mardi 16 septembre 2008

Yosemite

Une dernière photo de SF, juste parce que je l'aime bien.


Lundi, je suis allée chercher ma voiture de location (qui va me coûter bien plus cher que prévu, gulp) et suis partie faire un dernier tour dans la ville avec Rodrigo. Je n'ai pas vraiment compris les règles de circulation en vigueur à San Francisco, j'étais donc un peu stressée au milieu de tous ces locaux qui conduisaient comme des tarés. Mais une fois l'engin maîtrisé, ce fut un vrai plaisir de dévaler les collines pentues comme des tobbogans.
Après avoir dit au revoir à Rodrigo, j'ai emprunté le Bay Bridge, un immense pont qui permet de sortir de la ville. Dès le départ, mon copilote m'a manqué: c'était nettement plus facile sur la route de Yellowstone il y a dix jours, quand Rodrigo me guidait. A la sortie de la ville, l'autoroute possède cinq voies, je vous laisse imaginer le bordel... J'ai malgré tout réussi à ne pas mourir et même à trouver mon chemin, me réhabituant à la conduite automatique (il y a au moins sept lettres différentes sur le boîtier de vitesses) et aux distances en miles. Après trois heures et demi de route, je suis arrivée, de nuit, dans une sympathique auberge de jeunesse paumée en pleine nature, à 45 minutes de l'entrée de Yosemite.

Le lendemain, direction le parc, ses montagnes, ses chutes d'eau et ses bestioles. Les beautés naturelles pour lesquelles Yosemite (que l'on prononce "Yossemiti") est réputé restent en effet assez classiques: ici, pas de sources fumantes ni d'odeurs de soufre comme à Yellowstone, et pas non plus de roche rougeâtre ou de formations géologiques étranges comme dans Zion, Bryce ou le Grand Canyon, que je vais voir bientôt. Non, ici les cailloux sont simplement gris, du bête granit comme on en a tous cassé quand on avait 5 ans (vous ne faisiez pas ça, vous?)...mais alors il faut voir la taille des cailloux en question! La vallée de Yosemite, au centre du parc, est une vallée glaciaire plutôt profonde. De part et d'autre de la rivière Merced, qui coule en son centre, s'élèvent de vertigineuses parois. Partout s'amoncèlent de gros blocs de pierre moussue, tombées de la montagne, et sous lesquels s'activent de nombreux écureuils, les joues souvent gonflées.
Ci-dessous, Vernal Fall, au sommet de laquelle je suis montée mardi. On y accède par 700 marches taillées dans la pierre au XIXe siècle, quand le parc a été ouvert. La chute est nettement plus spectaculaire au printemps, lors de la fonte des glaces; mais admirez les couleurs des strates verticales!


A ses pieds, un joli bassin.


La vue depuis le sommet:Vous noterez que le vent portait l'eau sur moi...

Un des nombreux écureuils. Ici on en voit de toutes sortes: des tout gris avec de grandes pattes arrières, des bruns, certains avec des queues touffues, d'autres plates. Celui-ci a une jolie couleur. Il était en train de fourrager partout pour trouver de la nourriture avant l'automne.








Mardi soir, j'ai fait la connaissance de Marvin, un Californien de 55 ans qui vient régulièrement dans la région. Nous avons commencé par parler de McCain et Obama, et Marvin me disait qu'il espérait farouchement que quelque chose allait enfin changer. Si McCain gagne, me disait-il, alors il ne sait pas ce qui va se passer, en particulier pour la planète... Marvin est un fervent adepte de la mobilité douce et m'a expliqué qu'il était très en colère contre le système autoroutier américain: ici, selon lui, tout est fait pour que la voiture soit la seule possibilité de déplacement. Lui est venu de son bled en train et en bus, deux trains et trois bus, en réalité. Il m'a appris que j'aurais pu faire la même chose depuis San Francisco mais, bien sûr, c'est compliqué et les touristes ne sont pas au courant. Quand je lui ai proposé de le conduire au parc le lendemain, il a refusé, arguant qu'il préférait donner ses dollars à la compagnie de bus pour qu'elle puisse continuer à exister. Du coup, je me suis sentie mal à l'aise, toute seule dans ma grande voiture qui pollue... Marvin m'a proposé de la laisser à l'auberge et de prendre le bus avec lui le lendemain, étant donné que de toute façon je devais la laisser sur le parking dans le parc et prendre les shuttles pour m'y déplacer; j'ai hésité...mais finalement ai quand même succombé au plaisir égoïste de la conduite de montagne, en chantant en plus à tue-tête (ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu un endroit rien qu'à moi pour faire ça!).

