mercredi 10 septembre 2008

Re-Vancouver + On the road dans le far ouest + Yellowstone + Du parc à Salt Lake City

Merci de me laisser un commentaire si vous arrivez à lire ce message!

Oui, je sais, ce message est particulièrement long. Mais ne le zappez pas, il en vaut la peine! Je l'ai divisé en quatre parties distinctes, vous pouvez ainsi le lire en quatre fois au lieu d'une, c'est plus facile! Courage, vous allez y arriver! Et n'hésitez pas à cliquer sur les photos pour les agrandir, ainsi qu'à me laisser des commentaires, histoire que je n'aie pas l'impression d'écrire dans le vide... :-)

A Vancouver, j'ai passé la journée de mardi à faire des allers et retours entre l'appartement de Destinee, rempli de backpackers, et le centre-ville, où j'ai retrouvé Mariano et Lorena, qui logeaient à l'auberge, ainsi que Rodrigo, que j'avais rencontré à NY début août. Pour mémoire, celui-ci est Genevois, - c'est le frère de ma copine Constansa - mais il habite en ce moment à NY pour quelques mois. Il a réussi à extorquer trois semaines de vacances à sa boîte et se fait un trip parcs américains, et le hasard a fait que nos itinéraires coïncident en partie: il partait pour Yellowstone le lendemain et m'a proposé de m'y emmener. J'avais prévu de rester une nuit de plus à Vancouver pour profiter de l'ambiance de l'appart, puis de prendre le Greyhound jusqu'à la petite ville de West Yellowstone, 34 heures de route. Enorme et cher, mais j'ai fait pire entre Montréal et Banff. Mais une fois tous les calculs effectués, Rodrigo s'était rendu compte que faire la route en voiture de location prenait moitié moins de temps et revenait moins cher que le bus; j'ai donc accepté d'embarquer avec lui, d'autant qu'il est toujours plus sympa de voyager à deux.

Nous avons vu Mariano (sans Lorena, qui était malade), puis je suis rentrée chez Destinee. Celle-ci avait envie de pizza et d'un gâteau, nous sommes donc parties acheter tout ça chez le Chinois du coin et nous sommes partagé les frais. Leur choix de tourtes glacées est impressionnant! La composition ne diffère pas tellement d'un gâteau à l'autre (goût pas terrible), mais le motif de décoration varie à l'infini. Nous avons choisi celui-ci, ci-dessous, que Destinee a décrété être mon gâteau d'anni, même sans bougies, et même quatre jours plus tard.

A peine arrivée, il me fallait redescendre en ville, j'avais rendez-vous avec Rodrigo, Lorena et Mariano. J'aurais voulu me dédoubler, pour pouvoir à la fois y aller et rester passer la soirée avec ceux de l'appartement... Trop de gens à voir d'un coup. C'est bête, il faudrait pouvoir thésauriser les amis pour en avoir toujours un sous la main quand on est seul. Ca ne se passe malheureusement pas comme ça: parfois j'en ai presque trop, parfois je suis toute seule. J'ai donc passé la soirée avec les trois hispanophones, et ai eu le plaisir d'entendre parler castillan avec trois différents accents: mexicain, espagnol, chilien. Lequel préféré-je? Mmmh...pour l'instant difficile à dire. Je me reposerai la question dans dix mois! Nous avons passé pas mal de temps à évoquer les différences de vocabulaire selon les pays, et c'est extrêmement intéressant pour moi qui ai appris un espagnol standasdisé. Ainsi, « voiture » se dit différemment dans les trois pays: « coche » en Espagne, « carro » au Mexique, « auto » au Chili.

J'ai finalement dit au revoir à regret au petit couple, ai donné rendez-vous à Rodrigo pour le lendemain matin, et suis rentrée passer ma dernière nuit sur le sol de l'appartement de Destinee.


