dimanche 17 août 2008

Lake Louise et environs

Le site déconne, nous sommes le 18 et non le 17...
J'ai quitté Banff avant-avant-hier pour Lake Louise, à une soixantaine de kilomètres. Lake Louise, c'est évidemment le nom d'un lac (sans blague), mais c'est aussi comme ça que s'appelle la petite bourgade attenante, qui ne sert en fait que de point de chute pour touristes fortunés en mal de nature. Je suis partie en ne sachant pas si j'aurais un toit pour la nuit, étant donné que la région est extrêmement touristique et que le camping n'accepte pas de réservations pour le jour même. Je m'étais donc déjà résignée, prête à reprendre un bus en direction de Vancouver si nécessaire; mais j'ai rencontré deux filles dans le bus, les ai accompagnées à l'auberge, où elles avaient une réservation, et ai réussi, contre toute attente, à obtenir un lit pour trois nuits. "You are one lucky girl!", m'a dit la réceptionniste, et c'est vraiment l'impression que j'ai ces temps. Je suis partie à l'arrache, sans savoir ce qui m'attendait, et en quelques heures j'avais deux nouvelles copines dans un lieu magnifique et une auberge géniale. Hanna est allemande, Amélie française, et toutes deux voyagent au Canada, faisant le trajet inverse au mien, en attendant d'aller étudier un an à l'université anglophone de Sherbrooke, au sud de Montréal. Ces deux-là me filent des complexes: toutes deux parlent parfaitement anglais, et Hanna maîtrise en plus très bien le français. Autant dire qu'il est bien trop facile pour moi de ne pas parler un mot d'anglais...

Le soir, feu de camp, trois guitares et vingt chanteurs. Bon sang ce que j'aime cette ambiance! Les classiques Beatles, un peu de Cabrel, Damien Rice et même une chanson en kiwi néozélandais. C'est fou le nombre de gens que l'on découvre capables de gratter quelques notes... Vieux souvenirs de camps de vacances et grosse envie d'enfin empoigner ma guitare comme il se doit. J'ai également découvert qu'Amélie chante de très belles chansons, qu'elle compose elle-même. C'est déjà la deuxième chanteuse de talent que je rencontre durant ce voyage, j'espère que ça continuera. Pour les curieux (et les ingénieurs en glandouillage...), voici le lien de sa page myspace:
http://www.myspace.com/amlieb



Nous nous sommes couchées relativement tôt, puisque nous devions nous lever pour marcher le lendemain; malheureusement, une fille complètement ivre est rentrée à 1h du matin dans ma petite chambre à quatre lit. Aux aguets, j'ai tout de suite senti qu'elle était complètement torchée, et j'en ai eu la confirmation quand elle a dégueulé, loooonguement et bruyemment, dans les toilettes toutes proches et fort mal insonorisées. J'adore. Elle a ensuite eu toutes les peines du monde à remonter dans son lit, situé au-dessus du mien, puis est redescendue en catastrophe pour continuer à vomir.... C'était la toute première fois que la promiscuité de la nuit en dortoir me dérangeait vraiment. Déranger est un faible mot, j'avais juste envie de partir en courant.

Le lendemain, nous sommes parties avec Marie-Claude, une Montréalaise, pour Moraine Lake, tout près de Lake Louise, et là, nous avons fait une magnifique randonnée de 4 heures, jusqu'à la Valley of the ten peeks, qui culmine à 2600 mètres. J'ai écrit l'autre jour que je ne croyais pas que Lake Louise soit bien haut, je me trompais! En fait, le lac est déjà à 1500 mètres, et le lac Moraine, 300 mètres plus haut. J'ai donc grimpé de 700 mètres. Lorsqu'on est dans la vallée, on n'a vraiment pas l'impression d'être aussi haut, nous qui sommes habitués aux vallées valaisannes. Pourtant si, et ça fait quand même une différence quand il s'agit de grimper. C'est mine de rien plus difficile au-delà de 2000 mètres!
Nous devions impérativement être 4 ou plus, à cause des grizzlis qui ont été signalés dans la région ces derniers temps. En effet, ces ours énormes, bien qu'habituellement végétariens, peuvent être très dangereux s'ils sont surpris ou s'ils ont vraiment faim. On reçoit toutes sortes de consignes, assez flippantes: faites du bruit, pour que l'ours vous entende venir et puisse vous éviter; si vous vous trouvez face à un ours, parlez-lui pour qu'il puisse vous différencier d'un animal, mais ne le regardez pas dans les yeux; s'il vous charge parce qu'il a peur, faites le mort sur le ventre en protégeant votre nuque, et écartez les jambes pour qu''il ne puisse pas vous retourner; si par contre il s'agit d'une attaque offensive, faites du bruit, faites face mais n'essayez pas de courir, il est bien plus rapide. Ces conseils sont bien gentils, mais les filles ont entendu parler d'un couple qui s'était fait manger par un ours parce qu'ils avaient fait les morts, donc comment savoir si l'ours est juste effrayé ou s'il veut vraiment bouffer...? Bon, il y avait de toute façon beaucoup de monde sur le chemin, nous ne risquions pas grand chose. D'autant qu'Amélie portait en permanence sur elle une bombe anti-ours au poivre! Certaines personnes se promènent avec des grelots pour faire du bruit, c'est assez rigolo. Pas d'ours ce jour-là, quoi qu'il en soit, dommage.

