jeudi 11 septembre 2008

San Francisco

Je suis donc arrivée à San Francisco dans la nuit de lundi à mardi, à 2h du matin. Je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais par rapport à mon auberge, et il n'y avait aucun taxi à l'horizon; je suis donc tout simplement allée demander au chauffeur d'un des bus de ville qui attendaient non loin. Celui-ci m'a indiqué où je devais descendre et changer de bus, et j'ai atterri, à en juger par les caractères indéchiffrables sur chaque façade, non loin du quartier chinois. Quelques centaines de mètres à marcher dans les rues peuplées de marginaux bon enfant, et je suis arrivée à mon auberge. Pas très agréable de débarquer en pleine nuit dans une ville, et surtout dans un dortoir où sont endormies une dizaine d'autres personnes...
Le lendemain matin, j'ai quitté cette auberge, qui avait l'air très routarde, pour une autre, un peu plus loin; en effet, la première n'avait été qu'une roue de secours puisque je n'avais pas prévu d'arriver aussi tôt en ville. Pas de Chinatown, cette fois-ci, mais des rues un peu sales, des gens de toutes les couleurs qui s'interpellent en plusieurs langues, et souvent des "hey, Beautiful" et autres "hi, Gorgeous" qui fusent sur mon passage: la HI City Center est située en bordure de Tenderloin, le quartier chaud de SF. De jour, on peut y voir de nombreux clochards, et de nuit les putes et les toxicos sortent... Bon, je ne suis pas en plein dedans, et je ne compte pas m'y aventurer après le coucher du soleil, ce voisinage ne me dérange donc pas du tout.

A San Francisco, je savais, comme tout le monde, qu'il y avait: des rues en pente, des vieux trams, des homos et un grand pont. Eh bien j'ai effectivement vu tout ça, et plein d'autres choses aussi. Voici déjà les rues en pente:



Et un vieux tram:
Le système de tramways date du XIXe s., et il fonctionne par traction au sol, non pas avec des antennes comme ceux de chez nous. C'est apparemment le plus vieux du genre encore en activité, et les San Franciscains en sont très fiers. Les véhicules sont tout petits, et ne se conduisent que dans un sens; il faut donc les faire pivoter lorsqu'ils arrivent au terminus, pour qu'ils puissent repartir dans l'autre sens. C'est cette opération que vous pouvez voir sur la photo ci-dessus. Par contre, il y a toujours des centaines de touristes faisant la queue aux stations des terminus, de quoi me décourager à tester ces engins.

Outre les trams, les homos, les pentes et le Golden Gate, j'ai été surprise de découvrir beaucoup de clochards, encore plus qu'à Vancouver. Ils ne se cachent pas, fouillent les poubelles en plein jour, même dans les quartiers du centre ville. J'ai été assez choquée de voir une femme, boire nonchalamment le fond d'une bouteille de soda cradingue et remettre celle-ci dans la poubelle d'où elle l'avait sortie... Et, surtout, beaucoup de gens ici dont complètement camés et/ou tarés. Grande première pour moi, j'ai vu des Chinois fous dans Chinatown. Vous savez, les fous qui parlent tout seuls dans la rue, comme la dame des Bastions? Ben là, une petite Chinoise en colère gueulait des trucs en Mandarin (à moins que ce ne fût en Cantonais, allez savoir), tandis qu'un type un peu plus loin faisait des bulles avec sa salive. Rien de bien original, vous me direz; n'empêche, je n'avais jamais vu des Chinois faire ça, c'est exotique pour moi, voilà tout! En parlant des Chinois, je suis contente d'avoir fréquenté tous ces Chinatown à Montréal, NY, Vancouver et SF, parce que j'ai maintenant acquis une certitude: je ne VEUX PAS passer plusieurs mois en Chine et apprendre le mandarin! (Bonne nouvelle, Maman, non?) Les Chinois m'arrivent tous auy épaules, leur langue n'est pas belle, eux ne sont pas beaux non plus, ils avancent super lentement et leurs quartiers exhalent des odeurs inconnues. Bel exemple d'ouverture d'esprit, Nath, n'est-ce pas... :)
Bref, j'en étais à parler des fous et des gens louches. Un chauffeur de taxi m'a expliqué que la ville dépensait beaucoup d'argent pour cette catégorie de personnes, pas assez cependant pour les prendre en charge de manière correcte, mais suffisamment pour qu'ils puissent s'acheter leurs drogues. Les tarés sont donc pour la plupart des drogués, telle, sans doute, cette femme qui est venue vers moi, les yeux fous, en répétant: "I'm dead... I'm dead... I'm dead...". Outre ces gens, on trouve beaucoup de gens simplement bizarres, marginaux, lookés d'une façon originale, ou qui parlent tout seuls.