ON THE ROAD DANS LE FAR OUEST:

Pour des raisons de prix, Rodrigo avait loué une voiture à Seattle; c'est donc pour cette destination que nous avons pris le Greyhound. Le passage à la douane s'est fait tout en douceur: au lieu des emmerdements que je prévoyais, le douanier ne m'a presque pas posé de questions et m'a laissée passer avec un « have fun » bien sympathique. Quelques heures plus tard, Rodrigo et moi récupérions la voiture au Hilton et partions nous perdre à pied dans le centre de Seattle. Dans mon imaginaire, Seattle c'était la pluie; ben non, il faisait grand beau. Par contre, le downtown ressemble à tous les downtowns américains, rien de particulier si ce n'est que ces cons ne sont pas foutus d'afficher clairement le nom des rues. Nous voulions visiter un peu avant de mettre le cap au sud-est, mais nous avons perdu un temps fou à chercher 1) un magasin d'alimentation et 2) une boutique de fringues bon marché pour m'acheter un pull. Ils ont de grands centres commerciauxs remplis de toutes sortes de magasins, mais impossible de dégoter de la nourriture qui ne soit pas de la junk food toute prête! Aux USA, il ne semble pas y avoir d'équivalent à nos migros et coop, c'est assez l'enfer.

Deux photos des rues de Seattle:



Nous avons donc fichu le camp de Seattle, direction West Yellowstone...à l'ouest du parc national de Yellowstone. 1400 km de road trip à l'américaine! Nous avons d'abord traversé l' « Evergreen state », c'est-à-dire l'état de Washington. Eh bien oui, au sud de Seattle il est très vert, nous avons traversé une belle région montagneuse pleine de cônifères. Nous sommes passés par le Rainier National Park, où nous avons pu admirer le beau volcan Rainier, qui culmine à 14000 pieds (4000 et quelques mètres) et est recouvert de neiges éternelles, puis nous avons abrubtement débouché dans une vallée plus verte du tout. Incroyable, le contraste avec la montagne! Le paysage est devenu d'un coup semi-désertique. Justement quand Rodrigo me disait que tout lui rappelait le Mexique, nous nous sommes aperçu que les seules stations de radios que nous captions correctement étaient mexicaines. Les petites villes que nous traversions portaient également des noms hispaniques, les employés des stations services avaient des têtes de Mexicains, les fast foods vendaient des tacos et des burritos... Nous nous sommes arrêtés dans l'un de ces endroits pour grignoter, et nous sommes naturellement adressés à la fille du comptoir en espagnol. Celle-ci a paru intriguée par nos accents respectifs et par le fait que nous parlions français entre nous, et nous a demandé d'où nous venions. Ouah, l'Europe! Elle était complètement fascinée. Elel a voulu savoir combien de langues je parlais et a ouvert de grands yeux quand je lui ai répondu que je me demmerdais en anglais et en espagnol, et qu'en plus je comprenais un peu d'allemand. Elle était partie dans ses rêves: « Ca doit être tellement bien de voyager... ». Je lui ai assuré qu'elle pouvait le faire, qu'elle n'avait pas forcément besoin d'argent pour ça, mais elle m'a répondu qu'elle n'était jamais sortie d' « ici ». Ici? La petite ville paumée au milieu du désert?? Je ne sais pas, mais en tout cas elle semblait penser que le voyage est réservé à une élite prestigieuse. J'aurais voulu lui expliquer que chacun peut voyager, même à quelques km, selon ses moyens, mais bon, nos tacoc refroidissaient et nous avions encore une longue route à faire.

Nous avons encore roulé quelques centaines de kilomètres dans cette région étrange, et durant quelques minutes j'ai réellement oublié que je n'étais pas au Mexique. Entre le paysage, la musique « ranchera » (je déteste) et les discussions que j'avais avec Rodrigo sur l'Amérique latine, on s'y serait cru.

Nous nous sommes finalement arrêtés pour passer la nuit dans un motel de Prosser, petit bled perdu au milieu de nulle part, et avons pu constater que l'unique policier du coin était fort aimable: il nous a d'abord arrfêtés parce que Rodrigo louvoyait au milieu de la route, puis nous a indiqué où choper du wifi quand il a eu compris que nous étions des touristes. Ambiance far west, en tout cas.