Vous remarquerez que c'est aussi écrit en français; en fait, toutes les institutions étatiques canadiennes, comme en l'occurence Parcs Canada, ont l'obligation de traduire leurs textes. Un âpre combat gagné par les Québécois, et une loi qui énerve un peu les Canadiens anglophones, qui estiment qu'ils font beaucoup d'effort pour les Québécois alors qu'eux ne traduisent pas leurs panneaux en anglais.
Le lac Moraine, laiteux...


C'est la vue que nous avions au sommet de Sentinel Pass, de l'autre côté.
On comprend pourquoi ces montagnes s'appellent Rocheuses...
Le lac Moraine, et sa surface d'un bleu irréel. Et encore, je trouve que la photo ne lui rend pas justice. En fait, il est opaque parce que ses eaux proviennent directement d'un glacier, et sont chargées de fines particules de roche.

D'abord nous avons marché dans un environnement de sapins de Douglas, puis le paysage est devenu très rocheux, sans plus aucune plante, à peine quelques lichens. Mais même au sommet, il y avait plein de ces petits chipmunks, que les Québécois nomment "suisses", et qui ne sont absolument pas peureux. Il est interdit de les nourrir, parce qu'ils s'habitueraient au contact humain et ne feraient plus d'effort pour trouver leur nourriture. Et une fois l'hiver venu, quand les touristes ne seront plus là, ces ptites bêtes mourraient de faim...


Après une bonne nuit sans bruit de vomi, rebelotte hier, avec une Allemande à la place de la Montréalaise. Depuis le lac Louise, direction Plain of the six glaciers. Nous nous sommes retrouvées réellement sur des moraines glaciaires, c'était vertigineux et magnifique. On pouvait entendre, de temps en temps, le glacier Victoria, tout proche, craquer en faisant un bruit de tonnerre. Petit arrêt dans ce qu'ils nomment une tea house, qui sert en fait des mets assez américanisés. Il s'agit d'un typique chalet suisse, dans lequel les employés ne peuvent accéder qu'à pied et où ils passent la semaine avant de redescendre. Et l'architecture est réellement suisse; cela remonte à la fin du XIXème s., quand la région a importé des guides de haute montagne de chez nous. Pas de fondue après l'effort, malheureusement...
Comme si cette petite grimpette à 2200 mètres (nous sommes parties de 1500m.) ne suffisait pas, nous avons continué jusqu'à unpoint de vue vertigineux sur le lac Agnes, d'un bleu aussi irréel que les lacs Moraine et Louise. Deuxième stop, bien mérité, dans une teahouse, et retour à la maison après plus de 6 heures de rando. Et vous savez quoi? J'ai une condition physique tout à fait acceptable, même à 2500 mètres. Et j'ai découvert que j'adorais marcher, même quand ça monte. A mon retour (si retour il y a...), hors de question que je retourne à mon petit train-train sans explorer la Suisse!Le lac Louise




Sur la crête d'une moraine glaciaire.



Arrivés en haut, posées sur une pente caillouteuse et casse-gueule, nous avions vue sur le glacier Victoria, ci-dessus, d'un côté, et sur le lac Louise, ci-dessous, de l'autre.
Admirez les belles crevasses... Il s'agit de glace recouverte de terre et de cailloux.

Ci-dessous, notre pote Smartie le chipmunk. il a visiblement déjà été nourri par l'homme, parce qu'il nous a collées pendant une demi-heure, venant quand on l'appelait, montant sur nous.