J'ai passé l'après-midi à marcher dans le fond de la vallée Yosemite, effectuant une boucle d'une vingtaine de kilomètres, à plat. C'est un itinéraire assez peu fréquenté, j'ai donc eu la chance d'être seule la plupart du temps. Par contre, le sentier est souvent proche de la route...difficile de se sentir en pleine nature. J'ai eu droit à des vues saisissantes sur les parois à-pic de la vallée, et suis passée au milieu d'arbres grandioses et de nombreux blocs de pierres, souvent fendu à cause de la chute vertigineuse qu'ils ont faite pour atterrir dans la vallée. Quand on voit la taille de ces machins, on se dit qu'on n'aimerait pas être là lorsque les suivants tomberont...
Après une ou deux heures de marche, alors que j'étais perdue dans mes pensées, j'ai soudain aperçu un ours au milieu du sentier, un peu plus loin. Je l'ai vu comme ça (cliquez, c'est la tache brune au milieu):


Ouah. Un ours. Et j'étais absolument seule. Après avoir eu la présence d'esprit de dégainer mon appareil photo, je me suis dit que je faisais mieux de revenir sur la route goudronnée, à 20 mètres de là, pour contourner la bestiole. Absurdement, je me disais que l'ours ne s'aventurerait pas sur ce territoire, celui de l'Homme...et je comptais sur les quelques voitures qui passaient pour lui foutre les jetons. Heureusement, le nounours a continué à vaquer à ses occupations comme si de rien n'était, mais je suis sûre qu'il m'avait repérée. Il était d'une très belle couleur fauve, et j'aurais bien voulu rester le regarder unoment, mais on m'avait assez répété au Canada que les ours sont absolument imprévisibles et peuvent devenir dangereux à tout moment. Un peu plus loin, j'ai croisé deux British qui m'ont dit que, d'après un ranger présent dans les parages, il y avait aussi un bébé dans un arbre. Bon, cela voulait dire que l'ours était une maman ourse, j'ai donc vraiment bien fait de ne pas rester sur son chemin. Je n'aurais pas donné cher de ma peau si d'aventure elle avait pensé que je menaçais sa progéniture... En tout cas, cet incident m'a donné à réfléchir: pourquoi n'y a-t-il pas ici des règles de promenade strictes, comme dans le parc de Banff, au Canada, où il fallait parfois être au moins quatre pour accéder à certains lieux? Ici, de nombreux panneaux insistent, comme dans les autres parcs, sur le fait que la vitesse sur les routes tue de nombreux ours, qu'il ne faut pas stocker de nourriture dans sa voiture sous peine de voir ses portières défoncées par ces charmantes bestiolles, et qu'il ne faut en aucun cas nourrir la faune; mais je n'ai pas vu d'avertissemenet concernant les ours sur les sentiers de randonnée. Bon, ce fut en tout cas un joli moment, étant donné qu'il ne m'est rien arrivé...

J'ai ensuite failli mourir de soif parce que j'avais bu toute ma réserve d'eau: je croyais que le symbole "toilettes", indiqué à mi-parcours sur mon plan, signifiait "toilettes avec lavabo et robinets", alors que non...j'aurais dû le savoir, la plupart des toilettes ici sont ces immondes trous puants qu'on appelle "toilettes sèches". Finalement, un type qui travaillait sur la route et à qui j'avais demandé où trouver de l'eau m'a gentiment passé la moitié de sa bouteille de Gatorade, ouf. Dommage, j'en étais presque à accepter stoïquement le trip "solitude & soif" qui s'offrait à moi...