Le lendemain, nous sommes entrés en Oregon. Ici aussi, tout était semi-désertique, mais la radio diffusait enfin dec la musique américaine, histoire de nous aider à réaliser que nous étions en train de parcourir le grand ouest sauvage. Le petit resto au milieu de nulle part où nous nous sommes arrêtés pour manger faisait typiquemetn far ouest, un peu genre « Bagdad café ». L'accent était aussi un peu plus marqué ici, mais je dois dire que ça reste compréhensible.

Plus tard, nous sommes passés en Idaho, toujours dans un paysage de canyons et de collines sèches.

Nous avons commencé à monter, monter, la température a fraîchi, le paysage a changé, et après 12 heures de conduite, nous sommes enfin arrivés, de nuit, en vue de West Yellowstone, principale porte d'entrée du parc. Sur la route obscure, Rodrigo a dû arracher les pneus sur 50 mètres en plantant les freins pour éviter une biche arrêtée au milieu de la chaussée, éblouie par les phares. Bienvenue à Yellowstone, là où les voitures ne sont pas prioritaires!


YELLOWSTONE

Dans le village, nous avons dégoté un motel pas cher du tout tenu par une petite vieille à moitié aveugle et croupissant au milieu de l'odeur de pisse de ses sept chats. Le lendemain, nous nous sommes levés tôt pour constater que la voiture était couverte de givre: dans la région, à 2200 mètres d'altitude en moyenne, c'est déjà l'automne. Nous avions l'intention de passer les nuits suivantes dans l'un des campings du parc, où il faut arriver très tôt pour obtenir un emplacement, mais il est rapidement devenu évident que nous aurions vraiment, vraiment très froid. Nous avons donc décidé que nous ressortirions pour dormir à nouveau en ville, même si ça fait moins « nature sauvage ». Et nous avons eu raison: il a fait -3 degrés la nuit...

Nous avons passé deux jours à visiter le parc, en voiture; c'est court, mais nous avons pu voir toutes les attractions principales et même marcher un petit peu. Pour ceux qui ne le savent pas, Yellowstone concentre, sur une superficie de la taille de la Corse, le plus exhaustif et impressionnant ensemble de manifestations volcaniques et géothermiques. Geysers, sources chaudes, marmites de boue bouillonnantes... Je connaissais déjà l'Islande, je savais donc à quoi m'attendre; mais Yellowstone, c'est l'Islande puissance 10. Par contre, ici pas de coulées de lave pétrifiée, mais beaucoup de forêt de cônifères, brûlées à 30 % par un gigantesque incendie en 88, des sommets rocheux, une rivière, de belles chutes d'eau et un grand canyon jaunâtre, et tout plein d'animaux: écureuils et petits tamias par milliers (souvent écrasés sur la route), des pélicans, des canards, des cygnes, de grands troupeaux de bisons, des élans, des cerfs, des ours, des coyotes et des loups. Nous avons beaucoup roulé, avons exploré tous les emplacements où se manifestent les forces gigantesques de la terre (ouais, je sais, ça fait mystique, mais c'est exactement ça!), et force est de constater que ce parc est très bein foutu: la route passe toujours près des sites d'importance, et il y a des passerelles en bois pour circuler au milieu des zones géothermales. Il y a également de nombreux panneaux d'explication, décrivant chaque phénomène. Nous avons ainsi appris que le parc est en fait un immense volcan, ayant explosé il y a 630 000 ans; le centre en est la caldera, et sa croute est si fine à cet endroit que le magma affleure et permet le chauffage de l'eau de pluie qui s'infiltre.

Voici les photos, des geysers d'abord:


A Yellowstone sont concentrés les deux-tiers des geysers de la planète, soit environ 400. Certains explosent régulièrement, tel l'Old Faithful, nommé ainsi parce qu'on peut prévoir très précisément ses éruptions, toutes les heures, tandis que d'autres ne jaillissent qu'une à deux fois par jour, quand ce n'est pas une fois par semaine. Certains sont carrément inprédictibles, il faut être chanceux pour assister à une de leurs éruptions. Certains geysers jaillissent régulièrement, pendant une à 45 minutes, tandis que d'autres crachent un jet intermittent; enfin, ce jet peut être plus ou moins haut, et avoir une forme plus ou moins évasée selon le type de geysers. Nous n'avons pas vu beaucoup d'éruptions, sinon au loin, un jet de vapeur tout à coup plus grand, alors que nous roulions.