Agnes teahouse, près du lac du même nom.



Le lac Louise. Si vous cliquez pour agrandir, vous verrez des sortes de moucherons à la surface de l'eau: ce sont des canoés. Le bâtiment au bout du lac est un immondissime hôtel de luxe, et on croise pas mal de femmes en Louis Vuitton dans le coin...mais heureusement pas sur les sentiers de rando.




En parlant de retour, d'ailleurs... Plus je voyage, plus je rencontre des gens de tous horizons, plus je me rends compte que rien ne m'oblige à commencer mes deux ans de formation d'enseignante en 2009-10. Pourquoi ne pas voyager encore une année? Au cours de ces quelques semaines de voyage, j'ai fait la connaissance de beaucoup de gens souvent plus jeunes que moi qui ont déjà une grande expérience du voyage et parlent plusieurs langues. Quand je me compare à eux, je regrette de ne pas avoir décidé de me bouger plus tôt. Je faisais quoi, à 20 ans, 21, 22? Je me laissais vivre, avec des oeillères et une grosse flemme. Je ne peux même pas dire que j'aie vraiment profité de mes années d'études, j'ai l'impression de ne rien avoir appris. Alors je me rattrape, maintenant qu'il n'est pas encore trop tard. Evidemment, il se peut que dans 10 mois j'aie envie de simplement me poser à Genève... Mais pour le moment, je réfléchis très sérieusement à ce que je veux faire l'année prochaine, et un schéma en deux ou trois parties se dessine pour le moment: d'abord, 4 ou 6 mois en Australie, avec un Permis Vacances Travail, sac au dos, couch surfing et petits jobs; puis éventuellement 4 mois de volontariat dans un pays d'Asie, à étudier; et enfin 4 ou 6 mois (selon si volontariat ou non) en Islande (mais pourrais-je y trouver du boulot...?). Il y a aussi l'envie de faire un stage dans un organisme culturel hispanique ou francophone à l'étranger... Bref, j'ai le cerveau en ébullition, et j'aurai probablement le temps de changer vingt fois d'idée avant juin. C'est que chaque nouvelle rencontre est enrichissante et me confronte à mes envies et à mes attentes... D'un autre côté, le voyage que j'accomplis en ce moment se fait totalement dans la détente et dans la spontanéité. Je refuse de stresser, de regretter de ne pouvoir aller ici ou là et de me prendre la tête si quelque chose ne se passe pas comme prévu ou si je prends du retard sur mon planning. Au stade où j'en suis, je pense d'ailleurs descendre directement de Vancouver à San Francisco, puis les parcs nationaux, et zou au Mexique. Je verrai très peu des States, mais c'est pas grave.

Aujourd'hui, je vais laisser mes nouvelles copines (avec qui je commençais enfin à parler anglais, c'est con) et me diriger vers Jasper, à deux heures au nord. J'y vais en stop, parce que je veux m'arrêter au Columbia Icefield, sur la route. Encore de belles photos en perspective...

10 commentaires:

Gautier a dit…

L'ingénieur en glandouille va aller voir ça ;-). Au fait tu l'as fait exprès de rater ton bus...car comme ça tu as l'impression de vivre vraiment une aventure non?
Aller n'oublie pas que c'est toujours l'ours qui va gagner même si tu appliques tous les bons conseils des gens derrière leurs bureaux.
Bisous

Anonyme a dit…

Je VEUX un chipmunk !!

Sandra a dit…

Vraiment magnifique ces Rocheuses, ça donne envie d'y être pour randonner des jours et des jours!!!
Mais maintenant tu es fichée... Blaise a bien retenu que tu as dit que tu adorais marcher. Donc dès ton retour tu sera inclue d'office aux randonnées en Suisse qu'il organisera ;o)

Elise a dit…

Magnifique !
Ta prose est vraiment très agréable à lire. Ca donne envie d'y être et en même temps, on ressens bien ce que tu vis. Un vrai récit de voyage digne des plus grands voyageurs !

Je zappe le passge flip avec/sans sac... J'imagine trop bien l'angoisse, oups !

Et ces lacs de montagne, j'aime beaucoup. Ils ont toujours un bleu spécial, à cause de tout les gravats qu'ils charrient, ce qui donne cette teinte bleue-grise-turquoise. Rien à envier aux mers du sud !