J'ai passé plusieurs jours à simplement me balader, seule, dans la ville. Il faut dire qu'avant d'aller voir le Golden Gate, j'avais pas mal de choses à faire: trouver British Airways pour changer la date de mon vol (c'est fait, j'atterris le 24 juin à midi), m'acheter des tongs et de la crème solaire malgré le temps peu engageant, trouver une papeterie dans l'espoir de dénicher, enfin, une fountain pen... Comme de bien entendu, je n'ai non seulement pas trouvé la plume qui me fait si cruellement défaut depuis des semaines, mais j'ai dû en plus me taper une heure de marche pour rien dans les banlieues crados de la ville. Ouééé.

J'ai l'impression de ne pas avoir vraiment profité de San Francisco. Cela est dû au fait que j'ai passé la plupart de mes journées entièrement seule, d'une part, et d'autre part à ce que je n'ai pas vraiment fait l'effort d'aller vers les lieux à découvrir. Il faut dire que je ne voyage pas forcément pour faire du tourisme forcené, plutôt pour me laisser vivre à mon rythme, comme j'en ai envie; du coup tant pis si je manque des choses.

Vendredi, Rodrigo est arrivé en ville après être passé par Bryce, Zion, le Grand Canyon et Sequoia Parc, et m'a assuré que j'allais pleurer tellement c'est beau. Nous sommes allés nous balader dans Castro, LE quartier gay de la ville, voire même du monde. Historiquement, c'est en effet ici qu'a émergé le mouvement de revendication homosexuelle dans les années 70, et ce quartier est depuis un lieu de tolérance et d'ouverture, la Mecque des gays du monde. Un rainbow flag géant flotte au-dessus de la station de métro, et on voit partout, partout, partout des couples d'hommes (plus rarement de femmes) se tenir par la main et s'embrasser. Nous sommes allées manger une pizza, puis boire un verre au célèbre Café Flore, qui n'a rien d'existentialiste comme son célèbre homonyme parisien, mais est ici le plus connu des bars gays. Curieusement, il n'y avait pas beaucoup de monde...bizarre pour un vendredi soir dans un quartier réputé pour son esprit libertaire et festif. Nous avons quand même pu observer les gens, et je me suis un peu entraînée à reconnaître les homos. Bon, c'est facile, dans ce quartier tout le monde ou presque est gay, je n'avais que peu de chances de me tromper. "Regarde...celui-là, il est pédé", disais-je triomphalement à Rodrigo de temps à autre. "Ah ben oui, c'est une folle, ça crève les yeux", me répondait-il avait un haussement d'épaules. Trop facile. "Bon, mais lui il n'est pas homo...non?", ai-je tenté une ou deux fois, alors que nous croisions des types qui ne me paraissaient pas trop maniérés. "Lui? Si si.", me répondait alors Rodrigo. Bref, je me sentais un peu à part! C'est en tout cas un quartier assez fascinant, le soir sort la faune bigarrée des travelos, des lesbiennes et des gays fashion.


Le lendemain, nous nous sommes promenés dans la ville, et sommes retournés à Castro le soir venu. C'est nettement plus animé le samedi, et nous avons eu droit à tout un défilé d'homos de tous genres. Rodrigo m'a donné un cours sur le milieu gay; j'ai ainsi appris qu'il existait toutes sortes de catégories de personnes: les bears, habituellement barbus et portés sur le cuir, les folles, les "normaux" ("juste pédés, quoi..."), et que plusieurs de ces groupes ont leur propre drapeau, leurs bars, leurs habitudes. Alors que nous cherchions un endroit où aller faire pipi (pour changer...), Rodrigo m'a fait remarquer que le Starbucks vers lequel nous nous dirigions était le domaine des bears...il y avait plein de gros types poilus, en effet. Rodrigo m'a aussi parlé de certains codes qui régissent le milieu; ainsi un bandana attaché à telle ou telle partie du corps peut signifier différentes choses: je suis plutôt actif, passif, célibataire, maso... J'ai aussi appris que la faune changeait sensiblement d'un lieu à l'autre; ainsi, les gays américains sont en général plus musclés et virils que leurs homologues européens.
Après être allés boire un verre dans un bar rempli de folles habillés en fille, nous avons bougé dans une sorte de boîte/bar. Ici, quelques filles seulement, visiblement pas du même bord que moi, au milieu de la foule exclusivement gay. Rodrigo et moi nous sommes contentés de regarder les gens, les jaugeant, rarement d'accord sur la beauté d'un mec. Alors que nous étions simplement posés, une fille est venue vers nous et m'a directement proposé un verre. "Eh...no, thanks, I'm tired, I think I'm leaving soon...", ai-je répondu. Elle a un peu insisté, un sourire aguicheur aux lèvres: même pas un verre d'eau...? Euh non non, vraiment... Quand elle est finalement partie, Rodrigo m'a félicitée: je venais de me faire draguer, pour la première fois de ma vie, par une gonzesse! Expérience assez étrange, je dois dire... Cette fille était plutôt belle, elle avait un beau sourire enjôleur. J'ai déjà eu l'occasion de voir ce genre de filles en action, les hétéros, bien sûr, et j'ai évidemment moi-même déjà eu l'occasion de me comporter de cette façon; sauf que là, j'étais la proie! Rien que pour ça, ça valait le détour.