Voici l'Old Faithful, le geyser le plus connu au monde...un peu décevant. Mais évidemment, voir cette eau qui jaillit sous pression est toujours très impressionnant, et les photos de geysers ne traduisent pas la puissance du phénomènre...



Celui-ci, ci-dessous, s'appelle "Great Fountain Geyser", et c'est de loin notre préféré. Nous l'avons vu deux fois en éruption, la première fois au coucher du soleil, puis encore une fois le lendemain.

L'eau qui jaillit contient des minéraux qu'elle a dissous et qu'elle redépose en surface en se refroidissant. Ces minéraux forment ainsi des concrétions, donnant au geyser sa forme. Les silicates se déposent extrêmement lentement, environ un pouce par centaine d'années, tandis que les calcites ont un rythme beaucoup plus soutenu; on peut ainsi estimer l'âge des geysers selon leur taille, et certains sont vieux de dizaines de milliers d'années.

A certains endroits du parc, les minéraux se sont déposés en concrétions qui forment des sortes de terrasses, et c'est absolument splendide:





Ci-dessous, deux "marmites de boue" bouillonnantes.



Une source déssechée.

Je ne me souviens plus du processus chimique exact (Greg, tes lumières, stp), mais cette eau bouillante chargée en soufre et en minéraux héberge un très riche substrat bactérien. Chaque espèce de bactérie vit à une température différente, et possède une couleur différente, selon la façon dont elles utilisent l'énergie solaire et l'oxygène; les alentours des sources varient ainsi du bleu profond là où l'eau est la plus chaude, au jaune brunâtre aux endroits où l'eau s'est refroidie, en passant par divers degrés de vert et d'orange.












L'incendie de 88 a ravagé une bonne partie du parc, mais de jeunes arbres repoussent partout. Les rangers n'ont rien touché, ils n'ont ni enlevé les arbres morts, ni replanté de nouvelles pousses. L'incendie est un processus naturel qui contribue à la santé à long terme de tout l'écosystème, en permettant à de nouvelles espèces de se faire une place au soleil, et en enrichissant le sol.

Par contre, je ne retrouve pas les photos que je voulais mettre ici...

On voit aussi des arbres morts dans les zones thermales, mais ceux-ci ont péri à cause de la chaleur du sol. En augmentant brusquement lors d'un épisode géothermique, celle-ci a littéralement cuit leurs racines dans la terre. On observe également des arbres tués par l'eau bouillante projetée par certaines grosses explosions de geysers.



Cet arbre est un séquoia ayant vécu il y a des millions d'années, à l'époque ou la région, bien plus chaude que maintenant, hébergeait une forêt de ces arbres. Une inondation d'eau chargée en calcium l'a submergé et lui a constitué un squelette minéral, le pétrifiant à tout jamais.


Nous avons vu de nombreux troupeaux de bisons, comme celui-ci. Il est formellement interdit de s'approcher trop près des animaux, qui peuvent charger sans prévenir alors même qu'ils semblaient paisibles, et chaque année des visiteurs sont blessés et des voitures abîmées; mais bon, il faut bien admettre qu'il était très tentant de prendre ces photos...


Juste quand nous regardions ces mâles se battres, un geyser a jailli derrière nous. Magnifique.



Nous avons également pu voir plusieurs élans et cerfs, posés tranquillement au milieu des villages.


Egalement un ours aperçu de loin, et des carcasses d'on ne sait quoi à moitié mangées par on ne sait qui. J'ai pris des photos (bon app), mais je ne les retrouve plus...

