Zion

Avant de commencer, je dois dire que les photos que j'ai faites sont plutôt ratées. La plupart ont été surexposées, toujours la faute à mon objectif, ou peut-être à l'appareil (sûrement pas à la photographe...). Toujours est-il que j'ai essayé de les retoucher en groupe, mais le résultat n'est pas convaincant. Bref, gardez à l'esprit que le canyon est encore beaucoup plus beau que ce que vous voyez!Dimanche matin, j'ai quitté le motel assez tard, un peu mal à l'aise au milieu de tous les employés indiens. L'entrée de Zion n'était qu'à quelques miles; le temps de parquer ma voiture hors du parc et de me diriger vers le visitor center, il était midi, sous un soleil de plomb. Voici un panneau qui est placé près de l'entrée du centre:

Ceux que l'architecture et/ou l'écologie intéresse peuvent cliquer sur l'image pour agrandir et lire les explications, fort intéressantes, sur la manière dont la bâtisse a été construite. En 2000, les autorités du parc ont décidé que la pollution, ça suffisait; elles ont ainsi construit toutes leurs structures de manière à ce qu'elles dépensent le moins d'énergie possible, et elles ont interdit les voitures jusqu'au fond de la vallée, mettant en place un service de shuttles écologiques. Bravo.
Le Routard et le ranger qui m'a accueillie étaient tous deux formels: si j'avais envie de faire une bonne marche, qui me prendrait 3 à 4 heures, et si, surtout, je n'avais pas le vertige, je devais faire « Angels landing ». Le nom est beau, la balade l'est plus encore! Angels landing, c'est poétique, mais c'est surtout, au départ, religieux; c'est que je suis de retour au pays des Mormons! Eh oui, Zion est en Utah, comme Salt Lake City, que j'ai visitée il y a deux semaines. Tout l'Utah est en fait territoire mormon, et les paysages fantastiques qu'il recèle ont inspiré ces fous de Dieu. Quand ils sont arrivés dans ce canyon grandiose, les Mormons y ont, évidemment, vu l'empreinte de Dieu. Exilés, marginalisés, ils ont voulu y voir un idéal éthique et l'ont nommé Zion en référence au Sion de la Bible: pour eux, il s'agissait en effet de la terre promise. Tout a été nommé en conséquence: la rivière s'appelle « Virgin », il y a un pic nommé « Great White Throne », etc.

Le temps de me tartiner de crème indice 50 (Rodrigo m'a forcée à l'acheter...il m'a convertie malgré moi à la très haute protection), de vérifier que j'avais assez à boire, et je me suis lancée, en direction de cette piste d'atterrissage pour anges. Ca commence tout de suite par une montée assez raide: ben oui, on est au fond d'un canyon, il faut grimper si on veut avoir une vue intéressante. Au début, c'était raide et le soleil tapait fort, mais le chemin était aisément praticable. Ensuite, on passe dans un canyon agréablement ombragé, où poussent de nombreux arbres, dont la couleur verte offre un très beau contraste avec la roche rouge-orangé *.

C'est à la sortie de ce canyon que les choses sérieuses commencent: ici, plus de chemin, c'est la roche qu'on escalade. Les stries forment un escalier naturel, mais le chemin est tellement étroit et à pic que des chaînes sont disposées tout le long de la montée.

Le début est assez tranquille, pourtant, ça ressemble à ça:

Mais ensuite, c'est CA qui m'attendait. Regardez bien, vous verrez des petites silhouettes sur la crête...Vu d'en bas, c'est vraiment impressionnant, mais une fois qu'on est sur la montée, le chemin est moins étroit que ce qu'il paraît. Tout de même, un faux pas et c'est la chute dans le vide, si on ne se tient pas à la chaîne... Moi qui n'ai pas le vertige, j'ai adoré regarder dans le vide autour de moi, mais j'imagine que ce doit être un vrai cauchemar pour ceux qui en souffrent. Arrivé en haut, la vue est fabuleuse, on voit de tous les côtés. En voici un bout:


Et un autre:

En haut, le vent souffle et il fait un peu moins chaud que dans le canyon, on peut y faire une agréable pause pique-nique. Par contre, il y a toujours du monde, étant donné que c'est la plus belle randonnée du parc... Pas moyen de méditer sur la fragilité de l'être humain au milieu de tous ces gens qui se prennent en photo les uns les autres. Mais la présence de tous ces gens a du bon: tout au long du chemin, on croise ceux qui redescendent et vous disent: « You're nearly there! », puis au sommet: « Yeah, you made it! ». A la redescente, c'était ensuite à moi d'encourager ceux qui montaient. Ce genre de marche stimule le goût de l'effort en vue d'atteindre un but, pour pouvoir savourer ensuite le repos satisfait de qui a atteint un objectif. C'est tout con, mais c'est une recette qui marche.

Le temps de grignoter et de regarder un moment le paysage, grandiose, ainsi que les mini chipmunks qui courent partout, et j'étais déjà sur la descente.

Ci-dessous, le passage le plus étroit. A gauche et à droite de la portion de pierre rouge, ce que vous apercevez, c'est le vide. Les touffes d'arbres à gauche sont une dizaine de mètres plus bas.











Arrivée dans la vallée, j'ai pris le shuttle, ai écouté les explications du chauffeur à mesure que nous parcourions le canyon, puis je suis descendue faire une courte marche au « Weeping rock », le rocher qui suinte. L'eau de pluie qui tombe sur les hauts plateaux s'inflitre adns la roche poreuse; mais quand elle arrrive à l'endroit où la roche est trop compacte, elle se fraie un chemin vers l'extérieur et coule le long du rebord. Ainsi, de nombreuses plantes peuvent pousser à même la pierre, et c'est très bucolique.

Retour au visitor center, récupération de ma voiture, et j'ai retraversé la vallée pour ressortir du côté est, en direction de Bryce canyon, qui n'est qu'à deux heures de route.

J'ai beaucoup aimé ce parc et ses routes goudronnées de rouge, pour ne pas jurer avec le paysage. La rivière Virgin, verte, serpente joliment au milieu des arbres. Je me verrais bien posséder une petite maison dans la vallée, et me faire pousser des légumes dans ce paysages grandiose, tiens! Entre les parois de ce canyon, on se sent en sécurité et dans son petit (grand) chez-soi. Je comprends que les Mormons aient déposé leur baluchon ici... Et j'ai adoré grimpé sur Angels landing, je ne regrette pas d'avoir délaissé les sentiers de randonnée plats. Evidemment, il faudrait passer plus de temps dans ce parc, faire des randonnées de plusieurs jours dans la très grande partie nord-ouest, qui n'est que rarement visitée. Mais pour un premier aperçu, je suis pleinement satisfaite.