Sinon, j'ai visité le SFMOMA, le musée d'art moderne - expos de photos intéressantes et un truc sur Frida Kahlo - et ai pris ces photos ensuite en face du musée.



Geary street
Des biscuits...


Dimanche, Rodrigo et moi avons loué des vélos pour "bike the bridge", comme ils disent. Le Golden Gate est beau, mais bon...c'est un pont, quoi. Impressionnant surtout quand on roule dessus, dans un vent à décorner les boeufs. De l'autre côté, c'est Sausalito, un très joli quartier bourge où nous nous sommes posés un moment. Ensuite, retour par le ferry, plein à craquer de milliers de touristes à vélo. Lorsque nous sommes finalement arrivés au magasin de location, après une petite montée, nous avons été accueillis par des hurlements de joie et des applaudissements: "Yeeeaaaah, you did it! You're here, you biked the bridge, congratulations!" Ce qui a fait dire à Rodrigo: "Ils sont vraiment tous allumés, dans cette ville...". Je crois que c'est effectivement ce qui me restera de San Francisco!

Voici le pont...

Un des pilliers vu d'en bas






Et finalement, spéciale dédicace pour Sandra! Ici, ils ont des Lindors à la menthe et au beurre de cacahuète, et c'est dégueu. (Non non, je n'ai pas goûté, d'abord, j'ai juste...euh...c'est quelqu'un qui me l'a dit...)

3 commentaires:

Sandra a dit…

Coucou,
C'est drôle de voir tes photos et de te lire, et de penser qu'on a vu une même contrée lointaine (certes à plusieurs années d'intervalle).
On a comme un souvenir commun pas commun ;o)

Et, je suis fière de toi!!! Tu n'as pas touché aux Lindor, alors que franchement tu aurais pu...ça faisait plus de deux mois que tu avais quitté le pays du chocolat, alors tu aurais pu te jeter frénétiquement sur ces délicieuses petites boules, et en plus y'avait des nouvelles saveurs à tester, mais tu as résisté! Bravo ! ;o)

Moi, je vais bientôt commencer à péter un plomb avec l'enseignement et la formation. Donc tu peux t'attendre à tout moment à ce que je débarque dans ton voyage ;o)
Non, bon, je vais essayer de m'abstenir...
Mais l'autre jour, j'ai eu mon premier coup de blues. Voilà, désolée de m'épancher ici, je t'écris bientôt en mail perso

++

Nath a dit…

Ben..euh...en fait, je ne mérite pas que tu sois fière de moi...c'était une blague, pour les Lindor, je les ai quand même un tout tout petit peu goûtés (ils sont moins bons que chez nous)...mais c'est pas de ma faute, c'est Rodrigo qui m'a entraîné, je n'ai pas pu résister! Pis en plus, je me DEVAIS de manger quelques boules pour faire honneur à cette amitié, que nous avons de si nombreuses fois scellée par ces délicieux chocolats!

Pas taper! :(

Sinon, ouais, c'est effectivement bizarre de se dire qu'on est allées exactement aux mêmes endroits de cette petite Terre, mais qu'entre ton passage et le mien les saisons se sont écoulées, les animaux sont morts, puis nés, puis morts à nouveau... (très poétique, je sais).

Pour ton coup de blues, ben je comprends parfaitement. Cette nuit j'ai fait un cauchemar: c'était la rentrée, je voulais partir d'un bon pied avec ma classe, je leur demandais d'une voix ferme de sortir leurs affaires, mais rien ne se passait. J'avais beau insister, taper du pied, crier, les élèves s'en foutaient... Hum, mon inconscient travaille, faut croire. Ptêtre bien que finalement je finirai Garde-Forestière ou Chamane... ;-)
Allez, tiens le coup!

Anonyme a dit…

Ah ah! J'en étais sûre, tu as goûter aux délicieux Lindor saveurs étranges...tu es tjs fidèle à toi-même et ça fait plaisir à lire! J'ai ri quand tu sous-entendais implicitement que tu y avais goûté! :-)
T'étais en plein dans les "Chroniques de SF" du coup pendant qqs jours, as-tu croisé qqs personnages des livres?

Y'avait ton nom dans la Tribune l'autre jour et aussi celui de Sandra bien sûr puisqu'il y avait la liste des licenciés du mois de juin, perso je vais devoir attendre encore un peu, j'me demande quand est la cérémonie.
Gros becs!

Qui suis-je?

Ma photo
Genève, Genève, Switzerland