Voici quelques paysages:






Enfin, nous nous sommes amusés à prendre en photo les plaques des voitures venant de différents états (et nous sommes fait mettre en garde par un mec qui prétendait qu'on pourrait avoir des emmerdes...). En voici quelques unes que je trouve assez jolies:


DU PARC A SALT LAKE CITY

Après une denière éruption du Fountain geyser, nous avons pris la route du sud dimanche matin, en passant par le parc Grand Teton: c'est le nom que des explorateurs français ont donné à des montagnes au XIXe s. Plutôt joli, des montagnes et de la forêt.


Nous avons passé la journée à traverser le Wyoming, surnommé le « Cowboys state »; pas de cowboys à l'horizon, mais de grands troupeaux, des ranches et des chevaux.

Ici, ils tripent sur les arches constituées de bois de cerfs:


Au milieu de nulle part, nous sommes tombés sur ce panneau:


Des immigrants français sont apparemment passés par là!

Et tout près, nous sommes tombés sur...devinez! Mais oui, un micro bled, plutôt un hameau, nommé Geneva!


Nous nous sommes arrêtés au cimetière et avons examinlé les tombes à la recherche d'éventuels ancêtres et parentés, mais n'avons trouvé quasiment que des noms germanophones: beaucoup de Widmer...et je ne me souviens plus des autres. Une dame était là, qui montrait la tombe de son ancêtre à sa famille. Nous étions du vrai Genèce, ouah! Elle était impressionnée. Son arrière-arrière-grand-père, un Teuscher, était arrivé de Berne à la fin du XIXe siècle. Elle nous a expliqué que tous ces gens étaient Allemands ou Suisses et qu'ils étaient venus fonder une communauté mormone dans la région, et qu'il y avait également une ville nommée Bern dans les environs. Bon, mais si aucune de ces familles n'était genevoise, pourquoi avoir appelé ce lieu Geneva? Sans doute en référence à Calvin, comme c'est le cas pour les 12 autres Geneva des USA. Après tout, les mormons dérivent du protestantisme, non? Quoi qu'il en soit, c'était assez surréaliste et agréable de retrouver notre ville d'origine au milieu du désert...


Nous avons encore roulé un bon moment dans ce pays sec et chaud, et avons finalement débarqué en Utah et à Salt Lake City, royaume des Mormons, alors que le soleil se couchait sur la ville dans un ciel sans aucun nuage. Ici, c'est le désert, et la température, même le soir, était étouffante. Un sacré changement après les montagnes de Yellowstone! Je n'avais pas prévu de passer par là, mais c'est sur le chemin de Rodrigo, qui continue directment sur le Grand Canyon; moi j'ai bifurqué sur San Francisco. Ma foi, je n'y ai passé qu'une nuit, mais c'est une ville très intéressante. Ici, tout, absolument tou est bâti et organisé autour du Temple, sorte d'énorme château au milieu de la ville. Temple Square est le quartier de l'Eglise, et ça en jette: tous les bâtiments sont immenses et magnifiques. La ville en elle-même est très propre et vraiment agréable: c'est que l'Eglise mormone est richissime.

Le Routard donne des explications très précises dur les Mormons; en résumé (Elise me reprendra si je me goure):

Un illuminé de l'Illinois, Joseph Smith, a parlé à Dieu à plusieurs reprises aux environs de 1840 (je ne me souviens plus de la date exacte), et Celui-ci lui a révélé l'existance de dix tables d'or (ça sent le Moîse à plein nez...). Machin les a trouvées, et a réussi à les déchiffrer grâce à des pierres divines ou je ne sais quoi. Il a écrit le Livre de Mormon, sous la dictée de Dieu (euh...suis plus bien sûre de ça, mais on s'en tape), largement inspiré de la Bible, et a fondé sa secte, the Church of Jesus Christ of the latter-days Saints. Ils ont eu des emmerdes, notamment parce qu'ils prônaient la polygamie, et un des disciples de Smith a finalement emmené tout le monde dans un périple de plus d'un an à travers les plaines de l'ouest, jusqu'au moment o!u le type eut une illumination et sut qu'il devait fonder sa ville près d'un grand lac salé: Salt Lake était née. De nos jours, la polygamie a été interdite, mais certains dissidents continuent à avoir plusieurs femmes. La raison en est simple: il faut faire le plus d'enfants possible, telle est la mission du bon Mormon. Pourquoi? Parce qui'l faut bien fournir des corps aux innombrables âmes qui attendent leur réincarnation, là-haut au Paradis...