Je retiens également que tu aimes marcher, c'est sûr que cela entraîne non seulement le corps, mais aussi l'âme (j'ai écrit pour le prochain (septembre) bulletin de la paroisse, dont je suis rédactrice responsable, un petit texte sur la marche en montagne, justement, si ton adresse mail marche et si tu la lis, je te l'envoie volontiers en primeur, je ne vais pas le copier/coller ici, à moins que ce soit plus simple pour toi et digne d'intérêt pour tes fans. Dis-moi ce que tu préfères. On a bcp marché avec Olivier cet été, surtout dans le val d'Anniviers (st-Luc en hauteurs) et c'est vrai que c'est particulier, un sentiment de plénitude à chaque fois tellement le panorama est beau. J'imagine que les Rocheuses, c'est autre chose que les Alpes, ça donne vraiment envie en tout cas... Mais tu verras en rentrant, la Suisse est super pour toutes sortes de randonnées, on habite un vraiment beau pays. Si ça te dit, on se mettra en route ensemble.

Quant à ton envie de prolonger ton voyage comme tu le dis dans ton article, je pense qu'elle est légitime et normale. Ce serait une autre sorte de trip, mais tout aussi enrichissant. J'aurais bien voulu faire de l'humanitaire, mais voilà... "Chacun sa route, chacun son chemin...", comme chante Tonton David je crois. Si tu te sens pousser des ailes pour continuer qqs mois, vas-y, car tu n'en auras plus l'opportunité ensuite avec un job, des enfants, etc...

Et comme Isa, moi aussi, je veux un chipmunk (si tu peux en ramener 2 (un couple, tant qu'à faire, comme ça on en aura encore plus !) dans ton sac ...) !!!!

Bises !

Nath a dit…

Gautier: nan, je t'assure que je n'ai aps fait exprès d'oublier mon sac; mais il est vrai que je me disais sans cesse: "bon, au moins ça me fera qqch à raconter, allez, je verrai sûrement ça d'une manière positive plus tard..."

Isa: c'est bon, j'ai chopé un chipmunk et je l'ai mis dans un paquet à la poste pour toi. Pareil pour Elise! Reste plus qu'à espérer qu'ils survivent...

Elise: je lirai volontiers ton article! Envoie-le où tu veux, ici ou sur mon mail, pour moi c'est pareil. Je ne sais pas si les autres le liront ou pas...

Sandra: pas de problème, tu peux dire à Blaise qu'il me compte comme membre dès mon retour. Le problème est bien entendu que je risque de ne rester que deux mois à Genève, donc 10 jours de vélo avec toi et quelques jours avec Marie (rencontrée en Gaspésie( dans le sud de la France...

Nath a dit…

je voulais dire dont, pas donc...bref, on a pigé.

Elise a dit…

Alors voilà l'article. Comme c'est destiné à publication, pas de souci pour le mettre ici. Le lira qui veut :-). C'est en primeur (publication officielle prévue mi-septembre), mais personne des habitués du bulletin de la paroisse n'ira le dégotter là, donc pas de problème ! Bonne lecture !

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- C’est encore loin, Grand-Schtroumpf ?
- Non, mais c’est haut !
Que l’on soit marcheur du dimanche ou randonneur chevronné, il est rare de partir sur un sentier de montagne sans but. Et par définition, un but, en montagne, c’est haut. Souvent, le but, on le voit depuis assez bas. Ce n’est pas si loin, non, mais qu’est-ce que c’est haut ! Que ce soit la cabane Hörnli, première étape de l’ascension du Cervin et dernière des « touristes des cimes », la cabane Rambert au-dessus d’Ovronnaz ou le sommet de la Bella Tola dans le val d’Anniviers, tous ces buts « se voient » tout au long du chemin, mais on a toujours l’impression qu’ils reculent au fur et à mesure qu’on avance, qu’on transpire et qu’on s’essouffle…

Sac au dos, chaussures de marche aux pieds et motivé plus que jamais, c’est ainsi qu’on se lance, tôt le matin, à l’ascension du but choisi. Pas à pas, on découvre la nature qui se réveille, une famille de marmottes par là, des oiseaux qui tournoient par ici, les belles fleurs des champs, les ruisseaux frais au son si enchanteur… On laisse alors divaguer son esprit sur les beautés d’une Création qui est don. Au fil de la montée, les arbres se font plus rares, l’air se rafraîchit, le souffle devient plus court. Une pause s’impose. Quelques gorgées d’eau et une barre chocolatée redonnent des forces et du courage pour continuer.