Ci-dessous, c'est la falaise El Capitan, la plus haute du parc et de...euh peut-être du pays ou du continent, je ne sais plus trop. Comme ça, ça n'a l'air de rien, c'est parce que je l'ai prise en 18 mm: elle a l'air lointaine alors qu'elle était proche. Regardez le type, tout petit, à gauche du tronc d'arbre, pour avoir une idée de la taille du machin...et encore, il était loin de la falaise.Les arbres se balançaient doucement dans le vent, c'était très paisible.

Bon, ces deux-là sont un peu surexposées...et encore, jen 'ai pas mis les pires. Mon p**** d'objectif 18-55 surexpose une fois sur deux sans que je sache pourquoi.

Ci-dessous, le Half Dome, le symbole du parc. Il est arrondi d'un côté et abrupt de l'autre, mais les géologues expliquent qu'il n'y a jamais eu d'autre partie manquante. En fait, toutes les montagnes de la Sierra Nevada sont en granit, c'est-à-dire formés de magma qui a cristallisé sous terre en refroidissant. Peu à peu, il est remonté à la surface à cause de l'érosion, et du coup les formes extraordinaires que présentent les roches du parc sont dues au fait que la solidification a été assez rapide.


Demain matin (jeudi, donc), je repasse par Yosemite et ensuite je mets le cap au sud, direction Sequoia National Park, où se trouvent les plus vieux et les plus imposants arbres de la planète. Désolée, je n'arrive pas à trouver un plan d'ensemble des parcs nationaux pour vous aider à situer...

4 commentaires:

Unknown a dit…

Hey!Le premier commentaire sera de moi (pour une fois!),je viens de lire tes 3 derniers posts d'un coup,ptain le mal de crâne!je rigole...comme Sandra c'est un peu le blues,c'est qu'on bosse nous!Le rythme,se lever tous les jours,rentrer le soir,en plus maintenant fait froid,bon je vais arrêter de me plaindre!tes photos de SF sont cool, les geysers et tout le reste aussi d'ailleurs, pour SF pourtant ca casse un peu le mythe, tous ces alcoolos et drogués,c'est que je suis une trouillarde moi!!!et que j'ai l'image idyllique des "Chroniques de San Francisco"!Bref, je ne vais pas tarder à te rejoindre,non franchement j'y songe,pourquoi pas un petit trip en mars ou avril de l'année prochaine?Avant,ce sera difficile...Magali,elle,elle rentre pour les fêtes,tu pourrais faire pareil franchement!!!allez bisous

Lutinvengeur a dit…

Hello Nath. En regardant tes photos, je regrette un peu de ne pas avoir eu le temps de m'y rendre. Ce sera pour une prochaine fois. Merci pour ces explications détaillées sur la formation des montagnes du parc. Il est vrai que je n'ai pas eu trop le temps de m'informer.
Seulement sur la vallée de la mort et le pourquoi du comment des 50 degrés la journée.
Si tu veux des plans des parcs des USA, regarde ici: http://www.nps.gov/

Bonne continuation sur Séquoia.
Rodrigo

Anonyme a dit…

ton contre-plongée d'arbre... superbe...

et toi sur le sol avec l'appareil qui te prend tout seul many many cool...

@ ++ ma grosse...

Anakyn

Anonyme a dit…

Hey!
Ouah ces parcs, c'est le rêve! S'y balader seule ne me rassurerait pas trop parfois mais s'allonger sur le sol et admirer la cîme des arbres qui se courbe légèrement au gré du vent...ça donne envie de prendre un billet d'avion et de te rejoindre illico!
Vivement Sequoia National Park!

Sinon le vernissage de l'expo s'est super bien passé mercredi dernier, bcp de gens sont venus et je n'ai même pas eu le temps de toucher au buffet et à l'apéro tellement j'étais sollicitée de tous côtés...mais le principal c'est que tout le monde soit venu!

Je t'enverrai qqs photos de la disposition de mes photos pour que tu voies un peu à quoi ça ressemblait. J'ai pas pris de photos des gens au vernissage, j'aurais p't'être dû pour que tu te rendes compte du monde présent mais bon, c'est pas vraiment intéressant.
Gros becs! :-)

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