Le lendemain matin, nous avons juste eu le temps d'aller visiter une petite partie de la Library, vaste bibliothèque (sans blague) où sont entreposés les archives des Mormons. Ceux-ci possèdent une énorme banque de données généalogique, et n'importe qui peut y rechercher des informations sur ses ancêtres. Ils ont un site internet plutôt bien foutu, et ils mettent à disposition des dizaines d'ordinateurs à la bibliothèque. Nous sommes entrés pour jeter un coup d'oeil, et deux jeunes filles portant bas sombre et chemisette blanche sont venues nous aider. Rodrigo papotait avec une Argentine, tandis que la mienne s'appelait Choi et venait de Hong Kong. J'ai tenté de trouver des gens de ma famille, mais ça n'a pas donné grand chose, et je n'ai pas poussé plus loin, bien qu'il existe plusieurs bases de données et plusieurs moyens de recherche. Rodrigo a facilement retrouvé ses ancêtres, jusqu'en 1886 date à laquelle son arrière-arrière-grand-père (c'est juste?) a émigré de Croatie au Chili. De nombreuses infos sont disponibles, des dates de mariage et de morts, des actes de naissance sur microfilm...très intéressant. Si les Mormons font autant de recherches généalogiques, c'est qu'ils cherchent à baptiser les mots. Saugrenu, certes, mais c'est qu'ils pensent que seul le baptême complet à leur manière permet aux humains de ne pas encourir la damnation éternelle. Ainsi, des milliards de personnes ont eu le malheur de mourir sans avoir été baptisées c'est un drame! Ils organisent donc régulièrement des baptêmes lors desquels une personne vivante endosse l'identité d'un mort le temps d'une immersion dans les fonts baptismaux. Théoriquement, ils doivent avoir le consentement des descendants des morts pour baptiser ceux-ci, mais il paraît que c'est beaucoup plus souple dans la pratique. Du coup j'ai peut-être un ancêtre mormon, qui sait! J'ai discuté un moment avec Choi, et elle m'a raconté que sa mère s'était convertie au mormonisme après sa rencontre avec un missionnaire quand elle-même avait deux ans, mais que son père n'était pas Mormon. Choi a économisé pendant deux ans pour pouvoir partir en mission, à ses frais. Les jeunes filles partent 18 mois, les garçons deux ans, dans un lieu qui est tiré au sort. Quand Choi a reçu le courrier de l'Eglise, elle a sauté de joie en apprenant qu'elle serait affectée à Salt Lake, le Mecque des Mormons. Du coup maintenant elle parle un anglais à peu près compréhensible et trouve fantastique de pouvoir communiquer avec les gens dans ce lieu si fabuleux où elle rencontre des gens venant de partout dans le monde. Je lui ai dit que je trouvais Temple Square très beau et impressionnant, mais que je ne croyais pas en Dieu, et elle m'a répondu que nous étions nombreux dans ce cas à venir visiter le quartier, mais que les touristes ne la dérangeaient pas, au contraire. Ils sont missionnaires, m'a-t-elle dit, mais ils respectent les croyances des autres et sont ouverts d'esprit. Elle s'extasiait sur tout ce que je disais: « You have a sister, ooooh, that's great, she must be beautiful!! », sans même parler de mon voyage, qui lui est apparu comme une entreprise proprement fantastique. Lorsque nous sommes partis, Rodrigo et moi sommes tombés d'accord pour dire que tous ces gens nageaient dans la béatitude. Impressionnant! Du coup nous sommes restés et nous sommes convertis...nan, je déconne. On a quand même gardé une once d'esprit critique!

J'en garderai le souvenir d'une ville très belle et détendue, mais trop parfaite pour y vivre. Les Mormons passent même des films de propagande mettant en scène des familles heureuses, on croit rêver...