Parfois, on aura choisi d’être emmenés par un guide, surtout si l’on connaît mal la montagne ou le lieu de la randonnée. Il faudra alors garder le rythme, mais le premier de cordée saura se montrer patient et compréhensif, encourageant les moins entraînés. Pour lui, partager la passion de la montagne et ses beautés fait partie de son travail ; amener au sommet ses clients est une réussite et une grande satisfaction.

Le chemin devient escarpé, vertigineux, plus étroit par endroits. On doute de nos capacités à arriver au bout, nos jambes tremblent, mais ce serait vraiment dommage de s’arrêter là. Soudain, le panorama s’ouvre, les sommets environnants semblent être à notre portée. Vue époustouflante. On se sent tout petit dans l’immensité du monde. Encore quelques lacets à flanc de montagne et nous aurons enfin atteint notre but. On regarde le chemin parcouru. Quelle joie et quelle fierté d’y être arrivé !

Pratiquer la randonnée entraîne non seulement notre physique, mais aussi notre mental. Au fil de la marche, la pensée épouse le rythme sûr du pas à pas. L’itinérance est une sortie de soi, de nos lieux habituels, de nos mentalités, pour nous mettre en marche vers l’ailleurs, vers les autres, vers l’Autre. Souvenons-nous d’Abraham, qui a tout quitté pour s’engager vers un avenir inconnu en terre de Canaan avec pour seul bagage le risque de la foi. N’oublions pas non plus Moïse, choisi par Dieu pour faire sortir le peuple juif d’Egypte, pour le libérer de la servitude. L’Exode, c’est la concrétisation de la promesse de Dieu faite à Abraham, c’est l’expérience du salut dans l’histoire humaine, c’est une mise en route vers l’espérance.

Le sentier de montagne, c’est comme la vie. On se fixe des buts à atteindre, on met tout en œuvre pour y arriver, on est parfois découragé, on se demande si la voie empruntée est la bonne, si on va réussir à passer par-dessus les embûches, si le but n’est pas trop élevé, trop lointain. Les détours et les haltes du voyage nous font découvrir d’autres merveilles, nous permettent de rencontrer d’autres personnes, nous font grandir intérieurement. Si l’on s’attarde à la moindre perte d’équilibre, à la moindre envie de rebrousser chemin et de revenir à la sécurité d’ « avant », d’ « en bas », c’est la chute assurée dans le ravin. Mais si l’on regarde avec confiance vers le haut, vers l’avenir, on trouvera en soi-même la force de continuer. Serions-nous ce que nous sommes aujourd’hui si nous n’avions pas pris, délibérément ou malencontreusement, ces chemins de traverse ? Naître enfin à ce qui est prend souvent beaucoup plus de temps qu’escompté au départ, car toute naissance est une séparation, un exode, une marche en avant. C’est « risquer un détour par ce qui interroge »*.

EC/"Les Colonnes de Saint-Pierre", août 08

* la citation est de Francine Carrillo, pasteure de l'Eglise protestante de Genève, dans son petit ouvrage "Vers l'inépuisable" en p. 77

Nath a dit…

Elise: Très intéressant, ton texte. J'adhère domplétement...sauf pour le mot "Création", qui me pose un peu problème, vu que j'ai bien plus la foi en Darwin! Enfin, ça ne change pas grand chose au sens général de tes propos. Ca donne des envies d'Alpes, en tout cas!

Elise a dit…

Ta ta ta, moi aussi je crois en Darwin, ce qui n'empêche pas de voir le monde comme création de qqch qui nous échappe, d'envisager le "pourquoi" du monde ! "Création" ne signifie pas la création du monde en 6 jours, argh !!! Cela ouvre plutôt sur des questions métaphysiques que la philo ou la théologie se posent (et auxquelles elles ne répondent pas forcément ;-) ). Mais là n'est pas le propos central de mon texte ;-).

Anonyme a dit…

Te reverra-t-on un jour à Genève?
C'est fou, j'ai l'impression qu'à ta place j'aurais aussi envie de parcourir le monde sans jamais m'arrêter, c'est génial que tu aies plein d'envies et de projets même s'ils changent en cours de route.
Tu verras bien où le vent te mènera!
Profite à fond pour moi! Je vis par procuration en te lisant!! ;-)
Bisous

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Genève, Genève, Switzerland