-Britannique ferait plus d'argent avec l'herbe qu'avec toute autre industrie... L'un des deux types venait d'Ottawa (en Ontario, donc, ouest du Québec), et j'ai appris que la moitié des habitants de cette ville parlent français. Lui-même le parle pas trop mal. Bon sang, quelle bizarrerie à mes oreilles d'Européenne! Il parlait français avec un accent américain, mais son français était évidemment le français nord-américain: il avait donc un mélange d'accents franco-ontarien (quasiment québécois) et américain. Impossible à décrire...et un peu perturbant. Une partie de moi avait envie de le corriger: ce son-là, on ne le prononce pas vraiment comme ça, cette expression n'est pas tout à fait juste... Sauf qu'il parlait très bien, il s'agissait simplement d'un autre français que le mien. Cela signifie que même après avoir passé six semaines au Québec, je ne me suis pas encore tout à fait détachée de l'idée erronnée que le français du Québec est une variante de notre bon français européen. J'ai beau savoir que leur prononciation est tout aussi pertinente que la nôtre (que les nôtres), il m'est difficile, tout au fond de moi, de réellement intégrer cette idée. C'est con, ça pue le vieux colonialisme... Quoi qu'il en soit, j'aurais voulu parler plus longtemps avec ce type, rien que pour le plaisir d'entendre ce nouveau mélange inédit pour moi.

Ils m'ont laissée à l'info center de Jasper, et j'ai pris de là un shuttle pour l'auberge dans laquelle j'avais réussi à réserver deux nuits, située à 7 km de la ville. Bonne ambiance. Mais ce matin au réveil, j'ai découvert toutes les toilettes remplies de pisse: plus d'eau! En fait, le système d'alimentation en eau dépend directement de l'approvisionnement en électricité, et un orage avait endommagé les lignes pendant la nuit. Du coup amoncellement de vaisselle sale et de déjections, absence de lumière et panne du frigo. Ça n'a heureusement pas duré trop longtemps, juste de quoi nous rappeler que la petite ville, petite, est située au beau milieu d'un parc national (ce qui est rare), et que l'auberge, qui en est éloignée, se trouve vraiment en plein dans la nature.

Ci-dessous, en gare de Jasper.


Il fait moche, je ne vais donc pas faire de rafting comme prévu. Peut-être juste encore une ou deux balades, et demain je pars pour Vancouver. Fini les Rockies! J'y serais bien restée plus, malgré les prix exhorbitants...

5 commentaires:

Amélie a dit…

Ahhh superbe blog, superbes textes,c'est plutot toi qui me filerais des complexes!!! Pas de chance, tu ne peux pas dire du mal de nous, tu sais qu'on va lire tes articles ;)
Contente de voir que tu es bien arrivee a Jasper, et que les petites galeres de voyageuse continuent!!
Nous, on repart demain pour Thunder Bay...

Unknown a dit…

Coucou!!
Juste un ptit message pour te dire que...
...J'AI EU MA LICENCE!!!!!!

Nath a dit…

Amélie: ouais, c'est pas de chance, vraiment...tu peux pas savoir comme je me retiens de dire du mal de vous! ;)
Thunder Bay? Je me souviens y être passée...loin dans l'est!

MC: OUAAAHH! Bravo! Enfin! Tu dois être sacrément soulagée. Youhouhou! Je fais la fête avec toi en pensées.

Elise a dit…

J'ai laissé un autre commentaire sur le post plus bas (à la suite de mon texte en gros), mais pour ne pas perdre le fil je viens ici aussi.

Eh oui, les Rocheuses vont sacrément te manquer, mais tu vas au devant d'autres merveilles, d'autres rencontres, d'autres aventures, alors réjouis-toi et profite du moment présent (en faisant attention à ton sac mdr !).

Anonyme a dit…

J'suis jalouse, moi aussi j'voudrais parcourir le monde!!! Trop drôle les deux canadiens et leurs "woow, that's aaaawsome, dude!"...tellement cliché mais apparemment pas tant que ça!

Le post de Marie-Claire m'a fait pensé que j'ai ma date de soutenance, enfin! Ce sera pour le 11 septembre...j'espère que c'est pas mauvais signe! ;-) Vivement que ce soit fini!
Bisous

Qui suis-je?

Ma photo
Genève, Genève, Switzerland