J'ai passé 15 heures dans le bus pour San Francisco, et là aussi j'ai cru rêver: impossible, bien sûr, de trouver quoi que ce soit d'un peu healthy dans les endroits où nous nous arrêtions, mais par contre chaque petit magasin possédait sa zone de machines à sous, parfois assez énorme! Nous avons d'ailleurs fait une rapide escale à Reno ("...I shot a man in Reno just to watch him die", Folsom brison blues, Johnny Cash, j'ai évidemment écouté la chanson à ce moment-là), et ma foi j'ai vu les casinos et les enseignes lumineuses, je n'ai pas besoin d'aller faire un saut à Vegas.

Aucun touriste dans le bus, que des Américains...je me suis un peu demandé ce que je foutais là, au milieu de la nuit. Je suis arrivée exténuée à SF à deux heures du matin, dans la nuit de lundi à mardi, et...la suite bientôt!


4 commentaires:

Sandra a dit…

Que de choses à raconter !! Il semble que tu aies fait un véritable marathon (en voiture) :o)
Les photos sont magnifiques et effectivement le camping est plutôt difficile en septembre dans les parcs (enfin pas tous, Yosemite est ok si je me souviens bien) : je me souviendrai toujours de cette nuit passé ds la tente alors qu'il faisait 0 degré... J'ai pleuré de froid.

Vivement la suite, on voyage avec toi !!!

Bisous


Et petite nouvelle qui va t'attrister : la discothèque "La Suite" en bas de la rue Voltaire n'existe plus. Nous ne saurons jamais quel degré de "glauquitude" cet endroit renfermait ;o)

Nath a dit…

La Suite n'existe plus?? Oooooh ben non, alors :(

Anonyme a dit…

Incroyable tous ces km que tu fais sur la route avec Rodrigo! On dirait que tu traverses le continent entier à chaque fois! J'adorerais voir ces parcs, tes photos donnent trop envie. Ces paysages font rêver, il me tarde d'y aller à mon tour un jour!
Ces virées en voiture me font aussi rêver, j'me suis toujours imaginée au volant d'une voiture sur les routes désertes des états américains, à écouter de la musique à pleins tubes et à admirer le paysage...j'espère qu'un jour ça se réalisera!
En tout cas, continue à nous mettre des photos parce que sans ça on n'arriverait pas à se rendre vraiment compte de ce que tu vois, même si tu décris tout de manière très détaillée! :-)

Gros becs et vive le club des licenciées ès Lettres!!!Youhouuuuuuuuuuuuu!!

Elise a dit…

Helloooo !!

Bon, j'ai tout lu, mais pas tout retenu (sans blague !)....

Belles photos, ça c'est indéniable. Ca donne franchement envie, surtout qu'ici, c'est 12 degrés et pluie, qui dit 12 degrés et pluis dit... rhume, snif, snurf, atttchaa.......

Concerannt les Mormons, je ne suis pas au fait de cette secte,. je savais juste l'histoire de la polygamie et de la généalogie. D'ailleurs, ton oncle Pierre a passé des heures chez eux ici à genève, ils sont vers l'aéroport, car ils ont bcp bcp de renseignements sur microfilms et ça l'a beaucoup aidé dans ses recherches sur la famille. Donc tu dois bien y être qq part... IL m'a dit qu'en tout cas quand tu viens regarder léeur fiches, ils sont très respectueux et n'essaient effectivement pas de t'embrigader dans leurs trips, ça c'est chapeau, car la plupart des sectes font du prosélytisme à fond. Donc ils respectent les croyances des gens, c'est un bon point ! L'autre bon point, à mon avis, c'est qu'ils se soucient du salut de nos âmes, qu'on soit croyant ou pas, au moins qqn s'en occupe, c'est cool, dans un sens !! Si ça peut les rendre béats et sympas et qu'ils ne font pas de mal aux autres, pourquoi pas hein... Pas comme les extrémistes islamistes, au moins.

Bonne continuation, et une pensée, stp, pr les gens qui reprennent, à 30 ans, le chemin de l'Uni demain :-) !!! Biz.

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